Robert Ménard dénonce la lâcheté des journalistes

mardi 18 octobre 2011

Un jeune journaliste qui défendrait le pluralisme ruinerait sa carrière. Sidérant, non ? C’est pourtant ce qu’a affirmé Robert Ménard ancien président de Reporters Sans Frontières lors de la 4e Journée de Réinformation de la Fondation Polémia. Voici les principaux points d’aspérité de son intervention tels que relevés sur Agora vox TV.

Polémia

 

L’intervention de Ménard est un peu longue, répétitive, mais une nouvelle fois saisissante : il décrit l’incroyable conformisme qui règne dans l’univers journalistique, et les représailles qui s’abattent sur les rares téméraires qui osent penser au-delà des limites fixées par la profession. Il précise bien que ce conformisme ne s’explique pas par la pression d’une quelconque oligarchie financière, mais par des mécanismes plus complexes (psychologiques).

Défendre le pluralisme : un suicide professionnel pour un jeune journaliste ?

Ménard ne fait que dire des banalités : il défend le pluralisme, le libre débat démocratique, il pense que chacun a le droit de s’exprimer et d’être contredit rationnellement... Mais il déconseille formellement à un jeune journaliste de 25-30 ans de tenir les mêmes propos que lui, car cela signerait son suicide professionnel. Sidérant : défendre le pluralisme - sans exclusive - serait donc devenu suicidaire dans les médias ! (voir à 27’’30) Sa propre émission de radio se voit boycottée par des politiques, qui ne supportent pas que certaines opinions puissent être émises et qui fuient le vrai débat. Ménard cible en particulier l’intolérance de la première secrétaire du Parti socialiste : « La pire dans la gauche aujourd’hui, c’est Martine Aubry. Martine Aubry, elle incarne un sectarisme invraisemblable. Vous avez moins de peine à avoir un communiste que Martine Aubry » (25’00).

« Tu nous le paieras ! »

En tant qu’ancien président de Reporters Sans Frontière, il se sent relativement protégé, même s’il a été viré de RTL pour certaines de ses prises de position. Ainsi, il s’est permis d’écrire dans un livre qu’il était contre la loi Gayssot, et en conséquence il a signé une pétition contre l’incarcération de Vincent Reynouard, tout en précisant qu’il combattait vigoureusement le révisionnisme. Il raconte que, suite à cela, des confrères sont venus le voir un matin pour lui dire : « Tu nous le paieras ». Un seul autre journaliste, Dominique Jamet, a osé signer cette pétition. Ménard estime encore que si un jeune journaliste avait signé la même pétition que lui, il aurait vu sa carrière stoppée sur-le-champ (voir à 1’31’’45).

« Le camp du bien »

Comme il le rappelle bien, donner la parole à tout le monde, en particulier à l’extrême droite (qui seule pose vraiment problème), ne signifie pas qu’on en partage les vues. Cette évidence n’est pas comprise par la majorité des journalistes, selon Ménard, qui considèrent que donner la parole, c’est déjà se compromettre. Sans arrêt il faut montrer patte blanche. La grande majorité des journalistes sont convaincus d’être dans le camp du Bien, et n’abordent pas les controverses idéologiques de manière rationnelle, mais en invoquant la morale ; ainsi, lorsque l’historien Bernard Lugan rend compte du conflit en Côte d’Ivoire en invoquant les différences entre ethnies, on ne se demande pas s’il a raison ou s’il a tort, mais on s’indigne et on interdit la question (et même, le plus souvent, on ne se la pose pas, et on ne l’imagine même pas).

« Les 100 ou 200 journalistes qui comptent »

Tout au long de son intervention, Ménard ne cesse de dire la même chose : les journalistes - en particulier les 100 ou 200 qui ont un réel poids sur l’opinion en France - sont souvent intelligents, mais n’ont en revanche aucun courage. Il cite l’exemple de Laurent Joffrin, patron du Nouvel Observateur, qu’il juge beaucoup plus intelligent et cultivé que lui, mais dont il fustige la très grande lâcheté.

Offrir un pluralisme maximal, dans les limites autorisées par le système

Si Ménard salue la liberté d’opinion que permet Internet, il ne considère pas pour autant que le Net constitue la solution, car il ne pèse encore que trop peu sur l’opinion publique. La bataille de la liberté doit aussi être menée dans les grands médias, ceux qui ont un fort pouvoir d’influence. C’est ce à quoi il s’emploie. Mais il prévient qu’il y a certaines limites à ne pas franchir si l’on veut continuer à exercer son métier : certains sujets ne doivent en aucun cas être abordés. Il se soumet à ces contraintes pour tenter, de l’intérieur de la machine médiatique, d’offrir un pluralisme maximal, dans les limites autorisées par le système.

Sophie Li
Agora vox TV
17/10/2011

Les intertitres sont de la rédaction de Polémia.

Voir vidéo :

http://www.dailymotion.com/video/xlqbj5_4e-journee-de-reinformation-de-polemia-robert-menard_news

 

Correspondance Polémia – 18/10/2011

Image : Robert Ménard

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