Le foulard islamique : un conflit de civilisation !

jeudi 15 mai 2003
Le débat s’est ouvert au sein du gouvernement et de l’UMP : faut-il réglementer le port du foulard islamique ?
Jean-Pierre Raffarin est réservé : « Il faut éviter les conflits inutiles » dit-il, et Jacques Chirac recommande « la prudence ».
On peut comprendre les chefs de l’exécutif, on peut difficilement les approuver.

Car le conflit sur le port du foulard islamique est déjà engagé… par ceux qui veulent changer nos lois pour imposer leurs coutumes.
Le conflit est déjà engagé dans les écoles, les collèges et les lycées malgré les règlements intérieurs et les règles de la laïcité.
Le conflit est ouvert entre les islamistes militants et les proviseurs, les professeurs et les élèves qui s’opposent à leur avancée.
Le conflit est ouvert avec les fonctionnaires de préfectures et les directeurs d’hôpitaux.
Il est ouvert aussi dans les entreprises là où des femmes veulent imposer le port du foulard et là où les chefs d’entreprise et leurs collègues s’y opposent.

Ce conflit, certains sont tentés de ne pas le livrer au nom de la « liberté », sans voir que la liberté des unes (porter le foulard) augmente la pression de la famille, des amis et des hommes qu’elles croisent sur les autres (celles qui ne le portent pas… ou pas encore).

La tolérance religieuse est aussi un argument couramment avancé pour refuser la bataille, tout comme la « probité des mœurs » qui conduirait à opposer des jeunes filles musulmanes pudiques à un Occident - supposé décadent - offrant les corps à la vue.

Il y a une part de vérité dans ce dernier point de vue : l’affaire du foulard islamique n’est pas à proprement parler un conflit religieux, c’est un conflit de civilisation.

D’un côté, un monde arabo-musulman - principalement d’inspiration arabe d’ailleurs - qui refuse la représentation du corps et même du visage humain et qui enferme la femme.

De l’autre, un monde européen dont l’art est fondé sur l’expression de la beauté humaine.
En sculpture, de Phidias à Rodin et Vigeland en passant par les copies romaines de l’art grec, les chapiteaux des cathédrales, les cabinets d’antique de la Renaissance, Michel-Ange et Canova.
En peinture où dix siècles d’art européen s’expriment à travers la lumineuse expression des visages et des corps depuis les vierges flamandes et les enluminures de l’art courtois jusqu’à l’impressionnisme et les grands peintres figuratifs du Xxe siècle.

De ce point de vue, le spectacle de nos rues est profondément signifiant.

D’un côté, des femmes en tchador exprimant la civilisation dont elles sont issues et dont elles retrouvent les sources - moins sous la pression des imams et de leur famille d’ailleurs que sous l’influence de l’entrée dans leur foyer (par l’intermédiaire des paraboles) des télévisions arabes.

De l’autre, les femmes européennes dont les vêtements mettent en valeur les formes, comme cela fut le cas au cours des siècles passés, et des publicités qui représentent - à travers les créations artistiques des photographes - le corps de la femme comme les peintres le firent tout au cours de l’histoire.

Cette cohabitation de deux civilisations est évidemment porteuse d’affrontements. Il ne sert à rien de le nier : refuser le conflit aujourd’hui, c’est se préparer des combats plus difficiles pour demain.

Sans doute est-il aujourd’hui trop tard pour empêcher les populations - aujourd’hui nombreuses - issues du monde arabo-musulman d’exprimer leur identité, profondément différente de la nôtre.

Mais ce qui n’est pas acceptable, c’est que cela vienne transformer les règles que les Français ont hérité de millénaires de civilisation européenne.

Ce qui n’est pas acceptable non plus, c’est qu’on prétende imposer à l’école publique, ou à l’hôpital public, ou dans l’entreprise, des coutumes profondément étrangères à l’identité française, alors que ceux qui militent pour elles s’auto-excluent de notre communauté de civilisation.

Ce qui est encore moins acceptable, c’est que ceux qui s’opposent à cette colonisation mentale puissent se voir entraver dans leur action - voire poursuivi devant les tribunaux.

Si la République n’a pas la force d’assimiler, qu’elle laisse au moins aux Euros-Français la liberté de rester eux-mêmes !

© POLEMIA
15/05/2003

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