La loi Gayssot : une régression civilisationnelle

vendredi 17 septembre 2010

La réinformation consiste notamment à porter à la connaissance du public des faits occultés par les grands médias politiquement corrects. C’est la raison pour laquelle Polémia a repris un débat sur Radio Courtoisie consacré à la mise en prison d’un Français en France pour un simple délit d’opinion, en l’occurrence pour délit de révisionnisme historique. L’affaire n’est pas anecdotique car la liberté du débat est un élément clé de la morphogénèse culturelle de l’Occident selon le philosophe Philippe Némo. Pour éclairer ce point, Polémia publie un extrait de son livre Qu’est ce que l’Occident, publié en 2004, et dont Polémia avait rendu compte.

Polémia.

« Rien n'est censé être, par principe, tenu à l'abri de la critique. Il n'y a pas de dogmes, de vérités "sacrées", intangibles, que l'on n'ait pas le droit d'interroger et de remettre en cause. En revanche, étant donné que ce qui rend la liberté de penser féconde, ce n'est pas l'acte libre du penseur en lui-même, mais la confrontation des diverses hypothèses sur l'espace public, l'exercice fécond de la liberté de penser par un citoyen a pour condition sine qua non la reconnaissance de la même liberté de penser chez les autres. En d'autres termes, il faut qu'il y ait adhésion sans réserve aux règles mêmes du pluralisme, déontologie de la presse, règles du débat académique, règles du débat public en général. Cela exclut donc que quiconque, pour faire prévaloir une vérité, puisse compter sur quelque forme que ce soit de coercition étatique. Le mouvement "politically correct" qui a sévi pendant quelques années dans les universités américaines était à cet égard une grave régression civilisationnelle. De même que la loi du 13 juillet 1990 imaginée en France par le député communiste Gayssot pour frapper de sanctions pénales l'expression de toute opinion concernant le génocide des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale qui divergerait si peu que ce soit de la version couramment reçue (" Seront punis [...] ou internationale."). Cette loi fut votée comme un seul homme par l'Assemblée nationale, circonvenue en l'occurrence par la pression médiatique comme les assemblées révolutionnaires l'étaient par les sans-culottes armés de piques. La loi Gayssot, en effet, ne limite pas l'interdiction de l'expression de certaines pensées à ce qui pourrait troubler en pratique l'ordre public, mais elle interdit l'expression de certaines opinions en tant que telles ("ceux qui auront contesté ....").

Elle institue donc un dogme d'État. Le caractère partisan et le non-sens scientifique de ce dogme ne se perçoivent que trop bien a contrario par le fait que la loi ne rend pas passible de sanction pénale la sous-estimation des crimes communistes, qui ont eu la bonne fortune de ne pas être visé par le tribunal de Londres [ pour le tribunal institué par l'accord de Londres] dont les Soviétiques étaient membres. Un rapport de forces devient ainsi norme de vérité. D'autre part, il est sans précédent qu'on donne comme critère de vérité scientifique des jugements de tribunaux. On peut exprimer les mêmes réserves au sujet des lois actuellement discutées, ou projetées, concernant les sectes, l'homophobie, l'islamophobie, etc. - bref, tout ce qui ne plaît pas à l'opinion dominante, ou, plus exactement, à l'opinion des actuelles catégories dominantes. [...] »

Philippe Némo, dans son ouvrage Qu'est-ce que l'Occident ?, Paris : PUF, 2004 (octobre), pages 143-144, note 64. 

Polémia
17/09/2010

Voir aussi :
Non à la prison pour délit d'opinion
En France, un écrivain, père de huit enfants, est incarcéré pour ses recherches historiques. Et la presse dite « libre » n'en dit rien !

Image : Face à la tyrannie médiatique, la réinformation

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