Elections : l'illusion de l'alternance !

lundi 22 mars 2010

Tous les ans, tous les deux ans, les Français votent. Et souvent « sanctionnent » le gouvernement en place. Les élections régionales de mars 2010 s’inscrivent dans ce cycle. Avec 35% des suffrages, l’UMP accuse 20 points de retard sur la gauche : une sanction plus grave encore que celle qui avait frappé le parti gouvernemental en 2004 où son déficit de suffrages n’était que de 13%.

Même si elle n’est pas certaine (Sarkozy avait comblé le handicap en 2007), la défaite du président sortant se profile donc à l’horizon 2012. Ce sera alors, comme en 1986, 1988, 1993, 1997, 2002 ou 2007 (les sarkozystes remplaçant les chiraquiens), l’alternance. C’est-à-dire un changement d’équipe gouvernementale. Mais pour changer quoi ?

La candidature Villepin saluée par oumma.com, Strauss-Kahn bien vu à Wall-Street, Aubry à Bruxelles

A l’UMP, Villepin est un mètre étalon du politiquement correct et l’annonce de son lancement dans la bataille a été saluée par oumma.com :

A gauche, Dominique Strauss-Kahn fera un candidat très présentable pour Wall-Street et Martine Aubry pour Bruxelles. Et, depuis toujours, Cohn-Bendit sert de bulldozer au mondialisme.

2012 : un « match » prémonté

Certes le scénario de la présidentielle de 2012 n’est pas encore complètement écrit mais le système médiatique montera un « match » entre tenants de l’idéologie unique, d’accord sur l’essentiel : mondialisme, libre-échangisme, antiracisme, rupture avec les valeurs traditionnelles.

La réforme des retraites qui est annoncée servira utilement à recréer un apparent clivage droite/gauche : les uns (à la tête d’un déficit de 130 milliards d’euros) feront valoir leur « sérieux » ; les autres mettront en avant la défense des « acquis sociaux » (dont bénéficient surtout les catégories protégées). Aucun ne posera évidemment la vraie question : la nécessité d’un « protectionnisme raisonné et raisonnable », selon l’expression de Maurice Allais.

Car il est illusoire de penser rétablir l’économie (et donc les comptes sociaux) dans le cadre d’un système qui met en concurrence la production française avec celle de pays qui n’ont pas les mêmes contraintes salariales, sociales et environnementales. De ce point de vue, le discours libéral sur la « compétitivité » n’est pas économiquement sérieux. Tout au plus sera-t-il politiquement instrumentalisé.

Retour sur scène du Front National

Reste, bien sûr, le Front National dont le retour sur la scène est incontestable. Certes, il va disparaître de cinq conseils régionaux mais, dans les douze régions où il était présent au second tour, il améliore son score de 2004 : 17,8% au lieu de 17,4%. Un succès partiel mais incontestable. Et comme aime à le dire Jean-Marie Le Pen : « En politique, est ce qui paraît ». Or le résultat du FN est clairement apparu comme une victoire.

Le FN va donc être inscrit dans le scénario présidentiel de 2012 : il lui sera attribué le rôle de « trouble-fête » : terme utilisé au lendemain du premier tour par l’ensemble des journalistes de la pensée perroquet, d’Europe 1 à RTL, du Point au JDD, du Figaro à Libération.

Le « trouble fête » contribuera à animer la campagne et à mobiliser les électeurs qui lui sont hostiles. Le rôle qui lui sera dévolu sera de ramener les abstentionnistes vers les urnes.

Le changement de politique passe par le changement de paradigmes

En fait, quel que soit le nouveau président élu en 2012, il n’y aura pas de changement des politiques s’il n’y a pas de changement des paradigmes dominants : retour de la notion de « frontière » (frontière économique, politique, culturelle) ; réhabilitation des notions de patriotisme et de préférence (locale, nationale, civilisationnelle) ; défense de la proximité et de l’identité ; mise en place de vrais mécanismes de démocratie directe à la suisse ou à l’islandaise.

Bien sûr, cette problématique ne concerne pas seulement la France : partout en Europe, la vague populiste enfle. Reste à savoir quel sera le premier peuple qui tranchera le nœud gordien.

Polémia

22/03/2010

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