« L'Etat fait main basse sur nos retraites complémentaires Agirc-Arrco ! »

lundi 1 février 2010

Le système de retraite français est virtuellement en faillite. Malgré la loi Fillon (août 2003), il est devenu impossible d'équilibrer les ressources et les dépenses des caisses de retraite à moins de faire appel massivement à l'impôt.

L’Etat s’apprète à prélever, dans les règles, sur les caisses complémentaires Agirc-Arrco, plusieurs milliards d’euro au profit de l’Ircantec, pour financer, sur les deniers privés, la retraite de ses fontionnaires (dont le régime est deux fois plus favorables que dans le privé).

La décision a été prise en toute discrétion et a été annoncée par le ministre de l’Industrie Christian Estrosi, lors d’une séance au Sénat. Publiée au Journal officiel du Sénat du 8 novembre 2009, elle est passée totalement inaperçue du grand public, même si quelques médias en ont fait la publicité.

Sauvegarde Retraites, une association civique déclarée loi de 1901 créée en janvier 1999, qui se dit n’être liée à aucun parti politique, syndicat ou caisse de retraite et qui revendique 87.000 membres, dénonce sur son site cette mesure qui, selon le ministre, est prise pour une durée de cinquante ans.

Voici ce que l’on peut lire sur le site de Sauvegarde Retraites

Polémia

Le système de retraite français est virtuellement en faillite. Malgré la loi Fillon (août 2003), il est devenu impossible d'équilibrer les ressources et les dépenses des caisses de retraite à moins de faire appel massivement à l'impôt. Non seulement les cotisations retraite vont peser très lourdement sur les jeunes générations, mais on envisage même de ponctionner les retraités pour payer... leurs retraites !

Sauvegarde Retraites dénonce le pillage en règle des caisses de l'Agirc-Arrco par l'Etat au profit de l'Ircantec, caisse des fonctionnaires contractuels et des élus locaux.

A l'heure où les plus hautes autorités de l'Etat s'affirment résolues à réformer notre système de retraites, Sauvegarde Retraites lève un lièvre énorme : l'Etat organise un pillage en règle des caisses complémentaires des salariés du privé (Cnav/ Agirc-Arrco), dont l'avenir est pourtant loin d'être assuré, afin de « sécuriser » le régime des fonctionnaires contractuels et des élus (Ircantec). Et ce pillage porte sur plusieurs milliards d'euros !

Voici, textuellement, l'engagement qu'a pris le ministre chargé de l'Industrie, Christian Estrosi, devant les parlementaires (Cf. Sénat, JO débat, séance du 8/11/2009, p 9788) :

« L'Agirc-Arrco versera à l'Ircantec une soulte dont le montant n'est pas encore déterminé. En l'occurrence, il est question de milliards d'euros et de projections démographiques à cinquante ans. Nous ne prenons pas une décision pour les six mois ou les cinq ans qui viennent ! Nous parlons d'une échéance de cinquante ans ! »

Rappelons que le régime Ircantec des fonctionnaires et des élus locaux est déjà deux fois meilleur que celui des salariés du privé. Or, au lieu de mettre fin à cette iniquité, l'Etat puise dans les caisses du privé, pourtant exsangues, afin de garantir, coûte que coûte, les privilèges des fonctionnaires et des élus, pour une durée d'un demi siècle ! C'est prendre aux pauvres pour donner aux riches...

Comparaison Ircantec / Agirc-Arrco

Taux de cotisation                             Rendement

Ircantec     5,63 %                                12,18 %

Agirc-Arrco 9,50 %                                 6,64 % (Arrco) à 6,75 % (Agirc)

 

Pour mettre en œuvre ce plan honteux, l'Etat prend prétexte du changement de statut de La Poste, qui devient une société anonyme (SA). Les nouveaux embauchés de cette entreprise publique seront donc affiliés à l'Agirc-Arrco plutôt qu'à l'Ircantec. Or, les administrateurs de l'Ircantec estiment avoir un droit de propriété sur les futurs salariés de La Poste et réclament, à ce titre, la bagatelle de 6 milliards d'euros.

On croit rêver ! Ainsi, lorsque tout va bien (beaucoup de nouveaux cotisants, peu de retraités), les régimes spéciaux peuvent profiter pleinement et sans partage de la situation pour maintenir les privilèges de leurs affiliés. En revanche, au moindre accroc, les autres régimes, beaucoup moins bien lotis, doivent leur porter assistance même s'ils sont eux-mêmes au bord du gouffre et que la retraite de leurs affiliés est moins bonne.

Pour en savoir plus, voir l'étude réalisée par Sauvegarde-Retraites : « Agirc-Arrco : main basse sur nos retraites » (Etude_31_Ircantec.pdf) dont Polémia conseille vivement la consultation et lire l'article consacré à ce « Hold up d'Etat » parLe Point.

Sauvegarde Retraites Janvier 2010, n° 31

Correspondance Polémia

01/02/2010

Image : Le ministre Estrosi fait mouche

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