Le scanner corporel arrive en France : l'idéologie sécuritaire

lundi 18 janvier 2010

Depuis plusieurs mois, eurodéputés et ministres européens de l’intérieur,  discutent à loisir d’un projet de règlement présenté par la Commission européenne, qui autoriserait l’usage, dans les aéroports, de scanners corporels, capables de détecter des objets tels qu’armes ou explosifs à travers les vêtements en déshabillant à l’écran les personnes contrôlées.

Les avis sur cette nouvelle disposion visant à mettre en place ces appareils très indiscrets sont évidemment partagés. Pour les uns, il y a atteinte au respect de la personne humaine, c’est l’opinion du ministre allemand de l’intérieur, Wolfgang Schäuble, et plusieurs eurodéputés ont en effet vivement condamné cette pratique, pour d’autres, il y a nécessité d’utiliser « toutes les avancées technologiques pour lutter contre le terrorisme et la criminalité », c’est ce que pense la ministre française, Michèle Alliot-Marie, toujours à l’avant garde de la restriction des libertés …

Le secrétaire d'Etat aux transports, Dominique Bussereau, a annoncé que les scanners corporels, dans les aéroports français, allaient être testés « certainement pour commencer sur les vols Etats-Unis ». « On y a travaillé, avec Brice Hortefeux, sous l'autorité du Premier ministre, on va les tester en France (...) on va en mettre en particulier dans les aéroports parisiens (...) certainement pour commencer sur les vols Etats-Unis et sur les vols les plus sensibles c'est à dire peut-être 6 ou 7 dans un premier temps », a déclaré M. Bussereau.

L’objectif est de remplacer les palpations corporelles systématiques, en vigueur notamment depuis le 25 décembre dernier pour tout les vols à destinations des Etats-Unis, par un passage dans ces onéreuses machines.

Cette décision fait suite à l'attentat manqué du 25 décembre 2009 sur le vol Northwest Airlines en provenance d’Amsterdam et à destination de Detroit.

Dans une logique sécuritaire dont nous connaîssons bien maintenant les contours, on voit se profiler à l’horizon une mise en place de ces scanners, d’abord au départ des vols vers les Etats-Unis, puisqu’ils sont déjà en place outre-atlantique, ensuite vers certaines destinations dites sensibles comme Israël, puis généralisée.
Polémia a reçu d’un correspondant une réflèxion plus globale sur les mécanismes de l’idéologie sécuritaire. Nous la soumettons à nos lecteurs.
Polémia


Je ne suis pas crédible, mais …



Effectivement, je ne suis pas crédible, parce que depuis quelque temps déjà j’avais constaté que la « lutte contre le terrorisme » en avait pris un sérieux coup dans l’aile. Ne faisaient plus semblant d’y croire que ceux qui, pour une raison ou pour une autre, avaient intérêt à défendre l’ordre établi, ou avaient peur de sa chute. Ils sont certes très nombreux, mais quand même… Je me demandais donc comment les « antiterroristes » allaient bien pouvoir relancer un bateau qui faisait eau de toute part.(…)

Pourquoi ? Parce que la ficelle est un peu grosse.

(…)

Tout cela n’explique pas pourquoi je ne suis pas crédible.

Eh bien, parce que devant l’effondrement qui commence a être perceptible de la croyance en la version officielle concernant l’attentat du 9/11 et devant l’incrédulité dangereusement croissante envers toute l’idéologie de la lutte « antiterroriste », je m’attendais depuis quelque temps déjà à ce qu’un attentat spectaculaire vienne relancer pour le bon peuple les raisons de craindre et de croire la menace terroriste. En vérité j’attendais cette relance, moins de la dialectique que je viens d’exposer ci-dessus que d’une pure et simple provocation. Autrement dit, pour ceux qui n’auraient pas compris, d’un attentat concocté par les services secrets US ou USraéliens eux-mêmes. Ou peut-être de l’exploitation habile d’un accident faussement attribué à l’action de l’ennemi contre lequel on veut mobiliser l’opinion, comme l’explosion dans le port de La Havane, le 15 février 1898, du navire de l’US Navy, L’USS Maine. On discute encore pour savoir si l’explosion a été sciemment provoquée (262 morts) ou a été réellement accidentelle,  mais l’attribution qui en fut faite aux Espagnols pour justifier l’entrée en guerre contre l’Espagne relevait de la plus pure fantaisie. Cette affaire est bien connue dans l’histoire américaine, mais depuis, la liste des provocations, même en se limitant à celle qui sont historiquement attestées s’est allongée. D’ailleurs la déclassification des documents concernant l’opération « Northwood » (*) permet de vérifier sans contestation possible que des provocations et des attentats mettant en jeu la vie de citoyens américains sont régulièrement élaborés par les services secrets ou le Pentagone et proposés au Pouvoir politique, qui, dans le cas de l’opération Northwood, avait refusé.

Et voilà pourquoi je ne suis pas crédible : j’ai des préjugés et j’ai tendance à interpréter le présent à la lumière du passé. Au surplus ma seule source d’information est France Inter, que j’écoute d’une oreille distraite tout en lisant ou en écrivant des textes peu recommandables. C’est d’ailleurs un truc qui avait toujours étonné ma mère : je peux lire ou écrire en écoutant la radio, ou une conversation. Du moins jusqu’à un certain point. Et dans le cas précis je n’ai que des impressions extrêmement vagues. mais l’ensemble des « informations » recueillies dans ces conditions douteuses ont quand même fini par s’organiser dans mon cerveau.

1°/ L’attentat heureusement avorté à l’atterrissage de l’avion Amsterdam-Détroit a reconstitué la crainte généralisée dans le public. Il authentifie réalité d’une menace terroriste. Mais réussi, cet attentat aurait certes eu ce même résultat, mais aurait comporté dans le contexte actuel des risques politiques pour le Pouvoir, que l’exploitation par les Républicains de l’attentat raté permet d’imaginer.
Raté, il apporte donc les mêmes avantages, sans les inconvénients.

2°/ L’auteur, fils d’un banquier nigérian, avait été signalé par son père aux services américains.

3°/Dans un premier temps on nous explique qu’il a franchi les contrôles administratifs, puis les contrôles physiques de sécurité, en particulier les portiques, parce que « l’explosif » était une poudre étalée sur une partie de sa jambe. Effectivement on conçoit très bien qu’ainsi dissimulé « l’explosif » passe les contrôles physiques. Mais on ne nous explique pas comment cet explosif, ainsi réparti, était censé détoner. On nous parle d’un liquide et d’une seringue. Pourquoi pas…Mais on aimerait bien savoir quel liquide il y avait dans la seringue, et quelle était la composition de la poudre.

4°/Finalement la détonation fit long feu. L’apprenti terroriste est très gravement brûlé. Début d’incendie éteint par les passagers voisins qui, avec sang-froid, neutralisent le terroriste qui est promptement déshabillé et menotté.

Bravo les passagers ! Je conçois que le hasard ait placé quelques voisins assez réactifs et efficaces pour neutraliser et immobiliser le terroriste déjà affaibli par ses très graves brûlures et qu’ils aient appelé l’équipage à la rescousse, et je pense qu’il est au moins probable que l’équipage dispose de menottes dans l’avion pour faire face à diverses éventualités, pas nécessairement terroristes.

Mais cela ne correspond nullement au témoignage du premier passager que j’ai entendu sur France Inter. Il y eut une très vive agitation à l’endroit où s’était déclenché le feu et la situation a été promptement réglée par les voisins immédiats du terroriste, dont l’un au moins disposait donc d’une paire de menotte sur lui. C’est du moins ce que j’ai compris et retenu.

Autre curiosité : Je conçois que des voisins de hasard réagissent au mieux, si le hasard a bien fait les choses, et donc qu’ils éteignent, immobilisent et neutralisent. Et même, si le hasard a très bien fait les choses, qu’ils procèdent à une palpation sévère de précaution sur le blessé en piteux état. Soit. Mais procéder instantanément à un déshabillage complet !?! Cela me semble plutôt relever du comportement d’un professionnel entraîné à la lutte antiterroriste, et conforme aux procédures que l’on enseigne dans des écoles spécialisées.

Conclusion : Il se pourrait bien que le hasard ait fait que tous les voisins du jeune Nigérian ait été tous des membres de services « antiterroristes », comme il se pourrait que ce ne soit pas l’effet du hasard et que Umar Farouk Abdulmutallab ait été logé et suivi depuis longtemps et instrumenté dans une opération compliquée, qui présentait pour certains l’avantage de restaurer à peu de frais la crédibilité de l’idéologie « antiterroriste » d’une part, et de permettre de justifier [sic]  l’installation d’une cellule « antiterroriste » américaine, sur le sol du Yemen, qui perd ainsi sa souveraineté ! Tout cela à un moment où un attentat réussi eut été politiquement ingérable. Ce ne serait pas mal joué !

Mais encore une fois, une infinité de variantes sont possibles. Je n’ai rien vérifié.

P. G.
04/01/2010


(*) « 0pération Northwoods » était un projet d'opération false flag proposé à l'exécutif américain en 1962. Il consistait, dans le contexte de la guerre froide, en l'organisation d'une série d'actions d'intoxications pour justifier aux yeux de l'opinion américaine une intervention militaire contre Cuba et d'obtenir l'appui diplomatique, voire militaire, des nations occidentales, la Grande-Bretagne en particulier. Des attentats contre les États-Unis par l'état-major interarmes américain lui-même, de manière à en imputer la responsabilité au régime cubain, étaient envisagés.
Ce projet n'a pas été mis à exécution.

Correspondance Polémia
18/01/2010

Image : Nice choisi pour tester le scanner corporel
 

Archives Polemia