Roselyne Bachelot et la grippe H1N1

vendredi 4 décembre 2009

La réputation de Faits & Documents n’est plus à faire. Chaque quinzaine, depuis le 1er mars 1996, ce périodique sort un feuillet de 12 pages contenant, avec une certaine impertinance, des informations dont l’originalité est telle qu’on ne les trouve généralement jamais dans les grands médias.
Voici ce qu’en dit Wikipédia : « Faits & Documents est une lettre bimensuelle rédigée par Emmanuel Ratier, qui traite essentiellement de l'actualité politique et culturelle française et internationale. (…). Cette revue, controversée en raison de la sélection des thèmes traités, serait cependant lue par un certain nombre de journalistes et spécialistes de la vie politique française. Cette lettre n'a jamais vu de poursuites judiciaires à son encontre, et les rectificatifs demeurent rares. »

Chaque livraison comporte un dossier généralement lié soit à une personnalité politique sous forme de portrait, soit à un vaste sujet d’actualité, quelque fois aux deux à la fois. C’est le cas du n°287, couvrant la période du 1er au 15 décembre 2009, dans lequel le dossier ést consacré à « Roselyne Bachelot et la grippe H1N1. »
Polémia a déjà traité de cette «pandémie» qui donne accès à diverses polémiques. C’est la raison pour laquelle nous voudrions apporter une nouvelle pierre à l’édifice en produisant, avec l’aimable autorisation d’Emmanuel Ratier que nous remercions ici, le dossier qu’il a consacré à ce sujet national.

Polémia

 

Roselyne Bachelot et la grippe H1N1
 

Après une page consacrée à la grippe H1N1 dans F&D 282, voici la suite de notre enquête sur l’hystérie vaccinale (10 % des doses mondiales ont été achetées par la France...) du ministre de la Santé UMP. On rappellera que la grippe H1N1 a fait, pour l’instant, moins d’une cinquantaine de morts en France, pour l’essentiel des personnes à risques (âge élevé, pathologies multiples, etc.) alors que la grippe saisonnière tue chaque année plus de 2 000 personnes dans l’Hexagone.

 

Le Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG) a joué un rôle majeur dans la popularisation, de la nécessité de la vaccination. Créé en 1979, il s’agit d’une association loi de 1901 (n’ayant donc rien d’officiel). Intégralement financé par cinq laboratoires pharmaceutiques français (400 000 euros annuels). D’ailleurs son directeur général est Bertrand Verwee, directeur marketing de Sanofi-Pasteur-MSD. Elle comporte un conseil scientifique de quinze membres. Son président, le Dr Bruno Lina, professeur de médecine au CHU de Lyon et « expert pour le risque pandémique auprès du ministère de la Santé », était présent à la tribune, le 20 octobre, juste à côté de Roselyne Bachelot, lors du lancement officiel de la campagne de vaccination (cf. notamment Les Multiples casquettes du professeur Lina, Le Parisien, 29 octobre 2009). Il devait répéter qu’il était « très important de se faire vacciner » contre le virus. Il joue donc sur deux casquettes, comme la plupart des membres du conseil scientifique du GEIG : prescripteur et collaborateur de laboratoires comme Roche, Sanofi, GSK et BioMérieux. Dans Lyon Mag (16 juillet), ses propos donnaient froid dans le dos puisqu’il expliquait qu’il s’employait à faire muter le virus de manière à le rendre plus dangereux : « Les travaux que l’on mène concernent le virus H1N1, et dans lequel on introduit un gène de virulence pour savoir si celui-ci l’accepte et s’il devient du même coup plus dangereux. Pour l’instant, le virus a beaucoup de mal à acquérir le facteur de virulence. Mais notre objectif est d’avoir un coup d’avance par rapport à ce qui pourrait se passer dans la nature. » Il ajoutait, sans rire, au vu de la faiblesse de l’épidémie aujourd’hui : « (La vaccination) est le pilier de la lutte contre la pandémie. Il va nous permettre de réduire très significativement le phénomène. Selon un modèle mathématique, si on arrive théoriquement à vacciner 90 % des enfants, on réduit la taille de la pandémie et le nombre de personnes infectées de moitié à l’échelle française, soit 12 millions au lieu de 24 millions. »

Le problème posé par les adjuvants. Un adjuvant (comme le AS03 utilisé pour le vaccin de GlaxoSmithKline, le Pandemrix, seul vaccin actuellement disponible en France) est une substance chimique utilisée pour rendre un vaccin plus efficace, ce qui permet d’utiliser une dose d’antigènes plus faible. La question est de savoir l’impact que pourrait avoir un nouvel adjuvant sur les maladies auto-immunes qui sont justement causées par un dérèglement du système immunitaire. Le vaccin H1N1 de GSK contient quatre fois moins d’antigènes grâce à l’ASO3, un mélange de squalène et de polysorbate. Un tel adjuvant n’a jamais été utilisé auparavant dans un vaccin commercialisé à grande échelle, et peut donc déclencher des réactions immunitaires excessives et augmenter la fréquence d’effets secondaires rares, mais graves et dangereux comme le syndrome de Guillain-Barré (déjà au moins un cas), lequel entraîne une destruction du système nerveux et conduit à la tétraplégie. Les adjuvants peuvent influencer la sécurité des vaccins de façon complètement imprévisible, comme on l’a vu, par exemple, avec le vaccin anti-méningo-encéphalite à tiques TIcovac, qui a dû être retiré du marché en 2001, 14 mois après son lancement, en raison d’effets secondaires graves et fréquents. 91 cas d’effets indésirables, dont quatre considérés comme « graves », étaient déjà signalés par le bulletin de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé dans son bilan du 13 novembre (et on n’en était qu’au tout début de la campagne de vaccination...). On appréciera d’autant la remarque particulièrement odieuse de Roselyne Bachelot, interrogée sur le premier cas de syndrome de Guillain-Barré constaté chez une femme vaccinée : « Si on fait la une des journaux à chaque rougeur ou mal de tête, on est mal barré (Public Sénat, 13 novembre). »

Il se produit également parfois des erreurs entraînant des contaminations. Exemple récent, à la mi-mars 2009, la presse révélait que des vaccins produits par le laboratoire Baxter (l’un des fournisseurs de vaccins en France) avaient vendu des vaccins contaminés du virus de la grippe H3N2 et du virus de la grippe aviaire H5N1 à des sous-contractants en République tchèque, en Slovénie et en Allemagne. L’un des sous-contractant, pour une ultime vérification avant mise sur le marché, avait inoculé les produits Baxter à des furets provoquant leur mort. Une hécatombe était évitée de peu. On peut également consulter le magazine allemand Der Spiegel (19 octobre) qui a publié un rapport accablant sur les dangers des vaccins contre la grippe porcine et ses adjuvants.

Il aura fallu attendre le 16 novembre pour apprendre que des dizaines de milliers de doses du vaccin Pandemrix partent à la poubelle chaque jour (le premier journal à en avoir parlé semble être La Provence), en raison de l’incroyable conditionnement des doses. Celles-ci sont conditionnées par dix et ne sont utilisables que durant 24 heures. Selon le cabinet de Roselyne Bachelot, « l’utilisation des ampoules multidoses a été imposée par les laboratoires pharmaceutiques. les délais de fabrication auraient été beaucoup plus longs si nous avions commandé des doses uniques. » Pourquoi ne pas avoir informé le public de ce prévisible gâchis au préalable ?

Nicolas Sarközy n’est pas vacciné indique Le Parisien (11 novembre) : « Pour l’heure, le chef de l’Etat (NDA : Nicolas Sarközy) ne s’est fait vacciner que contre la grippe saisonnière “comme toutes les années” précise-t-on à l’Elysée. Et pour la grippe A : “Il le fera quand cela lui sera recommandé par les médecins du Val-de-Grâce détachés à l’Elysée. » Dans un entretien à La Reppublica (17 octobre 2009), le Pr Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008 pour ses recherches sur le sida, indique qu’il ne se fera pas vacciner contre la grippe A HIN1. Les derniers sondages indiquaient que 61 % des généralistes refusaient d’être vaccinés. Le Conseil national de l’Ordre des médecins répliquait aussitôt que leur participation active aux campagnes de santé publique était « un devoir déontologique » et recommandait la vaccination.

Déclaration, en date du 12 novembre, du Syndicat national du personnel infirmier (affilié à la CFE-CGC) : « Le syndicat SNPI estime qu’une vaccination massive contre un virus grippal relativement bénin, présente des risques, du fait d’un vaccin développé trop rapidement, et d’un adjuvant susceptible de déclencher des maladies auto-immunes. Nous invitons la population à se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Par contre, chacun doit bien mesurer le rapport bénéfice/risques du vaccin H1N1 : d’un côté une semaine de grippe, de l’autre, une probabilité, faible mais définitive, d’avoir une maladie neurologique (syndrome Guillain-Barré) ou auto-immune. Comme nos collègues infirmières de Grande-Bretagne et de Hong Kong, nous craignons que le remède risque d’être pire que le mal, et nous pensons qu’il faut savoir “raison garder”. Injecter 94 millions de doses d’un produit sur lequel nous n’avons aucun recul peut poser un problème de santé publique, et il est de notre devoir d’infirmière d’informer correctement la population, pour que chacun prenne sa décision en connaissance de cause, par un consentement libre et éclairé, et non par une campagne de publicité et des discours alarmistes. » Un autre sondage du Quotidien du Médecin indiquait un taux de refus de vaccination de 74 % chez les infirmières.

Pr André Stahl, patron du service des maladies infectieuses au CHU de Grenoble (Le Point, 29 octobre) : « La grippe A n’est pas plus contagieuse que la grippe saisonnière, et sa mortalité est au pis identique, voire bien inférieure. Alors que l’on compte un décès pour 1 000 personnes affectées par la grippe classique, la mortalité de la grippe A oscille de 1 pour 1000 à 1 pour 10 000 personnes contaminées. »

La Pologne refuse la vaccination. Extraits du discours d’un ministre polonais de la Santé, le Dr Ewa Kopacz (15 novembre) : « Ma priorité pendant mes vingt ans de pratique de médecine générale a été d’abord de ne pas nuire. J’ai toujours ce principe en tant que ministre de la Santé. (Après consultation d’experts de la grippe et examen des divers contrats), notre département juridique a trouvé au moins vingt points douteux. Quel est le devoir du ministre de la Santé ? Signer des contrats qui sont dans le meilleur intérêt des Polonais ou bien signer des contrats qui sont dans le meilleur intérêt des compagnies pharmaceutiques ? Je sais qu’il y a trois vaccins disponibles sur le marché aujourd’hui, de trois producteurs différents. Chacun a une quantité de substance active différente et, étrangement, ils sont tous jugés équivalents. N’est-ce pas suffisamment étrange pour que le ministre de la santé et les experts aient au minimum de légers doutes à ce sujet ? Il y a des sites internet sur lesquels les fabricants de vaccins ont l’obligation de publier les effets secondaires inattendus des vaccins.
Je voudrais que vous visitiez n’importe lequel de ces sites et que vous me trouviez un seul de ces effets secondaires inattendus. Il n’y en a aucun. Un médicament “parfait”. Et puisque c’est si miraculeux, pourquoi la firme productrice ne veut pas introduire son produit sur le marché en acceptant d’assumer la responsabilité de celui-ci ? Est-ce que quelqu’un a déjà annoncé une pandémie de grippe saisonnière quelque part dans le monde ? Et pourtant la grippe saisonnière est bien plus dangereuse que la grippe porcine. En conclusion, je voudrais dire seulement une chose ; la nation polonaise a beaucoup de sagesse. Les Polonais savent distinguer la vérité du mensonge très précisément. Ils peuvent aussi déterminer ce qui constitue une situation objective et ce qui n’est qu’un jeu. »

Le 29 octobre, Roselyne Bachelot, sur la demande insistante du député socialiste Gérard Bapt, finissait par révéler que les contrats d’achats de vaccins présentaient des clauses très favorables et quasi uniques en leur genre : « Considérant les circonstances exceptionnelles », deux des fournisseurs (Sanofi et Novartis) seront en effet couverts en cas de poursuites judiciaires à la suite des vaccinations (et aucun fabricant ne payera de pénalité de retard de livraison). Le même jour, Le Point, sous le titre Le Contrat que Roselyne Bachelot nous cache, révélait qu’il avait été obligé de saisir la Commission d’accès aux documents administratifs pour accéder aux fameux contrats et n’avait réussi à en consulter que trois sur quatre. Il dénonçait la « fausse transparence » de la ministre et précisait qu’elle avait fait effacer des clauses confidentielles.

Les 94 millions de doses de vaccins (le record mondial par tête d’habitant avec 10 % de la production mondiale de ce vaccin), payés rubis sur l’ongle, ont coûté 808 millions d’euros, soit l’équivalent d’un millier d’appareils d’imagerie par résonance nucléaire (dont il manque au moins 250 en France). Plus 250 millions pour les seringues, 450 millions pour faire fonctionner les 1 080 centres de vaccination aménagés et rémunérer les 150 000 vaccinateurs volontaires mobilisés en place et lieu des médecins généralistes. Soit 1,5 milliard d’euros ou 6 % du déficit 2009 de la Sécurité sociale. Aucun renseignement n’a été fourni sur la qualification de ces personnels inexpérimentés, pour la quasi-totalité non médecins. Alors que, dans le même temps (et il s’agit d’une innovation stupéfiante), les médecins traitants, qui sont imposés par la Sécurité sociale à tous les Français, ont été totalement éliminés de cette vaccination bien qu’ils soient autorisés à procéder aux vaccinations pour la grippe saisonnière et doivent remplir les carnets de vaccination ! On rappellera enfin que la CNAM, avec l’aval du Conseil d’Etat, de constituer dans ce cadre un fichier personnel (avec adresses personnelles) sur tous les résidents en France métropolitaine (décret du 22 octobre 2009) afin de ficher les vaccinés et les non-vaccinés. Bien que le premier syndicat de médecins généralistes, MG France, ait plaidé la cause des généralistes à plusieurs reprises, Roselyne Bachelot martelait encore le 18 octobre : « Les vaccins sont présentés en multidoses. Il y a une logistique qui impose des contraintes. La vaccination ne peut être faite que dans des centres de vaccination. »

L’actuel ministre de la Santé Roselyne Bachelot a travaillé pendant douze ans pour les industriels pharmaceutiques, environ entre 1969 et 1989, notamment comme visiteur médical. Elle fut notamment déléguée à l’information pharmaceutique au laboratoire ICI Pharma et chargée des relations publiques chez Soguipharm. ICI Pharma est un conglomérat britannique fondé dans les années 1920, plus connu sous son ancien intitulé Imperial Chemical Industries. Elle n’est devenue pharmacien qu’à 36 ans. Mais, avec son mari pharmacien, dont elle est aujourd’hui divorcée, elle a également développé une usine de médicaments en France et deux autres usines en Côte-d’Ivoire. Dans un très ancien CV datant de 1990, elle indiquait qu’elle avait été chargée des relations publiques de la Soguipharm (Société franco- guinéenne de fabrication de produits pharmaceutiques) installée en Guinée-Conakry. Dans un courrier manuscrit inédit, reproduit ci-après, elle donnait quelques éléments supplémentaires. Tous ces « détails » concernant près de vingt années de la vie de l’actuelle ministre au sein de l’industrie pharmaceutique ne figurent étrangement ni dans sa notice sur le site du ministère, ni dans le Who’s Who...

« Sur le plan professionnel
Je suis docteur en pharmacie, titulaire d’une officine située en plein cœur de la circoncription que représente au Parlement. Mais je n’ai obtenu mon diplôme de pharmacien qu’ 36 ans.
En effet pour financer les études de mon mari, j’ai été technico commercial à I.C.I ( Imperial Chemical Industries. Je connais donc bien le monde de l’entreprise. Puis j’ai repris mes études à 30 ans par le début : 1re année !
Nous avons, avec mon mari, devellopé (sic) des activités pharmaceutiques dans le tiers-monde : une unité de fabrication de médicaments à Coinakri Guiné et deux autres sont en construction à Ouagadougou et en Cote (sic) d’Ivoiure
Je me rends plusieurs fois par an en Afrique et j’espère que la france continuera à y jouer un rôle primorial.

Sur le plan politique
J’ai été élue au conseil général de Maine et Loire en… »


ce cv manuscrit de Roselyne Bachelot date de 1990. On y découvre ses liens avec les laboratoires pharmaceutiques ; soigneusement omis dans ses biographies officielles.


Dossier Faits & Documents n° 287 du 1er au 15 décembre 2009, p. 6-7
Faits & Documents, BP 254-09, 75424 Paris cedex 09
Tel/Fax : 01 40 16 80 92
E-Mail : faitsetdocuments@europe.com

Polémia
04/12/2009

Image : Centre de vaccination
Pour la première fois en France, ce ne sont pas les médecins traitants qui sont autorisés à vacciner les affiliés à la Sécurité sociale mais des « équipes spéciales » (105 000 vaccinateurs) sur lesquelles on ne sait rien.


 

Archives Polemia