La généalogie de la superclasse mondiale (Deuxième partie - Suite et fin)

samedi 28 novembre 2009


III

Conclusion : la SCM est-elle omnipotente ?

 

 

Après la généalogie faisons un peu de prospective !

La SCM est une oligarchie qui repose sur trois piliers apparemment solides : l’argent, l’idéologie et la force militaire des Etats-Unis. Elle est à son apogée car elle cumule en Occident tous les pouvoirs ; mais dans l’histoire l’apogée préfigure souvent le déclin :

- elle est liée à la prédominance américaine et au modèle WASP dont elle est aussi l’instrument ; or la superpuissance américaine est sur le déclin et de plus en plus contestée, en particulier par les puissances asiatiques émergentes et par le réveil de la Russie.
On peut douter que les nouvelles élites qui se constituent notamment dans les pays asiatiques continuent de s’occidentaliser.
A l’échelle de la population mondiale la SCM est de plus en plus minoritaire, comme la population blanche (et WASP aux Etats-Unis) est sur le déclin relatif, y compris en Europe occidentale ;

- le projet de la SCM ne peut s’imposer progressivement que parce qu’il avance masqué : il repose sur la duplicité. S’il est dévoilé, il perd de son efficacité car il suscite l’opposition naturelle de tous.
Comme le déclarait David Rockefeller, pdt de la Chase Manhattan Bank, le 6 juin 1991 pour accueillir les membres du Bilderberg group : « Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Time Magazine et d’autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque quarante ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis [sic] à l’exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. » 
En réalité, D. Rockefeller semble ignorer que le projet mondialiste se heurte au réveil des peuples qui ne veulent pas perdre leur identité y compris en Europe (« populisme », « extrême droite »). L’Islam a d’abord été instrumentalisé par le Système contre l’URSS (Afghanistan) et comme moyen d’affaiblir l’Europe (immigration) mais aujourd’hui l’Islam incarne la révolte radicale contre le Système ; c’est pourquoi il est devenu une cible de la SCM. Mais de même que le socialisme a achoppé sur le nationalisme, le cosmopolitisme ne va-t-il pas achopper sur le choc des civilisations ?

- la SCM a, en outre, de plus en plus de mal à maîtriser le monde, en particulier parce que son idéologie la prive des moyens politiques d’agir. Son projet débouche donc sur un chaos mondial dont l’issue est imprévisible. Elle est, au surplus, atteinte au cœur de son projet, celui de garantir la prospérité matérielle à tous au prix de la servitude ; la critique des oligarchies dirigeantes est donc en train de redevenir à la mode en Occident, ce qui signifie qu’elles perdent leur légitimité.

Il est donc probable qu’une nouvelle ligne de fracture politique est en train  d’apparaître :

- d’un côté, les partisans du système qui se met en place et dont la SCM est l’avant-garde : il regroupe dans une nouvelle alliance le néocapitalisme messianique et la gauche idéologique ;

- de l’autre, tous ceux qui veulent la fin de ce système à détruire les peuples.

En particulier la droite européenne a été progressivement forcée de cohabiter, tout au long du XIXe et surtout du XXe siècle, avec le capitalisme et la bourgeoisie pour contrer le communisme. Ce mouvement a notamment débouché sur l’éclosion d’une « droite libérale ». Or ce positionnement était contre nature puisque les principes qui fondent la vue du monde de droite (primauté du spirituel sur le matériel, respect de l’ordre et des communautés naturelles, localisme, enracinement, prise en compte des différences humaines, primauté des principes souverains et héroïques sur la possession des richesses matérielles, primauté de l’être sur l’avoir, sens de la responsabilité et du devoir) sont justement remis en cause par le triomphe du capitalisme et de la bourgeoisie et par celui de l’idéologie du libre-échange mondialiste.

Les socialistes du XIXe siècle l’avaient d’ailleurs prophétisé au vu du capitalisme naissant, mais ce qui se passe depuis la fin du XXe siècle en apporte la preuve expérimentale, tout comme le communisme a apporté la preuve concrète que le collectivisme était une impasse.

De même, le socialisme européen avait un positionnement ambigu vis-à-vis du capitalisme : il plaidait pour la révolution mais sa critique de la société bourgeoise reflétait aussi la nostalgie de l’ordre traditionnel ancien, en particulier l’appel au principe de solidarité et de communauté contre l’individualisme bourgeois ainsi que la volonté de détruire le règne de l’argent.


La SCM renvoie en réalité  à l’image mythologique et archétypale de l’Hydre à plusieurs têtes : elle est redoutable et semble indestructible. Mais les héros finiront pourtant par la tuer…

Michel Geoffroy
17/11/2009

Correspondance Polémia
28/11/2009

Voir: Première partie

http://www.polemia.com/article.php?id=2546


Image : babelzéro
 

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