L'identité nationale selon Besson : la preuve par M. Yahya El Mir !

jeudi 5 novembre 2009

M. Besson a ouvert un site Internet de « Débat sur l’identité nationale » : il l’a confié à une entreprise mondialisée, dirigée par un patriote marocain, parlant « globish » et délocalisant les emplois par recours aux ressources « offshore ».

Explications ? Non, réinformation par les faits :


Le site de « Débat sur l’identité nationale » du ministère Besson a été confié très rapidement (après appel d’offres ?) à la société SQLI, une société aimée des grandes entreprises (PSA, Airbus) et de l’Etat. Selon le président de son directoire : « Les plus gros contrats signés récemment l’ont été dans le secteur public (ministère de la Défense et hôpitaux). Il n’y a pas, dans ces domaines, d’impact de la conjoncture. » Source CFO News, 2 décembre 2008 :
http://www.sqli.com/index.php/fre/actualites/revue-de-presse/CFO-news.com

La société SQLI a pour président M. Yahya El Mir, un brillant ingénieur à la tête d’une société qui s’est fortement développée par acquisitions externes et… délocalisations.

Ce choix conduit à poser plusieurs questions :

Est-il légitime de confier un débat sur l’identité nationale à une entreprise dirigée par un patriote étranger ?

M. Yahya El Mir est en effet présenté comme un « Marocain brillant » dans tous les articles de presse qui lui sont consacrés. Peut-être a-t-il aussi la nationalité française mais, dans ce cas, pourquoi n’en fait-il pas davantage état ?

M.Yahya El Mir a gardé – c’est bien naturel – des liens étroits avec sa ville natale Oujda. Il y a animé le 26 avril 2009 une conférence sur : « Le marché des services informatiques en France et les opportunités qu'il représente en matière d'emplois hautement qualifiés pour le Maroc. » Il y a relevé que : « Le Maroc dispose de tous les atouts pour le développement de l'offshore en matière des services informatiques. » M. Yahya El Mir a enfin noté que « L'offshore est une évolution incontournable dans l'industrie de l'informatique ». « A Oujda: le Maroc dispose de tous les atouts pour développer l'offshore ».

Est-il normal que le prestataire choisi pour réaliser le site Internet d’un ministère français se prononce aussi ouvertement pour la délocalisation des emplois ?

M. Yahya El Mir a d’ailleurs mis en œuvre ses principes. Il a déclaré à Boursorama le 11 octobre 2006 : « Nous disposons également d'un centre offshore au Maroc, que nous utilisons pour nos projets au forfait. Les forfaits représentent 50% de notre activité. » La recherche–développement de SQLI est aussi en partie délocalisée. Et ce alors même que M. Yahya El Mir reconnaît que là où son entreprise se développe (les « solutions métiers », le conseil, la « Web agency ») « les tarifs de ces prestations sont élevés et peu concurrencés ». Il est vrai qu’en bon patriote marocain (qui songerait à le lui reprocher ?), M. Yahya El Mir précise : « L’aspect affectif a également compté ». C’est ce que Yahya El Mir appelle le « nearshore ».
Sources : CFO News, op.cit., décembre 2008 et Maroc entrepreneurs, juillet 2004
http://www.marocentrepreneurs.com/newsletters/article.php?id_article=10

Quatre questions se posent donc :

– Où a été élaboré le site de débat sur l’identité nationale : en France ou au Maroc ?
– Où sont installés les « modérateurs » qui censurent les contributions des Français avant publication sur le site : en France ou au Maroc ?
– Quelles sont les marges dégagées sur le compte du contribuable ?
– Et pourquoi avoir choisi comme fournisseur un patriote marocain plutôt qu’un patriote français ?


Enfin, ceux qui considèrent que la langue française est un élément de l’identité française ne manqueront pas, eux non plus, d’être surpris.

D’abord, en découvrant le jargon anglo-saxon utilisé par M. Yahya El Mir dans ses entretiens avec la presse : son « storytelling » est une preuve meilleure de son intégration au monde des affaires que de son intérêt pour la culture française.

Ensuite, en allant visiter le site de la société : http://www.sqli.fr son offre et son « blogs experts » sont directement en « globish ». Certes, le monde Internet est par nature ouvert à l’anglais. Mais M. Besson, qui porte son républicanisme en bandoulière, peut-il oublier que selon la Constitution « Le français est la langue de la République » ?

La conclusion est claire : pour réaliser son site de « Débat sur l’identité nationale », M. Besson a choisi une entreprise mondialisée, dirigée par un patron étranger, usant du globish davantage que du français et délocalisant une partie des emplois par un recours aux ressources « offshore » !

Guillaume Bénec’h
Polémia
05/11/2009


L’auteur tient à préciser que l’idée de cet article est née de la lecture d’un commentaire de l’excellent site, français fait par des Français parlant français : http://www.fdesouche.com/.

Image : Yahya El Mir, PDG SQLI
SQLI est une société de services informatiques, forte d’environ 2.000 personnes, présente en France et dans d’autres pays européens tels que la Suisse, le Bénélux, ainsi qu’au Maroc.
 
 

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