La super-classe mondiale contre la démocratie

jeudi 29 octobre 2009

XXVe Université annuelle du Club de l’Horloge, les 17 et 18/10/2009
(voir : http://www.polemia.com/article.php?id=2433)

Intervention d’Yvan Blot



Le cadre international a été examiné dans les exposés de la veille. Il reste à analyser comment, dans le cadre national, la démocratie est actuellement vidée de son contenu par l’oligarchie au pouvoir. Il faut aussi voir que ce système politique oligarchique est philosophiquement fondé sur ce que Heidegger appelle le « Gestell » ou « dispositif d’arraisonnement utilitaire » qui est un dispositif mondial et qui développe une logique étrangère à la démocratie, remplacée par une « gouvernance fonctionnelle ».

1/- La démocratie est politiquement vidée de son contenu par le système oligarchique

a)  Les sentiments des citoyens sont révélateurs : d’après l’enquête des sociologues Bréchon et Tchernia, l’immense majorité des Français considèrent qu’ils n’ont aucune influence sur le destin du pays. Leur confiance dans les institutions politiques est faible : 40% ont confiance dans le Parlement et 16%  dans les partis politiques. Par contre, 80% ont confiance dans l’armée, la police ou le système de santé français.

b) Objectivement, la liberté des Français est fort mal assurée. Deux indicateurs : la France est après la Turquie le pays le plus condamné par la Cour européenne des droits de l’homme pour atteintes à la liberté d’expression ; le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé d’Europe après le Danemark.
L’égalité des Français est politiquement un mythe. Le citoyen français, contrairement au citoyen suisse, ne peut fixer le montant des impôts ou participer directement à la confection des lois par référendum. L’oligarchie politique au pouvoir se réserve le pouvoir de faire la loi et il n’y a aucun contrôle sérieux du pouvoir par les citoyens en France.
La fraternité est une valeur en berne, dans une nation atomisée frappée par les ravages de la société multiculturelle : le socle culturel de la démocratie est menacé.

c) Relisons la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ». Sur 17 articles, les deux tiers sont violés (pas de séparation des pouvoirs, pas de référendums fiscaux ou législatifs contrairement aux articles 14 et 6 ; pas d’impôt proportionnel, etc…)

d) Les mécanismes démocratiques sont dévoyés. Le choix des dirigeants politiques par les électeurs est totalement « encadré » et biaisé : règne des partis, domination de la fonction publique, etc. Le pouvoir exécutif gouverne sans contrôle effectif du peuple. Le pouvoir législatif est soumis à l’exécutif.


2/- L’idéologie du « Gestell », sous-bassement philosophique de la « gouvernance » qui consiste en l’oligarchie au pouvoir n’est en rien démocratique

Le « Gestell », ou « arraisonnement utilitaire » des hommes par le système techno-économique mondial, a quatre caractéristiques correspondant aux quatre causes d’Aristote : la logique technique « fonctionnelle » se substitue aux racines culturelles ; l’argent étouffe les autres valeurs normatives de la société ; le peuple est réduit par la propagande médiatique en masse irresponsable égalitaire ; l’ego individuel est survalorisé au détriment de la religion et de toute sacralité sociale. Ces quatre évolutions servent les intérêts de l’oligarchie mondialiste qui a besoin que les hommes soient interchangeables en tant que matières premières primordiales (consommateurs et producteurs).

a) Les racines (religion, nation, famille, etc) sont affaiblies ou remises en cause au nom de la logique économico-technique mondiale. Elles font parfois l’objet d’une véritable persécution médiatique et juridique afin de s’assurer de la parfaite interchangeabilité des hommes.

b) La crise des valeurs se traduit par la montée du crime, l’absence de civisme, le matérialisme sans idéal, notamment national.

c) Les doctrines des « faux prophètes » Voltaire, Rousseau, Marx et Freud ont valorisé un individualisme illimité. Le super-marché (temple de la consommation) est le lieu où s’accomplit la cause finale proposée au citoyen (consommer) et a remplacé l’église traditionnelle.

d) La masse irresponsable est confortée dans l’irresponsabilité et l’oligarchie cherche à éviter ses responsabilités propres : la banque où la responsabilité des propriétaires a disparu au profit de l’irresponsabilité des managers est à l’origine de la crise financière. Nécessité de rétablir des responsabilités : la société en commandite. Politiquement, le système tend vers une gouvernance « d’experts » et vers des exécutifs gouvernementaux sur lesquels les peuples n’ont plus aucune prise. Le retour à la responsabilité dans le monde politique passe par l’introduction de la démocratie directe. Celle-ci a permis à la Suisse de sauvegarder une relative indépendance, en dépit de la petite taille du pays.

Les quatre tendances exposées ci-dessus minent l’existence d’une véritable démocratie, qui a besoin d’un socle identitaire, de valeurs autres que le seul argent, de civisme et non d’individualisme illimité, et de responsabilité des gouvernants devant les citoyens. Le système n’a d’ailleurs pas besoin de démocratie, sinon comme prétexte idéologique, mais se gère dans le cadre d’une gouvernance aux mains d’experts autoproclamés.


Conclusion : L’oligarchie au pouvoir prétend avoir une légitimité démocratique. Mais celle-ci est minée de l’extérieur (mondialisme) et de l’intérieur (le « système » politique a réussi à éliminer tout contrôle réel du peuple). Cette oligarchie exerce toutefois un pouvoir dans une logique de court terme qui aboutit à l’autodestruction à plus long terme. Sa remise en cause est donc inévitable. Les forces de résistance susceptibles de réduire son pouvoir sont les victimes du système et les « héros », membres de catégories sociales non asservies à l’utilitarisme immédiat (certains militaires, policiers, professeurs, médecins, religieux, etc.). Ces forces sont plus ou moins grandes selon les nations mais peuvent développer une solidarité dans la mesure où la plupart des pays, notamment en Europe, font face à des défis analogues. Même les Etats-Unis, centre du pouvoir mondialiste, sont menacés d’autodissolution en tant que nation à long terme.

Yvan Blot
Club de l’Horloge
18/10/2009

Corresondance Polémia
29/10/2009

Image : Couverture de la revue Eléments, n° 124, printemps 2007.

 

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