Sarkozy/Besson/Copé : négationnistes de l'identité française

jeudi 29 octobre 2009

En voyage en Algérie, Zinedine Zidane a proclamé, le 12 décembre 2006 : « Je suis fier d'être algérien ». Plus récemment l’ex-champion de France a déclaré que si l’Algérie était qualifiée pour la Coupe du monde de football, il irait à Johannesbourg soutenir l’équipe d’Algérie.


Zidane : Algérien de souche d’abord


Né à Marseille, n’ayant jamais vécu en Algérie, marié à une Française, père d'enfants français, présenté comme un modèle d’intégration, Zinedine Zidane souligne ainsi le poids des origines : français de nationalité, il se sent algérien de souche.
Tout comme se sentent maghrébins de souche ces dizaines de milliers de binationaux Franco-Maghrébins qui chaque année choisissent d’aller chercher « au bled » un mari ou une femme de même origine qu’eux… et qu’ils ramènent ensuite en France.
Pendant ce temps-là, en France, la classe politique se rallie à une conception désincarnée de la nation portée par des négateurs de l'identité française.


Le métissage obligatoire vu par Copé, Sarkozy, Fillon


Annonçant un grand débat sur l’identité nationale, Eric Besson a déclaré, à l’émission Mots croisés, le 26 octobre 2009 : « La lettre de mission que j’ai reçue du président me dit : “Notre nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale”. » Et Eric Besson d’ajouter : « On a un président de la République qui a dit : “Je suis un homme de sang mêlé à la tête d’une nation métissée”. »

C’est là une constante de l’opinion de Nicolas  Sarkozy, dont la seconde femme, Cécilia, se flattait « de n’avoir pas une goutte de sang français ». Dans son livre-programme de juillet 2006, Nicolas Sarkozy écrivait, lui (p. 280) : « Je pense que les Français attendent une France d’après. (…) C’est une France où l’expression “Français de souche” aura disparu. » Il précisait ainsi son propos lors d’un discours de fin de campagne 2007 : « La France, ce n’est pas une race, ce n’est pas une ethnie, c’est une République », une République où « le droit à l’avortement fait partie de notre identité ».

Dans cette même veine, Nicolas Sarkozy a déclaré, le 17 décembre 2008, à Polytechnique, temple du mérite républicain : « L'objectif, c'est relever le défi du métissage. (…) Ce n'est pas un choix, c'est une obligation. (…) On ne peut pas faire autrement. Au risque de nous trouver confrontés à des problèmes considérables. Nous devons changer (…) partout en même temps, dans l'entreprise, dans les administrations, à l'éducation, dans les partis politiques. Et on va se mettre des obligations de résultat. Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra [sic] alors que la République passe à des méthodes plus contraignantes encore. »

François Fillon n’est pas en reste : à La Réunion, le 9 juillet 2009, il a parlé « d’une France unie, une France multicolore, qui n’a jamais eu d’autre drapeau que le drapeau tricolore [sic !] (…) Une France qui poursuit son travail millénaire de métissage. » [Re-sic !].


Une définition purement idéologique de la nation

Quant à Jean-François Copé, il a précédé le grand débat annoncé sur l’identité nationale par cette déclaration au Monde, le 17 octobre 2009 : « L’identité française doit être profondément renouvelée et retravaillée. » Et le président du groupe parlementaire UMP d’ajouter : « Que l’on arrête de faire croire à nos enfants que nos ancêtres étaient tous des Gaulois. »

Il y a là à la fois une vision constructiviste (on va modeler une nouvelle vision de la nation comme on modèlerait un morceau de glaise) et déconstructionniste de la France (on fait table rase de 2000 ans d’histoire !).


Le tabou de l’ethnie française

Il y a là le tabou de l’ethnie, comme chez Ségolène Royal ; tabou qui l’avait conduite à déclarer, le 29 septembre 2006 : « Etre français, c'est le drapeau et la Sécurité sociale ; il faut arrêter de parler des Français de souche comme s'il existait des Français de feuillage ou de branchage. »

Ce qui revient à nier à la nation (alors même que l'origine étymologique du mot « natio » renvoie à la naissance) toute notion d'origine. Ce qui aujourd'hui encore est une erreur juridique puisque le principal mode d'accès à la nationalité française reste la filiation, principe selon lequel « naît français l'enfant né de parents français ». Et ce principe reste particulièrement important au moment où, dans le cadre d'une économie mondialisée, des millions de Français s'expatrient sans perdre le droit à la nationalité française ni pour eux-mêmes ni pour leurs enfants, y compris lorsque ceux-ci naissent sur un sol étranger.


Le tabou de la catholicité


De la même manière, il n'est guère raisonnable de vouloir « débarrasser » l'identité française de la catholicité. Non qu'il ne soit pas possible d'être français en appartenant à une autre religion ou en ayant cessé d'adhérer au dogme catholique lorsqu'on a été baptisé mais tout simplement parce que l'identité de la France s'est nourrie du catholicisme.

Les cathédrales, les églises, les chapelles et les oratoires marquent les paysages. La littérature, la peinture, la sculpture françaises sont aussi profondément imprégnées de catholicisme. Et celui-ci a repris à son compte bien des traditions antérieures, helléniques ou celtiques, qu'on retrouve dans la théologie (la foi et la raison), le culte marial et celui des saints. Les cathédrales et les églises occupent d'ailleurs de très anciens lieux sacrés, ce qui n'est pas le cas des mosquées, des synagogues ou des pagodes qui ne puisent pas aux mêmes racines géographiques et symboliques.


Le tabou de l’histoire française

Se « débarrasser » des origines ethniques et religieuses de la France conduirait aussi inéluctablement à se « débarrasser » de son histoire car celle-ci y est intimement liée.
Si la France cessait d'être une « nation européenne et chrétienne », elle ne pourrait plus sans autoculpabilisation évoquer les périodes majeures de son histoire : les croisades qui l'ont opposée au monde musulman ; les grandes découvertes qui l'ont conduite à transformer le monde en le colonisant.


Le tabou de la culture française


La culture française est elle-même inséparable des origines européennes et chrétiennes de la France : ce sont les mythologies antiques et les textes chrétiens qui ont fourni leurs sources d'inspiration principales aux artistes et aux écrivains depuis plus de dix siècles. Y renoncer reviendrait à faire table rase d'un prodigieux héritage ! C'est pourtant ce qui commence à se faire dans certains secteurs de l'éducation nationale (?) où des textes classiques susceptibles de choquer « les minorités visibles », par leur liberté de ton ou leurs références, sont progressivement censurés.

L'organisation de la vie et des jours est aussi structurée par l'héritage européen et chrétien, qu'il s'agisse du calendrier, avec les fêtes chrétiennes rythmant l'année en fonction du cycle des saisons et des traditions ancestrales ; ou des plaisirs de la table, avec le double rôle du cochon, mets traditionnel, et du maigre du vendredi consacré au poisson. Cet apport se retrouve aussi dans la langue, dont le vocabulaire et les expressions idiomatiques expriment aussi l'héritage multiséculaire de la France. Au nom de quoi faudrait-il y renoncer ?


Refuser de laisser déconstruire et détruire la France


En clair, « débarrasser » la nation française de toute référence aux origines et à la religion, c'est la déconstruire complètement, et donc la détruire. Cette démarche est d'ailleurs parfaitement irréaliste. On peut verbalement prétendre nier le rôle des origines ou de la religion. On ne peut empêcher les hommes et les femmes de se regrouper par affinités spirituelles, culturelles ou musicales. Les entreprises et les commerces sont le lieu de la mixité ethnique et religieuse mais les loisirs, les écoles et les quartiers sont, que cela plaise ou non, le lieu de regroupements par affinités et donc bien souvent par origine.


Combattre les négationnistes de l’identité française

Il serait temps que les Français, les Français de souche en tout cas, eux qui malgré tout restent les plus nombreux, se libèrent du carcan de l'idéologie dominante et combattent les négateurs de l'identité. Il y a un peu plus d'un siècle, dans une période de troubles et d'interrogations, Renan avait développé une thèse équilibrée de la nation : équilibrée, parce qu'elle refusait tout déterminisme absolu en laissant une part au choix, à la volonté individuelle. Pour autant, dans l'esprit de Renan la nation ne se réduisait pas à un « plébiscite de tous les jours ». Celui-ci ne venait que couronner ces données fondamentales qu'étaient à ses yeux l'origine, la religion, la langue, l'histoire, la géographie. Il est temps d'en revenir à cette définition de bon sens ! Il faut faire sauter le tabou de l'ethnie, de la religion et de la culture françaises.

Ecoutons pour cela le conseil de Nicolas Sarkozy déclarant, à Ryad, le 14 janvier 2008 : « Mes chers amis d’Arabie Saoudite, il ne s’agit pas de chercher à imposer un modèle unique de civilisation. (…) Ce serait nier les identités. (…) Rien n’est plus dangereux qu’une identité blessée, une identité humiliée. »

Jean-Yves Ménébrez
28/10/2009

Correspondance Polémia
29/10/2009

Voir image : Eric Besson



 

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