Polanski/Mitterrand : la réinfosphère nourrit la révolte populiste contre la « decadentsia » (édito 10/09)

mardi 13 octobre 2009

Frédéric Mitterrand est au cœur du système : à la charnière du monde politique et du monde médiatique. Il reste ministre malgré sa « Mauvaise vie » précisément parce qu’il a été choisi comme ministre grâce à sa « mauvaise vie ». Pour justifier le choix de nommer Frédéric Mitterrand ministre, Nicolas Sarkozy avait déclaré en septembre dernier au Nouvel Observateur : « Quant à l’ouverture, Frédéric Mitterrand la caractérise magnifiquement. J’avais trouvé son livre La Mauvaise Vie courageux et talentueux ».

Pour Nicolas Sarkozy, qui avait fustigé la pédophilie pendant sa campagne électorale présidentielle, il s’agissait par cette nomination de se rallier le soutien de la « decadentsia », adepte du tourisme sexuel et des bordels « à garçons » du Sud-Est asiatique ; une « decadentsia » très influente dans les milieux médiatiques et culturels où elle s’est constituée en puissant lobby. C’est ce qui explique que le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre persistait à dire, le 10 octobre 2009, que « Frédéric Mitterrand est un atout pour le gouvernement ».

C’est la même démarche qui conduit l’UMP à promouvoir le statut de beau-parent, étape vers l’adoption d’enfants par les couples homosexuels, sous couvert « d’homoparentalité ». Il s’agit toujours de gagner de la connivence et des soutiens dans des milieux très influents dans le monde médiatique.


La stratégie à double détente du sarkozysme

L’affaire Frédéric Mitterrand met en lumière la stratégie à double détente du sarkozysme :

- utiliser des ressorts populistes en campagne électorale ;
- mais exercer le pouvoir en ménageant les lobbys les plus puissants : « antiraciste » pour la politique de l’immigration ; « decadentsia » dans le domaine des valeurs et des politiques familiales et culturelles.

Une nouvelle alliance s’est ainsi constituée : d’un côté, la classe médiatique relaie avec complaisance les annonces gouvernementales et les images qui les accompagnent ; de l’autre, l’exécutif élyséen et gouvernemental respecte strictement les canons de l’idéologie dominante et la vue du monde de la classe médiatique. C’est la nouvelle forme du « Yalta culturel ».


La réinfosphère, un chien dans le jeu de quilles politico-médiatique

Le rôle croissant d’Internet perturbe ce jeu. La réinfosphère empêche la connivence politico-médiatique de bien fonctionner.

D’abord, en mettant en lumière des faits qui autrement seraient occultés ; la réaction de Frédéric Mitterrand à l’affaire Polanski a choqué ; des internautes ont alors cherché à comprendre en se reportant à son livre La Mauvaise Vie ; ils en ont mis en ligne les passages les plus significatifs (sur les « garçons », les « gosses »), tout comme les commentaires qu’en fit Frédéric Mitterrand lui-même lors du lancement du livre à la télévision.

A la suite du site fdesouche.com/, qui a joué un rôle clé dans l’émergence de l’affaire, et d’autres sites comme lesalonbeige.blogs.com/ et fr.novopress.info/, la réinfosphère s’est emparée de l’affaire. Les grands médias officiels ont alors été contraints d’en parler aussi, L’Express, dirigé par Christophe Barbier, proche de Carla Bruni, se ridiculisant en parlant de « fachosphère » pour désigner un mouvement général de condamnation des fautes de Frédéric Mitterrand et de sa vision du monde qu’il définit ainsi : « L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système ».


Le clivage peuple/élites

Car l’indignation dans l’affaire Polanski/Mitterrand a concerné tous les milieux : tous les journaux ont reçu sur leurs sites internet d’innombrables commentaires de leurs lecteurs marquant leur désapprobation et leur condamnation d’articles complaisants vis-à-vis des pédophiles pour peu qu’ils soient puissants.

Le médiateur du quotidien Le Monde s’est fait l’écho de la volée de bois de vert reçue de ses lecteurs à la suite d’articles relativisant le crime de viol sur mineure du cinéaste Polanski. Décryptant ses propres méthodes de désinformation, Alain Frachon, directeur de la rédaction, admet les critiques des lecteurs et reconnaît : « Sous le coup de l'émotion, nous avons eu un réflexe plutôt pro-Polanski qui a pu marquer notre présentation » :
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/10/09/pro-polanski-par-veronique-maurus_1251727_3232.html

Dans cette affaire le clivage gauche/droite s’est effacé au profit du clivage peuple/élites : c'est-à-dire lecteurs contre journalistes, internautes contre professionnels des médias, électeurs contre élus, simples citoyens contre célébrités.

Certains dirigeants politiques ont d’ailleurs choisi de chevaucher cette vague : Marine Le Pen, qui a acquis de l’autorité sur son camp en prenant le risque de se faire mal voir de la classe médiatique ; mais aussi des dirigeants socialistes comme Benoît Hamon ou Jean-Paul Huchon, conscients de la coupure entre le peuple et l’oligarchie germanopratine.

L’entrée en résonance de la réinfosphère et du populisme a commencé : elle n’a pas fini de faire des vagues !

Polémia
12/10/2009

voir :
http://e-deo.typepad.fr/mon_weblog/2009/10/immonde-des-forums-p%C3%A9dophiles-soutiennent-fr%C3%A9d%C3%A9ric-mitterrand-.html

Image : article.mitterrand.hadopi.jpg
 

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