Atlas de la démographie médicale 2009 : de sérieuses menaces sur l'accès aux soins

mercredi 23 septembre 2009

La 3ème édition de l’Atlas de la démographie médicale vient d’être publiée. La situation n’est pas florissante et l’avenir n’est pas rose. Dans certains secteurs de France, l’accès aux soins devient très difficile, « le médecin de campagne » est en voie d’extinction. La densité des médecins en milieu rural s’amenuise et le recrutement de médecins étrangers ne résout pas la désertification médicale de nos campagnes.
La raison première de ce déclin est connue : il résulte d’un numerus clausus mal géré qui limite chaque année le nombre d’étudiants admis en 2ème année de médecine. Malgré les tentatives de rattrapage depuis la fin des années 90 par une augmentation de ce fameux numerus clausus ce n’est que d’ici 12 ans, selon les experts, que sera retrouvé un nombre suffisant de médecins pour répondre aux demandes d’accès aux soins.

Ci-après le communiqué de presse du Conseil national de l’Ordre des médecins présentant son Atlas de la démographie médicale 2009.

Polémia



Le Conseil national de l’Ordre des médecins présente la 3ème édition de son Atlas de la démographie médicale, réalisé à partir des chiffres du Tableau de l’Ordre. Plusieurs indicateurs, tels que le vieillissement de la population médicale, l’aggravation du problème des spécialités en crise et l’accentuation des disparités régionales, indiquent qu’il est urgent de remédier aux problèmes d’accès aux soins causés par l’évolution de la démographie médicale.

Au moment où la réforme de l’organisation des soins prévue par la loi HPST est mise en œuvre, l’Atlas de la démographie médicale du CNOM (Conseil national de l’Ordre des médecins) dresse un état des lieux des effectifs médicaux et des évolutions de la situation du corps médical.
 
La population médicale baisse et vieillit
 
Comme prévu, le nombre de médecins en activité régulière baisse de manière importante cette année : 2% (  1er janvier 2008 : 203 855 - 1er janvier 2009 : 199 736). La densité médicale diminue, avec 290,3 médecins pour 100.000 habitants, contre 300,2 en 2008. Alors que le nombre de nouveaux inscrits augmente de 1,2%, le nombre global de médecins retraités augmente de +5,2%. Le vieillissement du corps médical, déjà annoncé plusieurs fois par le CNOM, ces dernières années, se confirme donc nettement.
 
En outre, le nombre de médecins âgés de moins de 40 ans a baissé de 12% par rapport à 2008, alors que les médecins âgés de plus de 50 ans a augmenté de 53% : avec un âge moyen de 51 ans parmi les médecins en activité, le nombre de médecins retraités va donc continuer à augmenter sérieusement dans les années à venir, sans compter que l’Ordre a déjà souligné ces dernières années le grave problème de certaines spécialités, qui va encore s’accentuer.
 
Les disparités régionales s’accentuent et l’installation en mode libéral diminue
 
Les inégalités territoriales s’accentuent, de la région PACA avec 375 médecins en activité régulière pour 100 000 habitants (385 au 1er janvier 2008) à la région Picardie avec 237,9 médecins pour 100 000 habitants (245,5 au 1er janvier 2008). De manière générale, l’Atlas montre que dans les régions à faible densité médicale les médecins libéraux sont plus âgés et que, de ce fait, la relève risque de ne pas être assurée.
 
A noter que le recrutement de médecins ayant un diplôme européen ou extra-européen ne résout pas les problèmes d’accès aux soins, ceux-ci ne s’installant pas dans les zones déficitaires, mais en Ile-de-France et en PACA.
 
De plus les nouveaux inscrits continuent à préférer s’installer dans les grandes villes et à proximité des CHU, en dépit de l’octroi d’aides à l’installation. Les chiffres confirment donc les conclusions émises les années précédentes : les mesures d’incitation ou de coercition destinées à favoriser le retour des médecins dans les zones sous-dotées ne se révèlent pas efficaces et les jeunes médecins se détournent de la médecine de soins.
 
Les propositions du CNOM pour remédier aux problèmes d’accès aux soins
 
Le regroupement des médecins
Des moyens doivent être donnés pour favoriser le regroupement professionnel, en libérant les médecins des charges administratives et en leur permettant d’exercer à temps partiel ou avec des temps additionnés entre zones sur- et sous-dotées.
 
La rémunération des médecins
Le CNOM propose qu’une réflexion soit menée sur les possibilités de rémunération panachée entre rémunération à l’acte et au forfait.
 
La création d’un statut du médecin remplaçant
Pour garantir un nombre stable de médecins dans les territoires, le CNOM demande la création d’un statut de médecin remplaçant, et propose de plafonner la durée de remplacement hors statut à la sortie de l’Internat.
 
En effet, l’étude spécifique sur les médecins remplaçants menée pour la 2ème année consécutive par le CNOM montre que la présence des médecins sur le territoire est de plus en plus volatile, particulièrement en milieu rural. Ainsi en 2008 le cap de 10.000 remplaçants a été dépassé, ce qui représente  5% des médecins inscrits. De plus, 25% des nouveaux inscrits choisissent de devenir remplaçants, contre 66% préférant le salariat et seulement 10% s’installant en pratique libérale. A noter que parmi les remplaçants, la proportion d’hommes est passée de 43 à 47% en un an. Enfin, de plus en plus de médecins libéraux quitte leur cabinet pour n’exercer que comme  remplaçants ce qui explique que l’âge moyen d’inscription comme remplaçant est de 49 ans.
 
Le CNOM a par ailleurs entrepris dès cette année des études destinées à la publication d’atlas régionaux qui seront disponibles fin 2009 et dont les premièrs sont présentés ce jour.
 
L’Ordre des médecins rappelle que la réorganisation actuelle du système de soins ne peut se faire de manière pragmatique sans son expertise. C’est dire le rôle qu’il entend voir jouer par ses  Conseils régionaux et départementaux auprès des ARS.

08/09/2009
http://www.conseil-national.medecin.fr/?url=presse/article.php&id=162

Correspondance Polémia
23/09/2009

Image : Médecin de campagne dans les années 50
 

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