Bienvenue à Trouilleland !

mardi 1 septembre 2009

Des vacances à l’étranger (pour ceux qui peuvent encore se les payer…) sont parfois l’occasion, au retour, de voir notre beau pays avec un œil neuf. Petit témoignage.

Avant d’atterrir à Roissy, on vous a indiqué dans l’avion que si dans une semaine vous avez de la fièvre vous devez contacter d’urgence votre médecin : vous avez en effet peut-être contracté une mauvaise grippe A (H1 N1). Dans l’avion quelqu’un tousse : tout le monde le regarde avec inquiétude.

Descendu d’avion, vous montez dans le car qui vient vous chercher en bout de piste : sur l’écran intérieur vous lisez alors le message défilant suivant : méfiez vous des pickpockets : surveillez vos effets personnels.

Vous voici arrivé dans l’aéroport. Vous entendez alors un haut parleur indiquer qu’un bagage semble abandonné et que son propriétaire est prié de venir le récupérer. Las, le propriétaire n’étant visiblement pas assez rapide, vous apprenez, quelques minutes après, qu’il s’agit désormais d’un « colis suspect » : voici donc tous les passagers empêchés de sortir du terminal par un cordon martial de parachutistes au regard d’acier. Sans doute pour les protéger dudit colis suspect. Qui n’a finalement rien de suspect. Ouf on respire !

Trouilleland : le pays où l’on cultive la peur

Vous prenez le taxi pour rejoindre votre domicile : le véhicule est heureusement pourvu d’un détecteur de radar : il faut se protéger du risque de « perdre ses points » en effet. Les portes se bloquent automatiquement après le démarrage : sans doute craint-on que les passagers ne sortent en marche ? Ou que des autostoppeurs ne montent à l’arrêt ? Sur la banquette traine un journal gratuit : la première page est consacrée à l’imminence d’une grippe qui nous menace tous : on dit pandémie cela parait plus terrible encore.

La radio gentiment allumée par le chauffeur, déverse pendant ce temps son flot « d’informations » destiné à vous rassurer : réchauffement climatique, inondations en Asie, nucléaire iranien, meurtres, enlèvements, attentat au Pakistan, déclarations tonitruantes de tel ou tel ministre contre les algues vertes. Si vous regardez dehors, vous pouvez lire sur les panneaux publicitaires que « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé » ou qu’il faut « éviter les nourritures trop grasses ou trop sucrées ».

Vous arrivez enfin chez vous, non sans avoir franchi un grand nombre de « ralentisseurs » car chacun sait que la vitesse est dangereuse : heureusement vous n’avez pas (encore) été cambriolé et il n’y a pas de fuite d’eau !

Ce petit parcours n’a rien d’imaginaire malheureusement.

La France est en effet devenue Trouilleland : le pays où l’on cultive la peur.

La peur : axe principal de la communication de l’oligarchie européenne

Cette situation  résulte de plusieurs facteurs.

D’abord les français vieillissent : comme tous les vieux ils se préoccupent de plus en plus de leur santé et veulent éviter l’inconnu ou le risque.

Mais surtout la promotion de la peur est devenue l’axe principal de la communication de l’oligarchie européenne à l’égard du bon peuple. La France est en effet le pays où les autochtones sont priés fortement par les pouvoirs publics, ceux de Paris comme de Bruxelles….d’avoir peur de tout.

La peur, un fructueux marché en expansion

On pensait pourtant jusqu’à présent que le pouvoir devait procurer la sécurité et donc rassurer : c’était d’ailleurs le fondement de la légitimité depuis HOBBES ou MONTESQUIEU. Ainsi par exemple si l’on constatait qu’il y avait des tire-laine dans les aéroports, il appartenait à la police et à la justice –c'est-à-dire à la puissance publique–  de les mettre hors d’état de nuire.

Mais si vous pensez cela, c’est que vous n’êtes qu’un franchouillard réactionnaire, sinon pire encore. Car  aujourd’hui le schéma s’est inversé : les pouvoirs publics se bornent à vous indiquer que des pickpockets « sont susceptibles d’opérer dans cette gare » : à vous de vous en prémunir en ne les tentant pas. On vous a averti, débrouillez vous tout seul. Tel est le sens du message subliminal qui s’imprime alors dans votre esprit.

En d’autres termes, c’est désormais en faisant peur et non plus en garantissant la sécurité, que l’oligarchie occidentale assure sa domination : la peur est devenue son dernier argument politique.

C’est aussi un fructueux marché en expansion, en particulier animé par le durcissement perpétuel des normes « de sécurité », qui conduit au renouvellement rapide des services et des matériels. L’oligarchie, en faisant peur, joint ainsi l’utile à l’agréable : conforter à la fois son pouvoir et ses bénéfices.

Trouilleland repose ainsi sur les ressorts psychologiques suivants.

D’abord nos concitoyens sont sommés périodiquement d’avoir peur de périls ou de « risques » hypothétiques sinon forgés de toutes pièces par le Système : trou de la couche d’ozone, montée des eaux, OGM, huîtres malsaines, violences conjugales, nationalisme russe, racisme, antisémitisme etc.…

L’hygiénisme despotique : une méthode orwellienne

On se rappellera que l’écrivain G.ORWELL dans son livre 1984 mettait en scène dans la société despotique qu’il décrivait, le « quart d’heure de la haine » : celui où les sujets du nouvel ordre étaient priés de haïr périodiquement un être imaginaire et malfaisant, coupable de tous les dysfonctionnements .Cette liturgie de la haine était un moyen de contrôler psychologiquement les individus.

L’oligarchie occidentale nous impose, elle, chaque jour « le quart d’heure de la peur » : mais la finalité reste la même que dans le livre d’ORWELL. Car progressivement s’instaure au nom de la précaution contre les « risques », une sorte d’hygiénisme despotique qui n’est qu’un nouveau moyen de contrôle des populations. Trouilleland est de plus en plus une société de contrôle et de prohibition. 

L’indifférence de l’oligarchie vis-à-vis des vrais périls

Mais la peur se nourrit ensuite aussi de l’indifférence manifestée par cette même oligarchie occidentale vis-à-vis des vrais périls auxquels sont confrontés nos concitoyens : insécurité, immigration, islamisation, crise économique, fiscalisme, dénatalité.

Nos concitoyens ont alors raison d’avoir peur parce qu’ils voient que l’oligarchie non seulement ne fait pas grand-chose pour juguler ces périls, mais trouve des tas de bonnes raisons pour justifier son incompétence : l’immigration n’est elle pas « une chance pour la France » ? Ne faut –il pas distinguer le bon musulman du méchant islamiste ? La prospérité n’est elle pas au coin de la rue ?

Mais dans tous les cas Trouilleland  renforce son emprise.

Alors comment s’échapper de ce pays terrifiant ?
En faisant  peur tout simplement à l’oligarchie : il parait que cela s’appelle le populisme.


Michel Geoffroy
31/08/2009

Correspondance Polémia
01/08/2009

Image : Attention aux pickpockets

 

Archives Polemia