Cohn-Bendit : l'angélisation de l'ogre (édito 06/2009)

lundi 8 juin 2009

L’ogre appartient à l’imaginaire européen. A travers les légendes et les contes, l’ogre symbolise le monstre dont les enfants doivent se protéger : l’ogre, c’est l’adulte pédophile qui abuse sexuellement les mineurs ou leur fait perdre leur innocence.


Les aveux de l’ogre

Daniel Cohn-Bendit s’est vanté d’être l’un d’entre eux alors qu’il était animateur de jardins d’enfants à la crèche alternative de l’Université de Francfort. Dans un écrit autobiographique, Le Grand Bazar, il rapporte ses pratiques : « Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avoir choisi moi et pas les autres gosses ? Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même. » L’Observer retrouvera  même un texte de sa main paru dans un journal alternatif de Francfort en 1976 : « Mon flirt permanent avec ces enfants prit bientôt un tour érotique. Je pouvais parfaitement sentir comme les petites filles de cinq ans avaient appris à m’exciter. C’est à peine croyable. La plupart du temps, j’étais passablement désarmé. (…) Il m’est arrivé que plusieurs fois des enfants m’ont ouvert la braguette et ont commencé à me caresser. Selon les circonstances, j’ai réagi de façon diverse. Quand ils le voulaient, je les ai caressés. Alors on m’a accusé de perversion. »

Cette attitude aurait dû disqualifier Cohn-Bendit à jamais. Pourtant, lorsque François Bayrou évoqua brièvement ces faits, en réponse au chef de file des Verts qui prétendait lui donner des leçons de… morale, le patron du MODEM déclencha un tollé médiatique ; non pas contre Cohn-Bendit, mais contre lui-même.

Dirigeant l’émission de France 2, Arlette Chabot, icône conformiste et féministe, favorable aux minorités sexuelles, vint au secours d’un Cohn-Bendit aux abois et somma Bayrou de revenir à l’Europe et de ne pas pousser son avantage sur Cohn-Bendit. Et avant même la diffusion au public de l’émission préenregistrée, la classe politico-médiatique dominante engagea une campagne contre un Bayrou qui avait « pété les plombs » et, selon Le Monde, « fait déraper la campagne dans la polémique ».

C’est ainsi : il est médiatiquement interdit d’attaquer Cohn-Bendit : le vieux soixante-huitard et l’écologiste sont des espèces électorales protégées…


L’ogre joufflu de l’idéologie dominante

Principale figure de Mai 68, Cohn-Bendit est l’archétype des tenants de l’idéologie dominante imposée par la tyrannie médiatique :

- il est pour la rupture des traditions (c’est d’ailleurs à ce titre qu’il prétend avoir théorisé les rapports sexuels entre enfants et adultes par simple « provocations», « pour épater le bourgeois » ;

- il est pour « le mondialisme » ;

- il est pour l’antiracisme dans la suite des slogans de 1968 « Nous sommes tous des juifs allemands », « Français/immigrés : même combat ! » ;

- libertaire devenu libéral, il donne une sympathique touche « de gauche » au libéralisme mondialiste.

Siégeant depuis quinze ans au Parlement européen il a servi avec constance la superclasse mondiale en prônant l’abolition des frontières de l’Europe et l’ouverture de ses marchés et de ses emplois au reste du monde.

Au titre de son passé (« on ne touche pas à un ancien combattant de Mai 68 ») et des services qu’il rend dans le présent au mondialisme et à la classe d’affaires (ménageons nos « idiots utiles »), il est devenu intouchable.

Ainsi celui qui s’est classé de par ses écrits dans la catégorie des ogres est présenté à l’opinion comme un ange joufflu et débonnaire.


Une complaisance médiatique bien orchestrée

Les médias ont d’autant plus facilement fait la promotion de la liste écologique qu’il se trouvait au carrefour des deux grandes forces d’intérêt :

- une force idéologique, le mondialisme, qui, face à la crise financière, cherche à se recomposer : le mondialisme écologique venant se substituer au mondialisme économique ; il s’agit désormais de défendre la « planète » pour mieux relancer la spéculation financière (les droits carbones) et la production (les voitures propres, les logements économes en énergie, etc.) ;

- une force politique, l’UMP et Nicolas Sarkozy, voyant dans le mouvement écologique de Cohn-Bendit un moyen d’affaiblir deux concurrents dangereux pour les prochaines échéances : le PS et surtout le MODEM de François Bayrou.

C’est ce qui explique que les chaînes de télévision et de radio, privées comme publiques, ont rivalisé de complaisance pour le candidat Vert ; et qu’elles ont fait chorus pour le défendre face aux légitimes attaques de François Bayrou.
Dans le même objectif, la projection du film de propagande écologique Home, d’Artus Bertrand, a été lancé et programmé le vendredi précédant le vote.


Vote écolo, vote refuge, vote « gentil »

Reste qu’il fallait que l’électeur suive, ce qui n’est jamais acquis.

Mais le vote écolo a fonctionné comme un vote refuge : à défaut d’abstention. Si je ne suis pas content de mon parti (en l’occurrence, le PS) ou de mon candidat (qui a « dérapé »), alors je vote écolo !

C’est aussi un vote « gentil » : il s’agit de penser à la « planète » ; cela n’engage pas beaucoup mais cela n’est guère critiquable. Voilà un vote sympathique et facile à assumer pour les Bobos !

C’est aussi un vote soumis à l’esprit du temps fabriqué par l’omniprésence dans les médias du discours « réchauffiste » et du discours écologique.
Les questions écologiques sont d’ailleurs de vraies questions, en particulier en Ile-de-France où Cohn-Bendit a recueilli plus de 21% des suffrages.

Il est vrai que l’Ile-de-France est caractérisée par un double problème de saturation : saturation des transports publics, saturation des espaces urbanisables. Or cette saturation s’aggrave chaque année en raison d’installation en Ile-de-France de 80.000 immigrés supplémentaires (40% des 200.000 entrées en France ; deux fois Mantes-la-Jolie). Ce n’est pas évidemment les écologistes favorables à l’ouverture des frontières qui sont susceptibles de remédier à la situation. Mais la logique d’un vote d’inspiration médiatique c’est l’émotion et donc le déni, sinon le Dany, de raison.


Polémia

Pour une autre approche de l’écologie : « Pour une écologie humaine : l'homme et son territoire enraciné » :
http://www.polemia.com/article.php?id=1538

 

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