Paris, Moscou, Pékin, Téhéran : où en sont les libertés ? (édito 06/09)

jeudi 14 mai 2009

Où y a-t-il le plus de libertés aujourd’hui : à Paris ? à Moscou ? à Pékin ? ou à Téhéran ?
Pour un innocent lecteur du Figaro ou un simple spectateur de TF1, la question ne se pose pas : les libertés sont brimées à Moscou, bannies à Pékin et Téhéran, et protégées à Paris. Mais pour quiconque réfléchit, la réponse n’est pas si évidente. Car il y a certaines opinions qu’il est plus facile aujourd’hui d’exprimer à Moscou, voire à Téhéran et à Pékin, qu’à Paris.

Explications :

Pékin censure Internet ? Paris aussi !

Le régime chinois se voit couramment reprocher par les défenseurs des droits de l’homme de censurer Internet. Mais la même volonté se retrouve en France.

Ainsi la loi HADOPI dont le président de la République a imposé le vote au Parlement comporte de nombreuses dispositions liberticides telles que :

– la possibilité de couper l’accès à Internet à des citoyens sans avoir à obtenir au préalable une décision judiciaire ;
– la possibilité pour une autorité publique (en dehors d’une décision de justice) de contrôler des courriels, c'est-à-dire des correspondances privées ; correspondances privées jugées jusqu’ici inviolables en France sauf en temps de guerre.

Le débat autour de la loi HADOPI a d’ailleurs fait une première victime : un cadre de TF1 licencié parce qu’il s’était adressé en tant que citoyen au député de sa circonscription pour contester le bien-fondé du projet de loi. Or sanctionner quelqu’un dans sa vie professionnelle pour l’expression de ses opinions politiques était jusqu’ici l’apanage des seuls régimes totalitaires. Désormais il est avéré qu’un cadre de TF1 n’a pas davantage de libertés qu’un responsable de la télévision nationale chinoise.

Interdit en France ? Visible sur Ru-Tube !

Un autre épisode récent de la vie sur Internet a montré la réalité de la censure en France. Le blog politique François Desouche a relayé le film vidéo d’un « bolossage » (agression d’un jeune Blanc par une bande ethnique) dans un bus. http://www.fdesouche.com/articles/34456
La scène se trouvait visible sur les sites de vidéo en ligne YouTube et Dailymotion. Mais dans le but de nier la réalité de l’insécurité dans les transports publics et de cacher la violence des bandes ethniques, des groupes de pression et/ou des autorités gouvernementales ont souhaité censurer cette vidéo. Et bien que YouTube soit hébergé aux Etats-Unis les censeurs français ont obtenu très rapidement que la vidéo soit retirée.

Très rapidement, toutefois, la vidéo est redevenue visible sur RuTube, c'est-à-dire à partir d’un hébergeur russe. D’ailleurs de plus en plus de vidéos sont désormais visibles en France depuis un hébergement russe. Longtemps Le Figaro se flattait de donner à ses lecteurs des informations que La Pravda refusait aux siens ; aujourd’hui, RuTube donne aux Français des informations qui leur seraient autrement inaccessibles. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Moscou est devenu un espace de liberté pour les Français.

Diabolisé à Paris mais angélisé à Téhéran (et réciproquement…)

Poussons le paradoxe plus loin. L’Iran est couramment analysé comme un pays soumis à un régime totalitaire. Pourtant, comme en France il y a des compétitions électorales, présentées, y compris dans les médias occidentaux, comme plutôt libres. Bien sûr, la compétition électorale s’inscrit à l’intérieur de l’ « islamiquement correct » mais, en France, les compétitions électorales s’inscrivent, elles, à l’intérieur du « politiquement correct ».

Certes, le cercle de feu n’est pas le même mais il existe dans les deux cas. Un candidat pro-sioniste aurait sans doute des difficultés à faire campagne à Téhéran. Mais le secrétaire général de la présidence de la République française a menacé d’interdire à Dieudonné de faire une campagne « antisioniste » pour les élections européennes de juin 2009. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ? Vérité à Paris, erreur à Téhéran ?

Allons plus loin. Les autorités iraniennes ont organisé à Téhéran, il y a un an, un colloque ouvert aux thèses révisionnistes sur l’histoire de la seconde guerre mondiale. Au-delà de la provocation, le Perse Ahmadinejad a ainsi cherché à retourner contre l’Occident la rhétorique de la liberté : en montrant qu’il pouvait autoriser chez lui l’expression d’opinions interdites en Europe où elles sont passibles de prison ferme. Une situation, somme toute, humiliante pour tout Français attaché aux libertés.

Pleven/Gayssot : une législation liberticide

La France, comme d’autres pays européens, s’est en effet dotée d’une législation liberticide : les lois Pleven/Gayssot.

Au nom de la lutte contre le « révisionnisme », il est devenu interdit de contester les conclusions du Tribunal de Nuremberg ; pourtant cette Cour d’exception internationale a condamné l’Allemagne pour le massacre de Katyn, et condamné à mort et fait exécuter pour ce crime soviétique des officiers et des soldats allemands ; un fait troublant qui pourrait conduire les esprits libres à s’interroger sur la validité de ses jugements.

De même, au nom de la lutte contre le « racisme » il est devenu difficile de débattre librement des questions liées à l’immigration et aux différences de races, de cultures et de civilisations. Pour avoir organisé une émission sur les filières maffieuses roms, le producteur d’une émission de télévision, l’émission « C’dans l’air », a été condamné ; tout comme un intellectuel français de renom qui s’est vu taxer de 20.000 € d’amende et de dommages pour des propos exprimant des doutes sur les possibilités d’assimilation de beaucoup de « gens du voyage ».

Retrouver l’esprit de la pensée européenne

Quelle que soit l’opinion que l’on ait sur ces différents points, il est difficile de nier qu’il y a là des atteintes formidables aux libertés. Et au-delà, à l’esprit même de la pensée européenne pour laquelle, et en dehors du domaine religieux, ne peuvent être tenues pour vraies que des opinions qu’il est possible de librement contester. Pour l’esprit occidental il n’y a pas de vérité scientifique, sociologique ou historique sans liberté de débat.
(Voir Philippe Némo : « Qu’est-ce que l’Occident ? »).

Bien entendu, les tenants des lois liberticides ont un argument en défense : il s’agirait simplement pour eux d’empêcher l’expression d’opinions « odieuses ». C’est oublier que tout censeur ne cherche jamais à censurer que les opinions qu’il juge « odieuses » : en leur temps ni M. Hitler, ni M. Staline n’ont jamais censuré les opinions qu’ils trouvaient sympathiques ! Or, ce qui est jugé « odieux » est susceptible de varier dans le temps et dans l’espace.

Les libertés en France sont donc aujourd’hui sérieusement menacées.
"Evolution des libertés en France : Cent restrictions en quarante ans"
http://www.polemia.com/article.php?id=2168
Nos libertés ne sont plus celles d’il y a cinquante ou cent ans. Elles sont de plus en plus étroitement réglementées. Au nom de la lutte contre le « racisme », l’ « antisémitisme », l’ « islamophobie », l’ « homophobie », le « révisionnisme », les expressions les plus anodines peuvent désormais conduire à la perte de l’emploi ou à la condamnation devant les tribunaux correctionnels.

Abolir les lois liberticides

Le délit d’opinion n’est plus l’apanage de Pékin ou de Moscou, il est désormais omniprésent en France où il est imposé par les groupes communautaires et les grands intérêts financiers.

Tant que les lois liberticides Pleven/Gayssot et DADVSI/HADOPI ne seront pas abolies, tant que la HALDE ne sera pas supprimée, la France ne pourra plus être classée parmi les vraies démocraties. Et ses gouvernants cesseront d’être fondés à donner des leçons de droits de l’homme à Pékin ou Téhéran et à fortiori à Moscou.


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