Astérix réveille toi ils sont devenus fous !

jeudi 16 avril 2009

Les Français avaient la réputation d’être un peuple frondeur et difficile à gouverner. L’histoire de France ne présente-t-elle pas une impressionnante succession de changements de régime,  de crises, de révoltes et de révolutions ? Sans parler d’une solide tradition de contestations corporative, syndicale et « sociale », avec son cortège de conflits, de grèves et de manifestations.

Le personnage d’Astérix de la célèbre bande dessinée d’Uderzo et Goscinny caricaturait avec talent, ce qui explique son succès mondial, tous les traits du Franco-Gaulois historique : fier, rebelle à l’autorité, bagarreur mais fidèle en amitié et patriote ; aimant aussi rigoler et banqueter avec les amis et donner des baffes aux romains… Ce n’était pas une caricature mais un archétype.

Pourtant, aujourd’hui le monde d’Astérix a disparu, et pas seulement par suite du décès de son créateur. 

Car l’Astérix réel, version 2009, ne fait plus rire.

En 2009, le village d’Astérix ne résiste plus : il est occupé par les Romains, les Turcomans et les Numides. Il ne revendique plus la fière indépendance mais seulement la lâche « autonomie ». Il subit toujours plus la loi du César des Grands-Bretons.

Dans le village franco-gaulois de 2009, Astérix a pris la mauvaise place du barde : c’est lui et les Gaulois qui sont désormais bâillonnés pendant que les étrangers au village festoient sous la lune… D’ailleurs on ne mange plus de sanglier : pour ne pas offenser les Turcomans et parce que cela faisait trop terroir.

Le chef n’est plus le débonnaire Abraracourcix, et sa femme n’est plus la farouche et aimante Bonnemine. Le chef est désormais un barde qui assourdit et fatigue tout le monde par ses cris et ses gesticulations : il se nomme Iznogoud. Bonnemine est devenue une harpie féministe : elle fume toute la journée en lisant Libération et refuse de faire la cuisine. Obélix, le compagnon d’Astérix, ne gagne plus sa vie à livrer les menhirs : ceux-ci sont maintenant fabriqués à bas prix en Perse et convoyés par des galères phéniciennes. Obélix est inscrit au  Pôle Emploi.

Ce ne sont plus les Romains et les pirates qui ont peur des baffes : ce sont les Gaulois. Les Franco-Gaulois ont peur de tout désormais : peur du risque, peur du réchauffement climatique, peur de perdre leur emploi, peur de la répression « antiraciste », peur de déplaire aux Turcomans et aux Numides, peur de la police, peur des juges, peur des voisins, peur des enfants.

Quant au druide, il ne fait plus de potion magique et ne sauvegarde plus le clan : il est devenu travailleur social pour l’insertion des esclaves de la banlieue romaine.

Plus sérieusement : un observateur qui visiterait aujourd’hui notre pays, féru de références historiques et de la lecture d‘Astérix, ne pourrait-il se demander où sont donc passés les Franco-Gaulois ?

Car les Français font montre de nos jours d’une étonnante passivité politique et sociale et semblent dépourvus des traits de caractère ancestraux qui les rendaient si sympathiques et si turbulents :

– passivité collective face à la dégradation de la situation économique d’abord, alors que tous les indicateurs sont au rouge ;
– passivité citoyenne face à l’entreprise de « rupture » engagée par le président Sarkozy qui conduit à remettre en cause progressivement le mode de vie et les « valeurs » des Français ; passivité, notamment, vis-à-vis de la promotion de la « diversité », c'est-à-dire en réalité les discriminations vis-à-vis des Français de souche ;
– passivité politique vis-à-vis de l’alignement diplomatique progressif de la France sur le modèle atlantique, c'est-à-dire anglo-saxon ;
– passivité sociale vis-à-vis du comportement cynique de la nouvelle classe dirigeante.

C’est que le peuple français semble avoir disparu.  Evaporé, dissous dans l’immigration, dans la rééducation politiquement correcte, dans les médias et le principe de précaution. Les Français seraient devenus des sortes de Goths ou d’Helvètes : disciplinés mais sans le ressort de la citoyenneté active, de la puissance et de la fierté nationale.

Ils sont devenus fous ces Gaulois ! Vivement qu’Astérix revienne !

Michel Geoffroy
11/04/09

Polémia
 

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