Le nombre de candidats pour s'engager dans la Marine a baissé de moitié

mercredi 1 avril 2009

La Marine lance demain sa première grande campagne de recrutement télévisée (Nous y reviendrons dans un prochain post). Il y a urgence. « Nous constatons une chute brutale du nombre des candidatures » reconnait le capitaine de vaisseau Loïc Finaz, commandant le service de recrutement de la Marine. Entre 2005 et 2007, le nombre de candidats a en effet baissé de plus de moitié, passant de 20.000 par an à moins de 10.000. Depuis 2007, « la chute est arrêtée et nous arrivons toujours à recruter les gens dont nous avons besoin » assure le commandant Finaz.

Moins de 10.000 candidats pour 3500 places offertes en 2009, cela fait un peu plus de 2,5 candidats pour un poste, toutes spécialités confondues. La Marine reconnait des difficultés à recruter dans « le coeur du métier », les métiers les plus technologiques et constate une certaine désaffection pour l'embarquement à bord des bateaux.

« Les gens qu'on recrute font l'affaire, mais les clignotants donnent de mauvais signaux » nous confiait il y a peu un haut responsable de la marine. « Les jeunes ont de plus en plus de mal à naviguer : le problème, pour eux et leur familles, c'est la durée et l'imprévisibilité des embarquements. » Et de constater que si « on embauche des marins, on fidelise des familles ».  « Notre taux de sélection s'effondre, reconnaissait notre interlocuteur. On engage des gens dont on aurait même pas regardé le dossier il y a dix ans ».

Les critères de sélection restent pourtant exigeants : en 2008, faute de candidats de bon niveau, la Marine n'a recruté que 3600 nouveaux marins alors qu'elle aurait pû, budgétairement, aller jusqu'à 4300.

Plusieurs facteurs contribuent à ces difficultés. Tout d'abord, le choc démographique et l'arrivée des premières classes d'âges creuses qui frappe tous les recruteurs. Ensuite, l'effet à moyen terme de la disparition du service national [« Nous avions 15.000 appelés par an, dont certains restaient chez nous et qui tous faisaient connaître la marine autour d'eux ».] Troisième explication, d'ordre psychologique : les jeunes sont attirés par ce métier, mais pensent par manque de confiance en eux que c'est trop difficile pour eux, qu'ils n'y arriveront pas - d'où la formule du commandant Finaz sur « ce métier extraordinaire fait par des gens ordinaires ». Enfin, l'annonce des restructurations et des suppressions de postes dans les armées à l'été 2008 n'encourage pas les jeunes à se présenter : « les gens se disent : je ne vais pas entrer dans une boîte qui licencie », explique un marin.

Certes, la crise économique et la dégration de la situation de l'emploi devraient favoriser les candidatures dans la Marine, comme dans les autres armées. Mais ce retournement ne masquera pas les évolutions sociologiques de fond, comme la contradiction de moins en moins supportée entre la mobilité et la vie de famille.

(à suivre)

25/03/09 |
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/03/le-nombre-de-ca.html


Correspondance Polémia
01/04/09
 

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