L'amérique trahit ses propres chômeurs

dimanche 22 mars 2009

Les choix que nous faisons nous définissent. Ils révèlent nos préjugés et nos croyances. Il en va de même pour nos institutions.

En élaborant le plan de relance à 789 milliards de dollars, le Congrès nous révèle que, malgré tout le tapage autour du « Achetez américain », il ne place pas l’Amérique d’abord. Il ne croit pas que 10 millions d’Américains sans emploi, dans le pays que leurs ancêtres ont bâti, devraient obtenir une préférence à l’embauche par rapport à 12 à 20 millions d’étrangers clandestins qui ont fait irruption dans ce pays et qui ne lui doivent ni fidélité, ni allégeance ni amour.

Est-ce une insulte au patriotisme de certains membres du Congrès ? Bien deviné.

À quelle autre conclusion peut-on arriver après le refus du Congrès d’exiger que les employeurs qui travaillent sur des projets de construction, payés avec les dollars du plan de relance, vérifient que leurs employés soient bien Américains ?

Car c’est précisément ce qu’a fait le Congrès.

Le premier paragraphe de l’article à la Une dans USA Today est assez clair. « Los Angeles : Les dizaines de milliers d’emplois créés par le plan de relance économique pourraient finir par être occupés par des immigrés clandestins, particulièrement dans les grands Etats comme la Californie, où les travailleurs peu qualifiés sont fortement représentés dans le bâtiment, disent les experts ».

Selon le Centre d’études sur l’immigration, les étrangers illégaux prendront 300. 000 des deux millions d’emplois créés par le plan de relance dans le secteur du bâtiment. Ce chiffre s’appuie sur l’estimation du Bureau du recensement selon laquelle 15% des travailleurs du secteur sont des étrangers illégaux ou des immigrants qui ne sont pas autorisés à travailler aux États-Unis.

Robert Rector, d’Heritage Foundation (1), confirme ces chiffres, soit le nombre d’emplois offerts aux non-Américains par le vote du Congrès.

« Sans mécanismes spécifiques pour s’assurer que les travailleurs sont des citoyens américains ou légalement autorisés à travailler dans ce pays, il est probable que 15% de ces travailleurs – c’est-à-dire 300.000 - soient des immigrés clandestins. »

D’autres experts avancent des chiffres bien plus élevés que ces 15 %, et certainement encore plus importants en Californie ou dans d’autres Etats du sud-ouest, où les clandestins ont tendance à se rassembler.

En prenant ces emplois, les immigrés clandestins pousseront dehors les chômeurs américains. Alors que le Congrès aurait pu, par un vote, garantir que chaque emploi payé par le contribuable serait occupé par des travailleurs américains.

Comment ? En demandant que chaque bénéficiaire de l’argent du plan de relance utilise le système E-Verify du Département de la Sécurité Intérieure, qui permet aux employeurs de vérifier la validité des numéros de sécurité sociale de tout nouvel employé. E-Verify est disponible sur la base du volontariat. C’est un système simple, rapide et facile à utiliser.

En effet, E-Verify est en train de devenir la procédure standard pour les entreprises américaines désireuses de respecter la loi. Selon NumbersUSA (2), les entreprises américaines ont utilisé E-Verify pour trois millions de vérifications, rien que cette année. C’est presque la moitié des 6,6 millions de requêtes pour l’ensemble de l’année 2008 et cinq fois plus qu’en 2007.

E-Verify est un énorme succès avec un taux de précision de plus de 99 %, qui permet d’espérer qu’un jour en Amérique, tout employeur sera capable de s’assurer que chacun de ses employés est un Américain ou quelqu’un autorisé à travailler dans le pays. À ce rythme-là, un quart, voire un tiers, de toutes les nouvelles embauches pourraient être vérifiées par le système E-Verify.

N’est-ce pas ce que nous voulons tous, ce que nous avons tous cherché, un moyen facile, fiable, non intrusif et peu coûteux pour permettre aux entreprises de s’assurer que les personnes qu’elles embauchent se trouvent dans notre pays en situation légale ?

Non, ce n’est pas ce que nous voulons tous. Puisque jeudi soir, le Sénat a rejeté cette protection des travailleurs américains contre la concurrence déloyale des immigrés clandestins.

Le Sénat a voté à 50 voix contre 47 la fin du système E-Verify dans six mois, lorsque le financement actuel prendra fin. La proposition du sénateur Jeff Session d’accorder cinq années de sursis à ce projet couronné de succès a été rejeté par 50 voix contre 47.

Les Républicains et sept Démocrates ont voté la sauvegarde du système E-Verify. Mais seuls des Démocrates ont voté sa mise à mort.

Comment Harry Reid a-t-il tué la proposition sur le système E-Verify ,inscrite dans la version du plan de relance de la Chambre des Représentants ? Le Sénat n’était même pas autorisé à voter ce plan-là. Et quand les deux projets de loi (celui du Sénat et celui de la Chambre des Représentants) ont été adoptés en termes identiques lors de la commission Pelosi-Reid, E-Verify avait disparu.

Ça a été une grande victoire pour La Raza (3) et pour la Chambre de commerce américaine, dont les lobbyistes ont travaillé d’arrache-pied pour s’assurer que leurs membres ne soient pas inquiétés pour avoir licencié des travailleurs américains afin d’embaucher des immigrés clandestins.

Cependant, cette bataille n’est pas terminée. Si les Américains comprennent que ça ne pose aucun problème à des Démocrates tels que Pelosi et Reid que des clandestins prennent le travail de chômeurs américains, leur parti pourrait en payer le prix en 2010.

Cependant, il existe une coalition Républicains/Démocrates Blue Dog (4) dans les deux chambres qui se préoccupe de donner la priorité aux intérêts de notre pays et de nos concitoyens, que ce soit par des propositions de lois ou par des mesures économiques. C’est un début.

E-Verify n’est pas mort. La gauche qu’incarne le trio Reid-Pelosi-Obama ne peut survivre à l’impression qu’elle donne d’aider et d’inciter les clandestins à prendre les emplois des chômeurs américains.

Par Patrick J. Buchanan
13/03/09
Traduit de l’américain et annoté par G.W. Blakkheim pour Novopress France
Titre original : The Sellout Of Our Unemployed
http://www.rense.com/general85/sell.htm
correspondance Polémia
22/03/09
Patrick J. Buchanan est un éditorialiste américain célèbre pour ses chroniques politiques, historiques et d'informations générales. Essayiste très en vue et auteur de plusieurs ouvrages, il a été directeur de la communication à la Maison-Blanche sous l'administration de Ronald Reagan, de 1985 à 1987.

Notes :

 (1) Un des principaux laboratoires d’idées (think tank) conservateur américain.
 (2) Organisation cherchant à diminuer le taux d’immigration aux États-Unis
(3) Littéralement : « la race ». Terme utilisé par les latinos américains pour désigner leur communauté, qu’elle vive aux États-Unis ou non.
(4) Groupe de 47 membres conservateurs du parti Démocrate siégeant à la Chambre des Représentants.



 

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