La vénérable « Bank of England » au trente-sixième dessous

mercredi 18 mars 2009

Le dernier voyant rouge avant la faillite s’est allumé en Grande-Bretagne le 5 mars. Du jamais vu, qualifié de « saut dans l’inconnu  ». Le fait est là  : « pour la première fois depuis sa longue existence de 315 ans, la Banque d’Angleterre, par la voix de son gouverneur Mervyn King et du Chancelier de l’échiquier Alistair Darling, a annoncé qu’elle mettait en route la planche à billets ». La lente descente aux enfers du taux d’intérêt britannique, baissé en dernier recours à 0,5%, n’aura pas suffit, car « Le problème n’est pas le coût du crédit mais sa disponibilité ». Londres, face à ses factures, a donc utilisé le « bouton nucléaire », imprimer une première tranche de 150 milliards de livres, et engrange de fait le processus d’hyperinflation.


Reykjavik-Sur-Tamise 

Un malheur n’arrivant jamais seul, le lendemain, Morgan Stanley publiait un rapport qui annonce un « effondrement des profits britanniques de 60% », de nature à provoquer une catastrophe économique pire que la grande dépression. Le fait que l’économie britannique, dont la taille est estimée à 2000 milliards, tourne autour de la finance, lui a valu le surnom de « Reykjavik-on-Thames ». La plupart des banques anglaises ont été nationalisées, la dernière étant la Lloyds, appelant à la rescousse le gouvernement après l’annonce des pertes colossales de 10,8 milliards de livres de sa filiale de crédit immobilier HBOS.
 
La nouvelle avait été largement anticipée, comme cela vient d’être révélé, en une frilosité qui s’était emparé des déposants étrangers, générant une onde de choc au second semestre 2008 sous forme de fuite de liquidités, estimées à 1000 milliards de dollars. La Banque d’Angleterre a regretté une chute des dépôts en provenance des Etats-Unis, de Suisse, de Russie, et de « centres offshore » comme Jersey ou les îles Caïmans. Gordon Brown a tenté de rassurer le microcosme financier en se défaussant sur le prochain G20, mais les critiques, voire l’ironie de Jim Rogers, qui conseillait de rincer la livre sterling dans les toilettes, et annonçait la fin imminente de cette devise, tournent l’économie britannique en ridicule : « La cité de Londres est finie, le centre financier du monde migre vers l’est, pourquoi reviendrait-il vers l’ouest ? … C’est simple, la Grande Bretagne n’a rien à vendre »

Reykjavik-sur-Léman


De même, certains pays qui « n’ont rien à vendre », dotés d’un système bancaire démesuré, pourraient suivrent en Europe. Un risque systémique, fondé sur la prolifération des actifs toxiques, a été identifié, il y a un mois, par Evans-Pritchard sur la base d’un mémo confidentiel préparé par la commission européenne, relativement à 7 pays qu’il cite : le Luxembourg, la Belgique, les Pays-bas, l’Autriche, la Suède, la Grande-Bretagne et la Suisse. Reykjavik va faire des émules, il reste à l’Islande l’industrie de la morue, et restera à la Suisse le chocolat.

John Lloyds
09/03/09
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=52713

Correspondance Polémia

 

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