La vraie nature du populisme / Le « populisme » n'est pas une « extrême droite » qui tournerait le dos au progrès. C'est un acte de révolte politique qui est une ébauche de solution à la crise actuelle.

mardi 9 décembre 2008

Séance d’ouverture de la XXIVe université du Club de l’Horloge des 6 et 7 décembre 2008
Résumé de l’intervention de Didier Maupas, vice-président du Club de l’Horloge

Le « populisme » n’est pas un concept qui permet de caractériser objectivement un mouvement politique ; il n’est d’ailleurs pas revendiqué comme tel par des partis ou mouvements politiques qui sont aujourd’hui affublés de ce qualificatif. Ceux-ci se désignent en général tout autrement. Ces mouvements sont aussi pluriels dans leurs orientations : on qualifie de « populistes » des identitaires, des libéraux, des souverainistes, des défenseurs de l’environnement , etc.
Il y a donc un paradoxe du populisme :

         – Le mot est inventé pour disqualifier tous ceux qui s’opposent au Système qui s’est imposé en Europe ; alors que le mot n’est revendiqué par personne ;
         – Mais il recouvre néanmoins une réalité sociale et politique nouvelle que le Système veut justement masquer.

Le mot populisme (à l’exception du courant artistique du même nom) a pour origine la sociologie politique, qui a fini par s’apercevoir que dans l’histoire des idées et des mouvements politiques, la défense du peuple n’était pas un monopole de la gauche.
Mais le concept a été récupéré à des fins partisanes dans les années 1990 en Europe.
Le mot « populisme » est devenu aujourd’hui un concept disqualifiant utilisé dans le combat politique par la nouvelle classe dirigeante européenne. Il est essentiellement appliqué aujourd’hui à l’encontre :

         – de ceux qui contestent l’idéologie dominante (que l’on qualifie aussi de « démagogues » et « d’extrême droite ») ;
         – de ceux qui s’attaquent à la nouvelle classe dominante à la fois en raison de son caractère oligarchique et de la politique qu’elle conduit.

L’emploi péjoratif qui est fait de ce mot trahit qu’une situation politique et sociale nouvelle est à l’œuvre en Europe depuis la chute de l’Union soviétique. Il signifie que pour la nouvelle classe dirigeante européenne le peuple est désormais un obstacle qu’il faut surmonter : du moins le peuple autochtone. Cela traduit l’inversion de la conception démocratique traditionnelle qui est à l’œuvre en Europe.

Pour comprendre la véritable nature de ce que la nouvelle classe dominante désigne sous le terme « populisme » il faut donc déchirer le voile idéologique qui recouvre la réalité.

Le vrai nom du populisme européen est en réalité douleur, révolte et espoir :

Douleur : Ce que l’on nomme populisme est d’abord le cri de douleur des peuples européens autochtones qui se sentent désormais eux aussi victimes de la mondialisation et qui lancent également un cri d’alarme face à l’immigration de peuplement. Les peuples européens ont en effet le sentiment croissant d’être abandonnés à leur sort par la nouvelle classe dirigeante qui fait du « gouvernement des choses » sa ligne de conduite, en réduisant toujours le domaine d’action du politique au profit des seules régulations économiques.

Ce que l’on nomme populisme découle ainsi de « la révolte des élites », c'est-à-dire de la constitution d’une nouvelle classe dominante qui considère que ses intérêts et son destin ne sont plus ceux des peuples autochtones. Cette nouvelle classe dominante adhère totalement à une idéologie qui est une nouvelle forme de messianisme et qui lui sert de justification. C’est pourquoi elle est devenue l’idéologie du pouvoir.

Cette idéologie emprunte à la fois à la gauche et à la doctrine anglo-saxonne du  libre-échange. Elle débouche en particulier sur une nouvelle définition de l’ordre politique : celui-ci ne serait plus la participation des peuples à la vie de la cité ni la souveraineté, mais la soumission des peuples au droit et à la régulation par l’économie. Dans cette optique le peuple compte moins que l’individu déraciné.

Révolte : Ce que la nouvelle classe dirigeante nomme « populisme » est un acte de révolte qui traduit une demande aujourd’hui insatisfaite sur le marché politique. Avec l’abstention, le vote en faveur des formations qualifiées de « populistes »  exprime la défiance croissante vis-à-vis de la politique conduite par les gouvernements européens. Loin de tenir compte de ce cri de douleur lancé à leur intention, les gouvernements européens répliquent par la diabolisation et la répression politique. La mise en place progressive d’une société du contrôle en Europe, sous couvert de garantir la sécurité ou la santé, vise en réalité à empêcher la concrétisation politique de la revendication populaire.

Espoir : Les mots d’ordre des mouvements populistes sont aussi des solutions à la crise européenne. Ces solutions sont d’ailleurs appliquées par les vraies puissances mondiales. Car cette crise résulte justement de la mise en œuvre de l’idéologie dominante. La nouvelle classe aime à critiquer le « simplisme » et la « démagogie » prétendus des propositions des mouvements populistes : mais c’est masquer le fait que les solutions « populistes » sont en réalité mises en œuvre dans toutes les grandes nations. Ce ne sont pas des solutions extrémistes mais des solutions qui marchent partout ailleurs. Mais la nouvelle classe dominante n’a pas le courage de le reconnaître ni de mettre en œuvre des solutions simples qui contrediraient son confort intellectuel et sa position privilégiée, comme en matière d’immigration. Car elle est avant tout une élite décadente, alors que les responsables des mouvements identitaires et nationaux constituent progressivement une nouvelle élite politique qui se forge au contraire dans l’adversité.

Ce que l’on nomme le populisme en Europe n’est donc pas une résurgence du passé, comme voudrait nous le faire croire l’oligarchie au pouvoir, mais au contraire l’annonce d’une révolution qui vient.
Une révolution qui peut signifier le grand réveil des peuples européens.

Pour le moment ce mouvement est bridé par la politique répressive conduite de concert par l’oligarchie européenne. Mais l’incapacité croissante de la nouvelle classe dirigeante à maîtriser l’évolution du monde conformément à ses promesses,  comme l’illustre notamment la crise financière mondiale, pose désormais la question de la légitimité de son statut et de son pouvoir.

Passée la période euphorique de la fin des années 1990 qui avait donné à penser que la chute du communisme sonnait la victoire définitive de la démocratie de marché dans sa version anglo-saxonne, le XXIe siècle s’annonce par la multiplication de crises.

Il se traduit notamment par la révolte des peuples contre ce projet d’unification du monde selon une seule échelle de valeurs. Ce phénomène est en train de toucher à son tour l’Europe : c’est ce vaste mouvement qui est à la racine de ce que l’on nomme « populisme » et ce n’est pas la répression qui pourra l’arrêter.

Archives Polemia