« La Révolte des élites et la Trahison de la démocratie »
Par Christopher Lasch

mercredi 7 novembre 2007
« Il fut un temps où ce qui était supposé menacer l'ordre social et les traditions civilisatrices de la culture occidentale, c'était la Révolte des masses. De nos jours, cependant, il semble bien que la principale menace provienne non des masses mais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie ».

Ce livre expose le problème des élites politiques et intellectuelles qui ont perdu le contact avec la réalité et ont renoncé au rôle civique lié à leur statut et au pouvoir. L'auteur défend la valeur du mot « populisme », synonyme à l'origine de combat radical pour la liberté et l'égalité au nom des vertus populaires.

L’auteur montre ici comment des élites hédonistes assoient leur pouvoir sur un culte de la marge et sur un rêve d’émancipation permanente. Alors qu'elles sont responsables des normes imposées à la société, leurs comportements consistent à feindre d'être hors norme. « Faute de normes communes, la tolérance devient indifférence, et le pluralisme culturel dégénère en spectacle esthétique où l'on savoure avec le plaisir du connaisseur les étranges coutumes de nos voisins (…) Il s'agit là d'une approche touristique de la morale. »

Cette dialectique mensongère de la norme et de la marge est celle de notre temps. Voici un livre qui devrait faire réfléchir tous ceux qui s'inquiètent de l'évolution d'un espace public et médiatique où les élites émancipées se mettent le plus souvent du côté de la transgression en imaginant un ordre moral, un éternel retour de la censure qui ne sont que la contrepartie de leurs transgressions imaginaires. Tel est le testament d'un grand intellectuel anticonformiste, politiquement très incorrect, inclassable et dérangeant.


Arthur Lambert
© Polémia
09/11/07

Christopher Lasch, « La Révolte des élites et la Trahison de la démocratie », Flammarion 2007 (réédition de l’édition originale chez Climats 2003), 272 p., 10€
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