« Après l’histoire »
Par Philippe Muray

dimanche 9 septembre 2007
Pour la première fois dans l’histoire du genre humain, c’est à l’assaut des citadelles de la subversion subventionnée, et contre les pitres qui en occupent les créneaux, qu’il convient de se lancer. Sabre au clair, l’auteur part à l’assaut contre la modernité et le « festivisme » de notre société globale dont l’ « homo festivus » est le représentant achevé et dont le dernier mot est : Tout finit par la fête. Ce livre est un impitoyable jeu de massacre.

Au fil des pages, nombre de soufflets et d’horions sont distribués. Les colères, les désespoirs et les prophéties de l’auteur sont salutaires. Dans cette espèce de journal tenu de janvier 1998 à janvier 2000, tout y passe : le développement obligatoire de la fête, les rollers, les rave-parties, les pique-niques de quartier, la Gay Pride, l’indifférenciation sexuelle, le tourisme citoyen, la tendresse en littérature et ailleurs, l’hédonisme, la rebellocratie… de Halloween à la Love Parade en passant par l’art contemporain, rien de ce qui est « moderne» ne trouve grâce aux yeux de l’auteur. A ceux que le souvenir des bouffonneries du passage à l’an 2000 révulse encore, à ceux chez qui le Printemps des Poètes déclenche d’irrépressibles bouffées d’antipoésisme ou qui résistent à la lobotomisation télévisuelle, on adressera ce message d’espoir : vous n’êtes plus seuls.

Auteur prolifique, à l’esprit critique développé, Philippe Muray, décédé en 2006, se voulait le chroniqueur et le contempteur du désastre contemporain. Romancier, pamphlétaire, il se distingua aussi dans de nombreuses chroniques, parues dans journaux et revues, où son style se caractérisait par le rire, la dérision et l’outrance. Créateur de nombreux néologismes, comme « artistocrate » (artiste qui prête allégeance aux politiciens et aux fonctionnaires), « mutin de Panurge » (rebelle factice en accord avec l’air du temps) et « maton de Panurge » (gardien du politiquement correct), il fut un merveilleux peintre de notre société enfermée dans son conformisme consensuel.

Guillaume Leroy

© Polémia

07/09/07

Philippe Muray, « Après l’histoire », Gallimard, 2007, 686 pages, 16 euros.
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