Gouvernement Fillon : parité homme/femme mais non parité des charges de famille !

jeudi 5 juillet 2007

Gouvernement Fillon : un tiers de femmes, deux tiers d’hommes ; ce n’est pas tout à fait la parité mais cela s’en approche ; à cette différence près qu’il n’y a pas parité des charges de famille : près de 2,5 enfants par ministre homme, à peine plus de 1 par ministre femme.

Explications :

1/ Tyrannie de l’apparence et dogme de l’égalité homme/femme

Lors de la campagne présidentielle française de 2007, les candidats susceptibles de l’emporter – Sarkozy, Bayrou, Royal – ont tous trois pris le même engagement : constituer un gouvernement paritaire comportant le même nombre de femmes que d’hommes. Cette promesse revenait à privilégier un objectif d’image et de « casting », un dessein idéologique égalitaire aussi, au détriment d’une simple recherche de la meilleure adaptation individuelle aux fonctions proposées.

Cette prise de position commune des principaux candidats soulignait, volontairement ou non, leur soumission à la tyrannie médiatique de l’apparence et au dogme dominant de l’égalité homme/femme.

Une fois élu, Nicolas Sarkozy a manifestement eu des difficultés à respecter l’obligation qu’il avait souscrite. L’exercice de la fonction ministérielle suppose, en effet, la capacité à diriger de grandes organisations et l’aptitude au débat en assemblée : fonctionnellement les parlementaires et les grands élus locaux constituent donc le vivier naturel à utiliser pour pourvoir les fonctions ministérielles. Or, la parité est loin d’y être respectée : moins de 20% des députés et des sénateurs sont des femmes, moins de 10% des présidents des grandes collectivités territoriales sont des femmes.

 

2/ Ministres : 52 enfants pour 21 hommes, 12 enfants pour 11 femmes

Au final, le gouvernement de François Fillon (*) comporte 12 femmes (soit un tiers) et 21 hommes. Une analyse de leur situation familiale, telle qu’elle apparaît au « Who’s who » (ou dans les biographies de presse) révèle toutefois une importante disparité au regard du nombre d’enfants :

–   chez les 21 hommes on dénombre 52 descendants, ce qui représente une moyenne de 2,48 enfants par homme ministre ; chiffre nettement supérieur à la moyenne nationale ;
–   chez les 11 femmes on ne recense que 12 enfants, soit une moyenne de 1,09 enfant par femme ; chiffre correspondant à guère plus de la moitié de la moyenne nationale ;
–   seulement 4 ministres hommes sur 21 (soit 19%) ne déclarent pas publiquement de paternité ; en revanche 5 femmes ministres sur 11 (soit 45%) ne font pas apparaître de maternité, ce qui est tout sauf représentatif de la situation française.

 

3/ Discours égalitaire contre réalité physiologique et psychologique

Une telle différence de situation et de comportement ne relève pas de l’analyse « people » mais du fait de société ; c’est la démonstration du décalage existant :

–   entre le discours égalitaire, qui ambitionne de faire atteindre l’objectif d’homogénéisation parfaite des rôles entre l’homme et la femme ;
–   et la réalité physiologique (maternité, allaitement) et psychologique (attention et soins), qui conduit les femmes, pour des raisons tant biologiques que bioculturelles, à consacrer davantage de temps aux enfants que les hommes.

Niant cette réalité, la revendication féministe vise à obtenir au niveau des nominations politiques, administratives ou économiques des « discriminations positives » en faveur des femmes indépendamment de leur situation familiale.

Or les handicaps professionnels que les femmes peuvent avoir vis-à-vis des hommes, elles ne les subissent pas en tant que « femmes » mais en tant que « mères ».

Tout simplement parce que les mères consacrent du temps aux soins et à l’éducation de leurs enfants (plus que les pères, bien sûr, mais aussi et surtout plus que les femmes qui n’ont pas de charges de maternité). Ces charges les conduisent souvent d’ailleurs à suspendre leur activité professionnelle. Ainsi, selon l’enquête emploi INSEE, en 2003, le taux d’activité de femmes vivant en couple passe de 80,2% pour celles ayant un enfant de moins de 3 ans, à 58,3% pour celles ayant deux enfants dont un de moins de 3 ans, à 36,3% pour celles ayant trois enfants ou plus dont au moins un de moins de 3 ans.

 

4/ Egalité professionnelle ou conciliation des activités professionnelles et familiales ?

Ainsi la composition du gouvernement révèle de manière anecdotique une réalité sociologique : le véritable enjeu de société n’est pas l’égalité professionnelle homme/femme mais la conciliation de l’activité professionnelle et de l’activité familiale, arbitrage plus délicat pour les femmes que pour les hommes.

Les femmes actives en politique qui sont aussi des mères de famille nombreuse le savent bien : le ministre Christine Boutin raconte ses accouchements dans sa biographie et Ségolène Royal avait convoqué « Paris-Match » pour la naissance de son quatrième enfant, estimant – à juste titre – que l’accouchement d’une femme-ministre était un événement.

En fait, si l’on se plaçait du point de vue du bien-être et de la réussite des enfants et de l’équilibre et de la dynamique démographique nationale, ce n’est pas à l’égalité professionnelle homme/femme qu’on attacherait de l’importance ; non, la préoccupation centrale serait de rendre possible un meilleur aménagement du temps d’activité des femmes lorsqu’elles sont mères et de rendre facilement réalisable le redémarrage d’une carrière professionnelle après les maternités et le temps consacré à l’éducation des jeunes enfants. Mais ce n’est la préoccupation ni des « féministes » ni du politiquement correct.

Guillaume Benec’h
© Polémia
30/06/07

Note :
(*)       Sans compter le secrétaire d’Etat virtuel Bernard Laporte.

 

Nombre d’enfants des femmes ministres :

3 = Christine Boutin, Valérie Pécresse
2 = Christine Lagarde, Nathalie Kosciuscko‑Morizet
1 = Roselyne Bachelot, Christine Albanel
0 = Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati, Valérie Létard, Fadela Amara, Rama Yade

 

Nombre d’enfants des hommes ministres :

5 = François Fillon, Jean-Marie Bockel, Jean-Pierre Jouyet
4 = Bernard Kouchner
3 = Xavier Darcos, Michel Barnier, Brice Hortefeux, Xavier Bertrand, Luc Besson, Martin Hirsch, Alain Marleix
2 = François Morin, Eric Woerth, Dominique Bussereau, Christian Estrosi, Hervé Novelli, Laurent Wauquiez
0 = Jean‑Louis Borloo, Roger Karoutchi, André Santini, Luc Chatel

(Sauf erreur ou omission, selon le « Who’s who » et les biographies de presse.)

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