Subversion en Europe de l’Est : George Soros, le maître des ONG

jeudi 1 février 2007

Il est toujours de bon ton d’évoquer l’hyperpuissance américaine, sans jamais pourtant prendre la peine ni d’en définir les contours, ni d’en démonter les mécanismes. Plane ensuite ce sentiment diffus d’une puissance insaisissable, quasi magique, qui ne serait portée que par le vent de l’histoire ou, mieux encore, mue par la dynamique naturelle des choses. Comme si les choses avaient leur dynamique propre ! Parce que désormais les forces qui agissent préfèrent emprunter les coulisses ou les escaliers de service, les événements semblent en apparence se suivre inexorablement comme le ferait une chute en chaîne de dominos. Un enchaînement de circonstances qui nous accable de sa dure et implacable fatalité. Ainsi, la globalisation et la marchandisation du monde seraient inévitables. Ainsi encore voudrait-on nous faire croire que les peuples, les nations et les empires renonceraient à leur puissance, à leur histoire et à leur identité par le simple fait qu’une fascination irrépressible pour la modernité libérale les pousserait à tout brader afin de mieux mimer docilement le modèle américain. Pourtant, lorsqu’on soulève timidement le voile de pudeur médiatique dont est soigneusement recouverte l’actualité, on découvre alors un monde souterrain qui grouille de réseaux, de jeux d’influence, de relations, de groupes de pression, autant d’acteurs qui font en sorte que lesdites choses, loin de glisser naturellement ou librement, vont précisément là où certains, puissants, veulent qu’elles aillent…

 

Soros, un spéculateur philanthrope ?

Aussi est-il toujours intéressant de prendre un des fils qui dépassent de la pelote médiatique et ensuite de le suivre pour voir jusqu’où il nous mènera. Suivons, par exemple, le fil George Soros, ce spéculateur financier, milliardaire juif américain, né en Hongrie en 1930. Il a bâti toute sa fortune en spéculant sur les devises. Il est passé à la postérité un jour de septembre 1992 où la banque d’Angleterre dut faire sortir la livre sterling du système monétaire européen, incapable de soutenir la devise contre les assauts des spéculateurs. Cinq années plus tard, l’homme-qui-fit-sauter-la-banque-d’Angleterre bénéficiera grandement de la crise asiatique de 1997. Normal, c’est lui qui l’avait provoquée. Pourtant, on le dit être un philanthrope ! Un philanthrope qui se montre également plein d’entregent. En effet, il a été proche de Henry Kissinger, de Vaclav Havel, de Wojciech Jaruzelski et il est l’ami de Mikhaïl Gorbatchev et de l’oligarque véreux Khodorkovsky. Il est aussi une figure importante du Forum économique mondial et de Human Rights Watch, qui gonfla les crimes attribués à Milosevic afin de justifier l’intervention de l’OTAN. Soros est surtout le fondateur et le financier de l’Open Society Institute qui étend ses multiples et insaisissables ramifications sur l’ensemble de l’ancienne aire d’influence de l’ex-URSS. Cet institut finance, entre autres, le très actif Project Syndicate, une agence de diffusion de tribunes libres de personnalités politiques dans 181 quotidiens internationaux. Il est partie prenante dans l’International Crisis Group dont le conseil d’administration rassemble le gratin mondial des personnalités atlantistes. En 2001, Soros crée le Democracy Coalition Project chargé d’animer le forum non gouvernemental en marge des sommets de la Communauté des démocraties organisés par le département d’Etat états-unien. Retenez bien ces mots : non gouvernemental ! Ils résument à eux seuls la gigantesque arnaque moderne que dissimule le terme magique et trompeur d’ONG.

 

Le faux nez des ONG

Derrière ce terme se cache toute une nébuleuse d’organisations subversives qui, sous couvert de campagnes d’information sur le SIDA, de défense de droits de l’homme, d’assistance aux drogués, de lutte contre la pauvreté, d’aide aux enfants abandonnés, de protection des droits des minorités, fomentent en coulisses des révolutions, forment cadres politiques et agitateurs professionnels ou encore animent des officines de propagande qui répandent rumeurs et fausses nouvelles. Il est bon de savoir que depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 des centaines de milliers d’ONG sont apparues en Russie. Dans un article publié sur le site Internet www.mondialisation.ca, traitant de la polémique autour du texte de loi russe visant à réglementer les organisations non gouvernementales, Sara Flounders écrit : « Des députés à la Douma affirment que plus de 450 000 ONG sont actives en Russie à l’heure actuelle. Le Yale Center for the Study of Globalization va encore plus loin, puisque d’après lui il y a plus de 600 000 organisations non gouvernementales, non commerciales en activité en Russie. » L’agitation sociale et politique entretenue par la fondation Soros poussera le gouvernement russe, fin 2003, à l’interdire et à en expulser ses agents étrangers. Du côté de l’Ukraine, on ne compte pas moins de 40 000 ONG qui regroupent 12 % de la population ukrainienne. Autant d’organisations dont on sait qu’elles ont joué un rôle majeur dans la Révolution Orange. L’origine des fonds est connue : quand ils ne proviennent pas directement de la CIA, ils proviennent des fondations représentant les intérêts des milieux américains les plus fortunés, telles que celles de Ford, MacArthur, Carnegie, Rockefeller et bien sûr George Soros.

 

La subversion par les associations

Je me permets ici une petite digression, car il est bon de s’arrêter un temps sur cet aspect peu analysé des démocraties modernes.

Je parle de ce rôle de représentant de la société civile que l’on attribue un peu trop facilement aux ONG et diverses associations. Car ces associations, toujours présentées comme des émanations spontanées, se révèlent bien souvent n’être que des agitateurs médiatiques à la solde soit du pouvoir en place, soit d’intérêts étrangers. En France, la fonction de certaines associations semble répondre à deux objectifs. Dans un premier temps, elles consistent à tisser au cœur de la société un maillage serré d’organismes de contrôle social prétendument indépendant et non gouvernemental, pour canaliser et orienter, dans un deuxième temps, les mouvements de grogne dans le sens voulu par le régime. Ensuite, le pouvoir a beau jeu de jouer la carte du dialogue démocratique avec les responsables associatifs contestataires afin, dit-il, de trouver un terrain d’entente. Or, dans notre pays les associations sont filles des subventions publiques, c'est-à-dire que lesdits responsables associatifs se révèlent ni plus, ni moins, être des salariés rétribués par l’Etat. On a donc connu plus « indépendants » comme citoyens engagés. Or, le fait que certaines associations profitent d’une pluie abondante de subventions alors que d’autres restent sans moyens ne relève pas du hasard. Seules les associations conformes à la doxa du régime pourront profiter des mannes publiques, les autres étant condamnées au silence ou à l’action confidentielle. Les associations avec lesquelles le pouvoir discute sont donc celles qu’il a d’abord choisi de financer. La supercherie d’un système qui organise et finance sa propre opposition sociale, soigneusement triée sur le volet, apparaît ici sous tous ses artifices. C’est par ce procédé qu’ont été dévoyées les institutions démocratiques en France. Il faut savoir que dans l’Hexagone le tissu associatif est extrêmement dense. Pierre-Patrick Kaltenbach, conseiller à la Cour des comptes et spécialiste de la question, dans un entretien accordé au mensuel « Le Choc du mois », nous fait des révélations hallucinantes. Parti en croisade contre la dilapidation de l’argent public, il avance le chiffre faramineux de 125 milliards d’euros (soit 12 % du PIB de la France !) d’argent public dépensés dans le circuit associatif. Au total, 1,6 million de Français se révèleraient être des salariés associatifs. On comprend mieux cette lourde chape de plomb dont semble être recouverte la société française ! Combien, parmi ces salariés, ne sont rien d’autre que des commissaires politiques payés à plein temps pour assumer un rôle d’encadrement social en faisant régner un climat de suspicion idéologique jusque dans les plus basses strates de la société ? 50 000, 100 000, 200 000, 300 000 et peut-être plus encore !!!

 

Soros, un agent double

Au regard de la puissance subversive que recèle l’action associative, qu’elle soit instrumentalisée par des Etats ou bien par des cartels privés, on saisit mieux alors la stratégie de Soros qui consiste à créer et entretenir un vaste réseau mondial d’ONG. La subversion est alors absolue et chacune de ces ONG aux mille ramifications, de la Slovaquie au Caucase en passant par la Russie, l’Ukraine et la Géorgie, se révèlent être autant de Chevaux de Troie pro-américains, capables à tout moment de faire basculer des régimes démocratiques jeunes et encore fragiles. Ainsi, dès 1990, avant de tenter de prendre le contrôle de tout le système financier russe et des privatisations, les multiples officines financées par Soros sont méthodiquement parties à l’assaut du système éducatif russe en fournissant, notamment, des manuels à toute la nation. Après avoir dépensé 250 millions de dollars pour « la transformation de l'éducation des sciences humaines et de l'économie au niveau des écoles supérieures et des universités », Soros injecta 100 millions de dollars de plus dans la création de la Fondation scientifique internationale. Toutefois, les Services fédéraux russes de contre-espionnage (FSK) accuseront finalement les fondations de Soros en Russie d' « espionnage ». Le fait que Soros et la CIA soient interconnectés semble désormais un secret de polichinelle. Dès 1994, Soros avait investi des millions dans le secteur des communications en Europe Centrale et de l’Est. Une de ses fondations dirige aujourd’hui Radio Free Europe/Radio Liberty (la radio de la CIA pendant la guerre froide). Il a subventionné de nombreux médias « indépendants », tel Radio B92 pendant la guerre de Yougoslavie et aujourd’hui des journaux « libres » en Irak. En effet, on retrouve la main de Soros dans tous les coups fourrés survenus en Europe de l’Est. La Fondation Soros a financé le groupe serbe de la jeunesse Otpor. En 2000, cette organisation serbe avait organisé les manifestations qui provoquèrent la chute de Slobodan Milosevic. On retrouvera Optor en Ukraine dans l’entraînement des membres du réseau Pora qui conduiront la Révolution Orange. Pora profitera également de la générosité de George Soros à hauteur de 7 millions de dollars. En Géorgie, la Fondation Soros alloua 4,6 millions de dollars au groupe de jeunes Kmara, qui se révéla une arme de premier ordre contre le gouvernement. On l’aura compris, les révolutions orange, violettes ou jaunes ne tombent pas du ciel. Elles sont aussi le fruit de manigances bien opaques.

En décryptant les agissements de l’homme d’affaires George Soros (mais il n’est pas le seul, car il y a encore bien d’autres hommes d’affaires qui, comme lui, présentent ce profil trouble d’agent double), il devient enfin plus aisé de discerner sur quoi repose le « soft power » américain. L’argent ! Un argent facilement et malhonnêtement gagné sur les marchés internationaux (le 20 décembre 2002, George Soros a été condamné à 2,2 millions d’amende par le tribunal correctionnel de Paris pour délit d’initié lors du raid boursier contre la Société Générale, en 1988) et dépensé, par l’entremise d’hommes d’affaires véreux, au service de causes hautement politiques, peu innocentes et encore moins caritatives. Quoi qu’il en soit, le jeu auquel s’adonnent les milieux d’affaires américains, et derrière eux les services secrets états-uniens, dans les ex-pays du Pacte de Varsovie est extrêmement dangereux. Alors que l’Europe aurait tout intérêt à dénoncer ces agissements totalement irresponsables et à se rapprocher de la Russie, allié géostratégique idéal au gigantesque réservoir en ressources naturelles, il est regrettable de constater qu’une fois encore ses élites se taisent misérablement, voire applaudissent.

 

Karl Hauffen
Correspondance Polémia
18/01/07

Du même auteur: http://www.polemia.com/campagne.php?iddoc=572&cat_id=57

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