La diversité ethnique « engendre la méfiance »
Par Peter Wilson, correspondant pour l’Europe de « The Australian »

mercredi 1 novembre 2006
Le 9 octobre 2006, le professeur Robert Putnam, éminent spécialiste des sciences politiques à l’Université de Harvard, a tenu une conférence de presse en Angleterre qui a fait grand bruit dans le monde politique anglo-saxon. Il y exposait les thèses déjà développées, voilà six ans, dans son livre « Bowling Alone », dans lequel, après une enquête de plusieurs années menée aux Etats-Unis, il concluait que la « diversité ethnique » était source de « méfiance » entre les individus. Son ouvrage lui valut immédiatement un grand renom puisqu’il fut reçu à Camp David, au 10 Downing Street et à Buckingham Palace. La presse française ne semble pas avoir relayé cette conférence de presse du professeur Putnam. Nous en avons eu connaissance grâce à un informateur américain de Polémia qui nous a envoyé un article paru en Australie, terre d’immigration par essence, dès le lendemain de la conférence. Nous le soumettons à la réflexion de nos cybernautes. Polémia  La diversité ethnique « engendre la méfiance »

Par Peter Wilson, correspondant pour l’Europe de « The Australian »

La diversité ethnique sape gravement la confiance et les rapports sociaux au sein des communautés. C’est ce que démontre une importante étude récente qui entache d’une ombre lugubre les théories optimistes sur les bienfaits du melting-pot social dans les sociétés composées d’immigrants telles que l’Australie.

Les découvertes inquiétantes relatives aux effets de la diversité ethnique ont été mises au jour par Robert Putnam, spécialiste des sciences politiques à l’Université de Harvard, dont les études précédentes sur la dynamique communautaire ont hautement influé sur des responsables politiques aux Etats-Unis et ont été remarquées par les Australiens Peter Costello et Mark Latham, prétendants aux fonctions de premier ministre.

Le professeur Putnam a tardé à dévoiler les résultats de son étude par crainte de l’impact qu’elle pouvait produire sur les politiciens et autres responsables politiques mais il a lancé son pavé hier au cours d’une interview au « Financial Times » de Londres.

Son étude approfondie démontre que plus une communauté est diversifiée, moins ses habitants sont enclins à faire confiance à quiconque, depuis leur voisin immédiat jusqu’à leur administration locale. Même à l’intérieur de leur propre groupe ethnique, les gens deviennent encore plus méfiants les uns à l’égard des autres, comme ils le sont à l’égard de ceux d’une origine différente.

L’impact de l’étude sera amplifié du fait de la position du professeur Putnam dont le livre « Bowling Alone » (Jouer aux boules en solitaire – NDT) a été l’objet d’un examen attentif de la part des gouvernements et des universitaires à travers le monde après sa publication en 2000.

« Bowling Alone » expliquait très clairement à quel point le « capital social » s’était détérioré au cours des récentes décennies, car de moins en moins de gens rejoignent les groupes de bénévoles et les associations qui ont longtemps joué un rôle dans la cohésion sociale. Le titre de cet ouvrage fait allusion à la découverte du professeur Putnam selon laquelle beaucoup de gens quittent les groupes, comme, par exemple, les clubs de bowling, pour passer leur temps seuls plutôt qu’au sein d’un réseau de relations sociales.

Le trésorier fédéral et M. Latham, ancien chef fédéral du parti travailliste, ont emprunté l’un et l’autre des idées à ce livre dans leurs discours sur le capital social.

Le professeur Putnam, qui travaille actuellement en Grande-Bretagne, a déclaré au « Financial Times » qu’après plusieurs années de recherches il avait attendu, pour publier ses résultats, de pouvoir présenter des propositions susceptibles de compenser les effets négatifs de la diversité, précisant qu’il « aurait été irresponsable [de sa part] de publier le livre sans cela ».

Sa plus importante trouvaille a été qu’ « en présence de la diversité nous nous faisons tout petits ». « Nous réagissons comme des tortues », a-t-il ajouté. « Le résultat de la diversité est pire que ce que l’on avait imaginé. »

Il a mené ses recherches aux Etats-Unis mais pense que ses conclusions seront vraisemblablement applicables à d’autres pays. Elles feront l’objet d’un examen attentif en Australie et dans la plupart des pays européens, où les gouvernements sont de plus en plus aux prises avec les retombées politiques et sociales de l’immigration et avec les questions de diversité ethnique et religieuse.

Il a découvert que c’était à Los Angeles, « la concentration humaine la plus diverse de l’histoire humaine », que la confiance était au plus bas mais ses conclusions sont aussi valables pour le Sud Dakota rural où « la diversité, c’est un peu comme inviter des Suédois à un pique-nique de Norvégiens ».

Quand les données prenaient en compte la classe, ou les revenus, ou d’autres facteurs, elles montraient que plus il y avait de gens de races différentes à vivre dans la même communauté, plus grande était la perte de confiance.

Peter Wilson
Correspondant pour l’Europe de « The Australian »
10/10/06
Traduction R. Schleiter
Correspondance Polémia
http://www.libertypost.org/cgi-bin/readart.cgi?ArtNum=161619

Robert Putnam est né aux Etats-Unis en 1941. Il est professeur de sciences politiques à l’Université de Harvard et président fondateur du « Saguaro Seminar :Civic Engagement in America ». Il est très connu pour ses écrits sur l’engagement civique, la société civile et le capital social dont il fera le titre d’un de ses livres. Son œuvre la plus remarquable et très controversée, « Bowling Alone », a été publiée en 2000 ; il y démontre que les Etats-Unis connaissent un effondrement sans précédent dans la vie politique, civique, sociale et associative depuis 1960, avec des conséquences particulièrement graves.

Robert Putman est considéré comme l’universitaire exerçant la plus grande influence sur le monde aujourd’hui.
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