Les impostures du discours républicain

vendredi 17 janvier 2003
Jamais on a autant parlé dans le discours officiel - qu’il soit politique, médiatique ou judiciaire - de la « République » et des valeurs « républicaines ».

Mais si la République est plus que jamais une théorie professée, c’est de moins en moins une théorie d’usage.

La République : vertus proclamées, principe bafoué

1. Selon la Constitution (et ses gardiens intangibles qui combattent toute décentralisation), « la République est une et indivisible », mais la réalité de la France actuelle est qu’elle est « diverse et communautarisée ».

2. La République n’est plus laïque puisque le port du voile islamique envahit l’espace public, de l’école aux hôpitaux, en attendant de s’imposer dans le droit du travail au nom de « la lutte contre les discriminations ». La République n’est pas davantage laïque quand elle laisse les interdits religieux islamiques s’imposer dans les cantines et les programmes scolaires.
La République est encore moins laïque quand elle organise le financement public des mosquées promouvant ainsi une religion au simplisme totalitaire allant entre tous ses principes de liberté et de dignité des hommes et des femmes.

3. Le principe d’égalité de droit qui donnait à chacun sa chance selon ses capacités est quotidiennement bafoué : dans les administrations comme dans les entreprises, les recrutements selon le concours ou le mérite reculent au profit des discriminations positives et des quotas de fait imposés par la pression médiatique et les nouvelles législations d’inspiration totalitaire.

4. La notion d’intérêt général s’efface devant les préoccupations individuelles, comme le montrent les jurisprudences du Conseil d’Etat et de la Cour de Cassation. Notamment s’agissant de la déchéance et de l’accès à la nationalité française comme l’ont souligné Mmes Kaltenbach et Tribalat dans leur ouvrage sur « L’islam et la République ». Mais aussi dans tous les procès mettant en cause l’Etat face à des intérêts particuliers.

L’année 2002 : triomphe et tombeau du consensus républicain

L’année 2002 a été républicaine en diable.


1. L’avant premier tour de l’élection présidentielle a été marquée par la montée médiatique de Jean-Pierre Chevènement. Mais, malgré une formidable promotion, le candidat du « Pôle républicain » parvint à peine à franchir la barre des 5% en rassemblant autour de lui l’électorat le plus âgé, le plus conservateur et le plus ringard.

2. Quant au deuxième tour, après quinze jours de happening anti-démocratique, il fut clôturé par une mascarade. Le Président nouvellement élu au nom de la République prononçant un discours républicain, Place de la République, devant une forêt de drapeaux… de la monarchie chérifienne et de la dictature algérienne, le tout sous les yeux pleins d’effroi de Mme Chirac.

Rien ne pouvait mieux symboliquement marquer la déconnection du discours républicain de la réalité française.

La République : la restauration impossible !

Bien sûr, certains peuvent rêver de restaurer la République : ils ont autant de chance d’y parvenir que Maurras n’en avait de restaurer la monarchie dans les années 30 ou 40, ou Gorbatchev le communisme à la fin des années 80.

Pour réveiller le peuple français, il faudra d’autres mystiques que la mystique abstraite et déréalisante de la République : un retour aux sources chamelles et culturelles du peuple.


Jean-Yves Le Gallou
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17 janvier 2003.
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