Le 20 juillet dernier, le MUNCI, association professionnelle regroupant des milliers de salariés du numérique, a adressé ses analyses et propositions à Fleur Pellerin, le ministre de l’économie numérique. Un texte dont le chapitre 5 – que nos lecteurs trouveront ci-dessous – « Offshore informatique et immigration économique » rompt avec la bien-pensance. Les auteurs se prononcent clairement contre l’offshore (la délocalisation), notamment indien et demandent son exclusion des appels d’offres publics. Quant à l’immigration économique, ils se prononcent pour des mesures évitant la mise en concurrence avec les demandeurs d’emploi nationaux. Les mots de protectionnisme et de préférence nationale ne sont pas employés mais c’est bien l’esprit qui domine dans le courrier : un signal intéressant émanant de professionnels jeunes, investis dans les technologies et proches du syndicat UNSA. Cela confirme l’opposition entre l’opinion des travailleurs et des ingénieurs et celle des oligarchies dirigeantes.
Polémia
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« L’impact des délocalisations ou externalisations de services informatiques dans les pays à bas coûts (offshore) sur l’emploi IT en France se mesure aussi bien en termes de pertes d’emploi que de dévalorisation de certains métiers et de leurs salaires (cas des développeurs) et parfois des conditions de travail (industrialisation des services).
Pour le moment, toutefois, les créations d’emploi dans le secteur compensent les pertes d’emploi induites par l’offshore (emplois équivalents à ceux de nos jeunes diplômés à quelques années d’expérience).
L’offshore doit être découragé par les pouvoirs publics, contrairement à ce qui a pu se faire à plusieurs reprises dans un passé récent. Pour autant, il ne s’agit pas de « diaboliser » excessivement ces emplois qualifiés qui participent à la croissance des pays en voie de développement…
A noter que la plupart des études sur le sujet ne prennent pas en compte la totalité du périmètre de l’offshore.
En ce qui concerne l’offshore informatique, nous demandons aux pouvoirs publics :
L’immigration économique consiste principalement pour les employeurs du numérique à recruter ou détacher des ingénieurs informaticiens depuis les pays à bas coûts (Maghreb, Europe de l’Est…), souvent à des salaires (un peu ou très) inférieurs à ceux du marché, pour des projets de développement informatique (le plus souvent en prestation de services par les SSII).
Elle entraine un important pillage des cerveaux dans les PVD (pays en voie de développement) et déresponsabilise, dans certains cas, nos employeurs en matière de formation.
En ce qui concerne l’immigration économique, nous demandons des mesures permettant seulement d’éviter la mise en concurrence de nos demandeurs d’emploi, salariés et indépendants avec les ressources humaines des « pays pauvres » (notamment par les détachements intra et intergroupes) :
Le MUNCI conteste toute autre politique (telle que l’instauration de quotas) consistant à réguler artificiellement l’immigration économique en France : l’Etat n’a pas à refuser d’autorisation de travail à un travailleur étranger dès lors que toute mise en concurrence avec un demandeur d’emploi en France (qu’il soit français ou étranger) est écartée et que les règles du jeu sont parfaitement respectées sur le plan social.»
MUNCI
L’association professionnelle des informaticiens
Lettre au ministre déléguée à de l’Economie numérique (chapitre 5)
20/07/2012
Voir l’intégralité du courrier du MUNCI : cliquer ici
Correspondance Polémia – 14/08/2012
Image : Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’Economie numérique, s’est rendue au centre de crise d’Orange aux premières heures de la panne.