La démocratie directe en Allemagne fédérale

lundi 6 décembre 2010

 
Le peuple ne pense pas comme les élites le voudraient. La démocratie directe est le moyen pour le peuple de se faire entendre comme le montre l’exemple suisse. Mais d’autres pays d’Europe pratiquent aussi la démocratie directe. Tel est le cas de l’Allemagne où la démocratie est arrivée en 1991… de l’est. Notre contributeur Yvan Blot fait le point.
Polémia

 

Après la Suisse, ce sont les Etats-Unis qui ont la plus longue expérience de la démocratie directe.  Mais d’autres pays s’y mettent. L’Italie a adopté le référendum d’initiative populaire en 1974. L’Allemagne ne le connaissait qu’au niveau communal dans le Bade- Wurtemberg et au niveau du Land (état fédéré) en Bavière jusqu’à la réunification.

Les länder de l’est plus démocratiques que ceux de l’ouest

Vers 1991, les nouveaux Länder de l’Est situés dans l’ancienne Allemagne de l’Est communiste, Mecklenburg, Brandenburg, Sachsen, Sachsen-Anhalt et Thüringen ont dû rédiger leurs nouvelles constitutions. Comme ces régions sortaient du communisme, leurs élus se sont dits : donnons la parole au peuple le plus possible ! Ils ont donc adopté l’initiative et le référendum populaire comme en Suisse au niveau communal et au niveau du Land.

Résultat paradoxal : les Länder de l’Ouest se sont retrouvés moins démocratiques que ceux de l’Est car ils n’accordaient pas de place au référendum (sauf la Bavière). Depuis lors, tous les seize Länder sans exception qui composent l’Allemagne ont adopté la démocratie directe.

Urbanisme, école, transports, écologie

Certes, de gros bémols ont été mis à la différence de la Suisse ou des Etats-Unis : on ne peut toujours pas faire de référendums sur les impôts et les dépenses publiques. Les Allemands favorables à la démocratie directe, notamment l’association « Mehr Demokratie » proche des petites et moyennes entreprises, appellent cela : le « finanztabu », le tabou financier et veulent le faire sauter. Du coup, les référendums allemands sont très nombreux mais se concentrent sur d’autres sujets : l’urbanisme, l’école, les moyens de transports ou l’écologie notamment. Autre différence avec la Suisse, les référendums et initiatives populaires font l’objet d’un contrôle préalable de constitutionnalité au niveau du Land.

Cela dit, la démocratie directe anime la vie politique allemande et les citoyens lui sont très favorables. Un référendum a interdit la construction de tours à Munich, un autre a bloqué la réforme gauchisante du lycée unique à Hambourg, la question de l’enseignement religieux a aussi été évoquée, notamment à Berlin. Il y a des exemples à foison.

Au niveau fédéral, c’est-à-dire national, la question est ouverte sur l’introduction de la démocratie directe à ce niveau. L’ancien président de la république, Horst Köhler (CDU), était pour mais madame Angela Merkel (CDU aussi) est contre. Le sujet coupe en deux plusieurs partis politiques. Sous le chancelier Schröder, le Bundestag avait voté la démocratie directe au niveau fédéral à la majorité simple. Mais c’est une réforme constitutionnelle et il faut la majorité des deux tiers ! Le débat continue donc !

Le silence des médias français sur les referendums allemands

En France, nous restons bien éloignés de tout cela. Non seulement la démocratie directe communale n’existe pas (les Parisiens ne peuvent s’opposer aux projets de tours de M. Delanoë alors que c’est possible à Munich !) mais en plus, la presse ne nous dit rien sur les référendums allemands ! On a peur, dans l’oligarchie médiatique, de la contamination, probablement !

Yvan BLOT
02/12/2010

Yvan Blot invite ceux qui le veulent à venir débattre avec lui de cet exemple d’outre-Rhin si méconnu, le lundi 13 décembre 2010 A l’Hôtel Néva, 14, rue Brey – 75017 PARIS (près de l’Etoile)

Correspondance Polémia – 06/12/2010

Image : 2010 OKTOBERFEST à Munich sans tabac - 61 % des Bavarois ont, en effet, décidé par référendum l'interdiction de fumer dans les lieux publics de leur région à compter du 1er août 2010.

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