Fécondité/natalité française en 2005 : la désinformation de l’INSEE

samedi 11 mars 2006
Début janvier 2006, en publiant le bilan démographique de l’année 2005, l’INSEE a poussé un grand cocorico : « 807 400 bébés sont nés en 2005 … Presque un record. »
« Nous avons le deuxième taux de fécondité d’Europe … La France pouponne. »

Lors d’un colloque organisé le 2 février 2006 par la Fondation Singer Polignac, le démographe Jacques Dupâquier, membre de l’Institut, a tenu à mettre les choses au point et à rappeler les faits cachés par le brouillard médiatique.

Jacques Dupâquier a notamment déclaré :

« Observons d’abord (…) une confusion soigneusement entretenue : on nous annonce que les Françaises “sans oublier les étrangères résidant dans l’Hexagone, ont mis au monde 807 400 bébés”, sans préciser que ces chiffres incluent les départements d’outre-mer.

Le nombre des naissances de la France métropolitaine n’est pas précisé. Mais par référence à l’année 2002, on peut considérer qu’il n’a pas dépassé 761 000.

Au contraire, le taux de fécondité calculé par l’INSEE (1,94) est évidemment surestimé. Car cet institut a retenu au dénominateur les résultats du recensement de 1999 dans lesquels manquaient, selon les spécialistes, au moins un million de personnes. En outre, ce taux exprime la moyenne entre la fécondité de la France métropolitaine et celle des DOM-TOM. (…) Le taux réel doit être de l’ordre de 1,89, alors qu’il faudrait 2,08 pour assurer le remplacement des générations.

Selon l’étude de France Prioux, publiée dans le dernier numéro de « Population » et portant sur la démographie de la France métropolitaine en 2004, sans correction des résultats du recensement, le taux de fécondité était de 1,879 en 2003 et 1,904 en 2004. Après correction, on retombe donc sur les chiffres précédents. Allons plus loin : le taux officiel de fécondité (de même que le taux réel pour la métropole) est un taux moyen qui recouvre deux situations divergentes :

– celle de la population d’origine européenne, dont le taux de fécondité n’est pas calculé mais doit être voisin de 1,7 (aussi bien pour les Françaises dites de souche que pour les immigrées et descendantes d’immigrés d’origine européenne) ;

– celle de la population d’origine africaine et turque, dont les taux de fécondité sont voisins de 3,4 (en 1998/1999 : 3,35 ; maghrébin : 3,25 ; autres africains : 4,02) ; sur les 761 400 naissances survenues sur le territoire métropolitain en 2003, 87 675 étaient de mère étrangère (soit 11,5 %), dont 31 564 de mère maghrébine, 20 013 de mère africaine non maghrébine, 5 338 de mère turque.

Après avoir diminué entre 1982 et 1990, la fécondité des étrangères est restée stable au cours de la décennie suivante.

Pour de nombreuses nationalités, la fécondité des femmes résidant en France est supérieure à celle de leurs compatriotes restant au pays (en particulier pour les Turques, les Marocaines et les Tunisiennes).

Comment Lucile Richet-Mastain, “démographe à l’INSEE”, a-t-elle pu soutenir dans les médias que “la proportion des mères d’origine étrangère est si faible que leur contribution à la fécondité en France est très limitée” ? (« Aujourd’hui », 18 janvier 2006). De même Catherine Borrel, responsable de la cellule sur l’immigration de l’INSEE : “Même si on enlevait dans les calculs la part des naissances chez les femmes immigrées, on conservait toujours une forte fécondité” (ibid.).

L’écart persistant entre la fécondité des femmes de souche européenne et celle des femmes d’origine africaine ou turque témoigne que l’intégration démographique est en panne. Si elle est en panne, c’est que le processus d’intégration/assimilation est en panne lui-même, ou plutôt que son rythme est très insuffisant par rapport à celui du flux d’immigration en provenance d’Afrique et de Turquie.

La priorité est donc de contrôler et de ralentir le flux d’immigration, à défaut de pouvoir l’arrêter. »


Correspondance Polémia
09/03/06
Archives Polemia