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Tyrannie médiatique : le point de vue de Robert Ménard

Tyrannie médiatique : le point de vue de Robert Ménard

par | 5 avril 2013 | Société

Pour Benjamin Dormann (Ils ont acheté la presse) ou pour Claude Lorne (Les médias en servitude), les médias sont contrôlés par des puissances politico-financières, le mélange des genres étant la règle chez les habitués des dîners du Siècle. Pour Jean-Yves Le Gallou (La Tyrannie médiatique), le fonctionnement des médias – et leurs dogmes idéologiques – repose sur la sainte alliance du capitalisme financier et du gauchisme de salles de rédaction.
Journaliste, écrivain, fondateur de l’association Reporters sans frontières, Robert Ménard, animateur du site Boulevard Voltaire, décrit comme « le cercle des empêcheurs de penser en rond », a une vision plus sommaire (ou encore plus radicale) des choses : pour lui, la responsabilité des journalistes est pleine et entière. C’est eux la source unique du totalitarisme médiatique. Robert Ménard a entrepris une tournée en France à travers des cercles dissidents. Voici le compte rendu d’une conférence qu’il a tenue à Troyes le 19 mars à l’invitation de Jean-Louis Chaton, président du Comité d’action pour le respect du droit (CARED) : une occasion pour Polémia d’enrichir le débat en donnant le point de vue de Robert Ménard. Polémia

Soulignant qu’il s’agit de sa première visite à Troyes, Robert Ménard introduit son exposé en expliquant qu’il est atterré par l’attitude de ses confrères journalistes. Il juge leur mauvaise foi sidérante, d’autant plus pour lui qui a passé sa vie à défendre la liberté d’expression. Et de citer le sondage suivant : 74% des Français ne se reconnaissent pas dans la presse (écrite comme audiovisuelle). Il souligne donc le différentiel important entre ce que vivent les gens au quotidien et ce qui en est transcrit dans les médias. Les journalistes ont de longue date une très mauvaise image auprès des Français, qui en parlent très négativement. Robert Ménard s’interroge alors sur les causes de cette image. Lorsqu’on interroge les journalistes sur les raisons de ce désamour, ils brandissent, d’après lui, toujours les mêmes excuses :

Propriétaires, hommes politiques, annonceurs : les fausses excuses

– Les propriétaires de médias : ces derniers influeraient sur les rédactions… EXCUSE, dit Robert Ménard en prenant l’exemple de TF1 et France Télévisions : propriétaires très différents et pourtant journaux interchangeables, avec même hiérarchie des titres, même développement de ceux-ci, même protocole…
– Les hommes politiques : ceux-ci pèseraient sur les relations avec les journalistes… EXCUSE, dit Robert Ménard en expliquant que le rapport de forces est compliqué ; pour lui, le couple François Hollande / Valérie Trierweiler est l’illustration symptomatique de la direction du pays par la caste journalistico-politique. Il déplore que le journaliste n’est plus aujourd’hui un contre-pouvoir, c’est même l’inverse : il qualifie les rapports entre journalistes et politiques d’incestueux.
– Les annonceurs : ces derniers, de par les revenus publicitaires importants, ne pourraient plus être critiqués… EXCUSE, dit Robert Ménard en citant l’exemple de critiques violentes qu’il a adressées, à l’époque où il travaillait à RTL, à l’encontre de certains de ses annonceurs. Or la cause de son départ n’est autre que… ses propres confrères journalistes !

Les journalistes pensent tous de la même manière

Pour conclure sur les causes de cette mauvaise image des journalistes, Robert Ménard avance ses propres explications. Pour lui, le problème de la presse n’est autre que les journalistes eux-mêmes qui « chassent en meute ». La mauvaise qualité de l’information, c’est LEUR faute. Ils sont tous issus des mêmes milieux. Et de prendre l’exemple d’une des plus grandes écoles de presse en France, dans laquelle on a organisé un vote secret avant la présidentielle de 2012 avec les candidats en lice. Résultat : aucune voix pour Nicolas Dupont-Aignan, aucune voix pour Marine Le Pen et aucune voix non plus pour Nicolas Sarkozy ! « Il existe bien quelques journalistes de droite, mais ils n’osent pas le dire », lui expliquera le directeur de cette grande école. Voilà la vraie raison : les journalistes pensent tous de la même manière.

Robert Ménard explique que l’idéologie dominante est ce dont on ne parle jamais (par exemple, pour 95% de ses confrères, l’immigration est une bonne chose). Et si vous ne pensez pas comme le « camp du bien », vous êtes affecté d’office dans le camp du mal ! Robert Ménard illustre son propos en citant une anecdote survenue avec sa confrère Géraldine Muhlmann à une émission télé traitant de l’homosexualité : « Je n’ai pas envie que ma fille soit homosexuelle, cela me pèserait car elle en baverait toute sa vie », et d’ajouter : « mais si c’était le cas, je la défendrais deux fois plus et de toutes mes forces pour qu’elle vive librement et sans discrimination son homosexualité ». Rejoint par le comédien Gilles Lellouche, il enfonce le clou en ajoutant qu’il « aimerait même l’emmener à son bras à l’église le jour de son mariage ». Tollé dans les coulisses : Robert Ménard et Gilles Lellouche sont priés par Géraldine Muhlmann de faire des excuses lors de l’émission suivante. Robert Ménard refusera catégoriquement, quand son allié d’un jour obtempérera… « sinon ma carrière est foutue », dira Gilles Lellouche en off à Robert Ménard… Ce dernier sera alors l’objet de menaces en règle et d’insultes incessantes.

Mieux vaut « Vive Mao ! » que « Vive Le Pen ! »

D’autres exemples sont lancés par le conférencier :

– Un « Vive Mao ! » vous affuble d’une nostalgie sympathique dans les salles de rédaction, quand un « Vive Le Pen ! » vous exclut de celles-ci…
– Lors d’une émission de On refait le monde sur RTL, animée par Christophe Hondelatte, Robert Ménard lance lors d’un débat sur le Front national « J’approuve certaines propositions de Marine Le Pen », donnant alors l’exemple du mode de scrutin des législatives qui ne permet pas de représenter la voix exprimée par 15 à 20% du peuple lors de la présidentielle. La Société des journalistes obtient sa tête et son éviction de RTL. Lui et Mme Duverger, co-auteur de Vive Le Pen !, ont été « assassinés » suite à cette parution… par nombre de personnes n’ayant jamais lu le livre ! Le poids de la bien-pensance !

Robert Ménard enchaîne : la presse pense pareil, vote pareil et traite l’info pareil. Or, celui-ci expose une conviction forte : le fait de ne pas parler des choses, ne pas écouter et donner davantage la parole à ceux qui pensent différemment produit l’effet inverse de l’objectif initial. Et de prendre de nouveaux exemples :

– On ne doit plus dire Noirs et Arabes, mais Blacks et Magrébins ;
– On ne donne plus les noms des délinquants à la télévision lorsqu’ils sont à consonance non européenne, pour « ne pas stigmatiser ». Or, pour Robert Ménard, cela aboutit à jeter la suspicion d’office sur la population qu’on souhaitait « préserver ».
– Nos lois sont les plus dures qui existent dans les domaines du racisme, de l’antisémitisme et des lois mémorielles. Les problèmes qu’elles sont censées régler ont-ils régressé depuis toutes ces lois ou se sont-ils aggravés ? Ne pas parler des problèmes exacerbe ces problèmes.

Le cercle de la bien-pensance

Pour illustrer à nouveau ce cercle de la bien-pensance et de l’indignation sélective, Robert Ménard donne d’autres exemples :

– Lors de l’affaire des caricatures de Mahomet, Robert Ménard défendit Charlie Hebdo. Droite, gauche, politiques et journalistes réunis se congratulent et soutiennent Charlie Hebdo et la liberté d’expression. Vient plus tard le procès d’Eric Zemmour, où Robert Ménard fut son témoin de moralité. Lors de ce procès, politiques et associations de gauche avaient déserté. Vient enfin le procès de Dieudonné où, là encore, Robert Ménard fut présent au nom de la liberté d’expression, précisant qu’il déteste pourtant les propos de l’humoriste. Il fut seul, et totalement seul, à le défendre. C’est le combat de sa vie : on n’interdit pas l’expression ; le peuple doit écouter toutes les sensibilités et se faire son point de vue.
– Lorsqu’il animait une émission sur I-Télé, Robert Ménard invita Bernard Lugan, historien ayant souvent un éclairage de l’histoire différent de celui de certains confrères. Le directeur de la rédaction incendia Robert Ménard sans avoir lu Bernard Lugan ni même vu l’émission en question… car Bernard Lugan était qualifié de « raciste » par le cercle des bien-pensants, donc on ne devait pas l’inviter. Robert Ménard fut viré. Dans les salles de rédaction, le seul expert-historien fréquentable est Benjamin Stora : ils ne reçoivent que lui, l’auditeur ne peut avoir d’autre son de cloche. Pourtant, il y a matière à lui donner la contradiction, comme par exemple sur les massacres de Harkis survenus après le 19 mars 1962, fin de la Guerre d’Algérie, et dont il ne parle jamais.

Au cours des questions diverses, le conférencier parle successivement :

– du traitement de la vie privée des politiques par les médias : elle est systématiquement cachée ; il compare avec le Royaume-Uni, où on distille tout mais les informations erronées sont lourdement amendées. Robert Ménard est d’avis que la vie privée d’un chef d’Etat ne peut être considérée comme celle de n’importe qui ;
– des relations entre presse, politique et justice : pour Robert Ménard, le problème n’est pas entre la droite et la gauche mais entre les puissants et le peuple. Il précise qu’il n’est pas complotiste : il pense que personne ne tire les ficelles mais observe que dans des clubs sélects comme Le Cercle ou l’Automobile Club se côtoient les grands magistrats, les grands politiques, les grands hommes d’affaires… c’est une image terrible pour notre société, et il soutient que les Français ne sont pas paranos. Sans « tomber dans le tous pourris », dit-il, « mais quand même… ».

Enfin, Robert Ménard termine son brillant exposé en répondant à une question de la salle :

« Les lecteurs/auditeurs ne sont-ils pas eux-mêmes fautifs de ne pas écrire aux rédactions ? »

Il explique alors que :

– d’une part, les réactions sont désormais libres grâce à l’Internet et cela le rend très optimiste ;
– d’autre part, les journalistes ont en effet très peu de retour : le droit de réponse est vu comme une humiliation par les salles de rédaction, et il faut se battre « comme un chien » pour en obtenir…

Robert Ménard conclut en arguant que la balle est dans notre camp : il suffit de soutenir les médias qui traitent différemment l’information… par nos audiences réelles.

Compte rendu rédigé par le CARED
19/03/2013

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