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« Plus belle la vie », la série télévisée comme moyen de formatage de l’opinion

« Plus belle la vie », la série télévisée comme moyen de formatage de l’opinion

par | 12 octobre 2013 | Société

Les médias dominants sont les nouvelles « troupes d’occupation mentale (*) ».

Ils ne trafiquent pas seulement l’information. Ils agissent aussi en profondeur sur l’opinion à travers les fictions. Ainsi, sur France 3, la série quotidienne Plus belle la vie n’est rien d’autre qu’un instrument de propagande au service de la société multiculturelle, du métissage et de l’antiracisme. Située à Marseille, cette fiction décrit une situation sans rapport avec la réalité locale marquée par les conflits ethniques et les violences. « De Plus belle la vie à un réel autrement moche, comment la vitrine du multiculturalisme est devenue le tableau de son échec. » Polémia publie ici des extraits de la remarquable étude réalisée par l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (OJIM) intitulée « Marseille : French Disconnection ». Polémia

« Tout est politique », disaient les jeunes Maos en Mai-68. Il est difficile de savoir dans quelle mesure cette assertion insidieusement totalitaire est juste, mais ce qui est certain, c’est que lorsque ces enfants de la bourgeoisie prirent le pouvoir – qu’ils tiennent toujours –, ils décidèrent de tout politiser. C’est ainsi qu’en France, plus que dans aucune autre démocratie européenne, toute forme de médiation devint un vecteur possible de propagande. L’éducation, l’art contemporain, le cinéma, la chanson, aucun secteur ne devait échapper à l’effort de guerre idéologique inspiré des théories du penseur communiste italien Gramsci, pour lequel la révolution devait également s’opérer dans un renversement de l’ « hégémonie culturelle ». (…)

Dans cet ordre des choses, le feuilleton Plus belle la vie, diffusé tous les soirs sur France 3, chaîne publique, à une heure de grande audience, est un véritable cas d’école. Outil de propagande du « politiquement correct » offrant une image idéalisée et totalement factice du « vivre-ensemble », ce feuilleton au succès croissant divulgue à plus de quatre millions de téléspectateurs une image positive de Marseille et de la « France telle qu’elle va vers un monde meilleur », que les événements du mois d’août 2013 ont eu tendance à inverser littéralement, révélant d’une manière saisissante l’arnaque intellectuelle en œuvre derrière le feuilleton à destination des masses.

Marseille comme enjeu symbolique

Il n’est pas anodin que la série star de la télévision publique se déroule à Marseille et dans un quartier, le « Mistral », directement inspiré du quartier du « Panier », un quartier de forte immigration maghrébine aujourd’hui en phase de « gentrification ». Marseille est en effet un enjeu symbolique fort, un symbole du multiculturalisme tel qu’il doit réussir, une alternative au désastre de la Seine-Saint-Denis où la mer et les cigales se substitueraient au bitume et aux crachats. « La ville est devenue un laboratoire de la modernité, une grande expérience de cohabitation entre Français d’origine et réfugiés d’Afrique du Nord », expliquait déjà en 2011 Julia Amalia Heyer dans Der Spiegel. Ce sont précisément ces raisons qui ont été mises en avant pour faire de Marseille la capitale européenne de la culture en 2013 : « Marseille est la ville la plus multiculturelle de France (…). Aux mutations culturelles qui touchent toute l’Europe, il faut proposer des réponses culturelles, et la dimension européenne est une clé pour dépasser les blocages postcoloniaux. Faire de Marseille une capitale européenne de la culture, c’est adresser un signe très fort à tous les néo-Européens. » Ainsi s’exprimait le compositeur Pierre Sauvageot pour soutenir la candidature de la ville, sur le site Rue89. Marseille, capitale moins de la culture, donc, que de l’utopie multiculturelle proposée comme modèle positif aux « néo-Européens » (i.e. les immigrés d’origine extra-européenne), et comme exemple propre à décrisper les archéo-Européens récalcitrants au changement de régime. Car le « multiculturalisme », rappelons-le, ne se résume pas à l’idée d’enrichissement d’une culture particulière par des apports exogènes, processus qui a toujours existé dans n’importe quelle culture, mais à un changement de régime politico-culturel. Là où, jusqu’alors, une culture locale dominante assimilait des éléments extérieurs nouveaux, le libéralisme mondialisé propose un régime de coexistence de cultures différentes, en quelque sorte « privatisées », pour que se substitue comme liant social, à une culture ancestrale commune, deux seuls référents : l’argent et la législation politiquement correcte. Tout cela se mettant, bien sûr, en place sur les décombres de l’ancienne culture nationale.

 « Plus belle la vie » ou le réalisme socialiste

C’est donc pour toutes ces raisons que Marseille est devenue le territoire d’élection de l’utopie multiculturelle, et que le feuilleton de propagation de cette utopie y a pris ses quartiers. Le titre même de la série semble suggérer au téléspectateur : « La vie sera plus belle quand elle sera vécue selon les paradigmes que nous allons exposer dans la fiction suivante. » Quels sont-ils ? Le sociologue Jean-Yves Le Naour, qui a consacré une étude extasiée à la série (Plus belle la vie, la boîte à histoires, PUF) les expose ainsi :

« On y voit des jeunes filles avorter, des homosexuels en veux-tu en voilà, une apologie de l’amour libre et du métissage, des plaidoiries pour les sans-papiers, etc. Même la question de l’islam (…) est abordée dans le feuilleton. Au centre du récit, on trouve le vivre-ensemble, le rejet du communautarisme, la promotion de ce que l’on appelle la “diversité”, et ce n’est pas un hasard si la plupart des couples de Plus belle la vie sont mixtes. Les scénaristes ont même poussé la perversion démocratique jusqu’à faire tomber amoureux un flic raciste et une policière beurette. »

D’une certaine manière, le feuilleton suit une démarche esthétique semblable à celle prônée autrefois par le « réalisme socialiste » en art et en littérature, transposée sur l’idéologie de l’époque, l’enjeu étant de décrire le monde non tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être si l’utopie promue était réalisée.

Un instrument de lutte idéologique au quotidien

En plus de cette vision artificielle du monde délayée tout au long de la série, celle-ci développe au jour le jour une lutte idéologique sur les sujets que soulève l’actualité. Un récent article d’Arrêt sur images va jusqu’à affirmer qu’ « à partir de 2007/2008, la série a engagé une lutte idéologique contre le sarkozysme en détricotant complètement les arguments de l’UMP quasiment au jour le jour. »

En quoi consiste ce prétendu « détricotage » ? Eh bien par exemple : « Lorsque Sarkozy s’attaqua pour la première fois aux Roms, un personnage de gentil jeune gitan apparut très peu de temps après et entama une histoire d’amour avec une des jeunes vedettes de la série. » « Détricotage » ultime, et éthiquement très limite sur le service public :

« Quelques jours avant les élections présidentielles, nous avons été témoins d’une scène extraordinaire. Dans le café du Mistral qui est le point de ralliement de tous les personnages, au comptoir, le docteur Leserman, une des figures les plus positives de la série, a exprimé, évidemment sans le nommer mais de manière très claire, qu’il n’était pas question de voter pour Sarkozy. Les autres ont opiné comme si ça allait de soi. »

Plus récemment, lors du débat sur le mariage gay, pour donner la parole aux opposants, d’après le site de Jean-Marc Morandini, on a vu une mère de famille acariâtre insulter deux honnêtes homosexuels qui s’embrassaient innocemment. Ce « détricotage » n’a donc strictement rien à voir avec le moindre début d’argument rationnel, il consiste simplement à exploiter le sentiment d’identification du spectateur à des figures positives, lesquelles relaient l’idéologie politiquement correcte et sont victimes de figures négatives caricaturales qui assument et résument tout discours divergent : une simple manipulation émotionnelle de masse sous le couvert d’un divertissement bas de gamme.

Ce que vous ne verrez jamais dans Plus belle la vie

Il est aisé de montrer à Marseille le revers de la fiction, en listant par exemple un ensemble d’anecdotes qui en disent beaucoup sur la réalité de cette ville et de son lien social, mais qui, pourtant, ne seront jamais exploitées par les scénaristes de Plus belle la vie, seulement occupés à peaufiner leurs décors factices. Vous ne verrez jamais, dans ce feuilleton : « des associations tenues par des dealers notoires (…) subventionnées par des fonds publics. En échange (de quoi), les caïds de quartier tiennent les bureaux de vote ! », comme le rapporte Saïd Ahamada, créateur du collectif AME. Aucun personnage, comme Fabien, victime au quotidien d’un racisme anti-blanc dans les quartiers nord, ne sera épaulé ou écouté par les clients du Mistral, alors qu’il témoignerait de son calvaire : « Plusieurs fois, dans le métro, j’ai dû subir des “sale Gaulois !”, “mécréant !” ou d’autres injures en arabe (…). Une fois, ils ont même sorti un couteau, j’ai pris un coup de bouteille de Coca-Cola sur la tête et un coup de poing sur la tempe. Des inscriptions “va crever, Français”, il y en a jusque sur les murs de ma rue. » Jamais, le sympathique médecin de la série ne sera confronté à une situation comme celle que rapportait, dans Le Point du 16 juillet, cette médecin marseillaise, « séquestrée dans un appartement au milieu d’une dizaine de personnes qui (lui) demandent d’établir un certificat de virginité pour l’une de leurs filles. » Jamais vous n’assisterez non plus à l’éviction violente d’un camp de Roms par des habitants maghrébins excédés, comme cela s’est produit pourtant l’année dernière sans susciter l’émotion des associations antiracistes.

L’avenir de la France

Il serait pourtant judicieux de se pencher sur ce genre de cas, puisque si Marseille est un laboratoire du multiculturalisme, la moindre des choses serait tout de même, plutôt que fantasmer sans cesse le programme, de s’intéresser aux résultats concrets de l’expérience. Résultats d’autant plus importants qu’ils concerneraient, à terme, le territoire entier, où est déjà engagée la « multiculturisation » à marche forcée. C’est pourquoi, très naturellement et prenant au mot la doxa officielle, le journaliste dissident Eric Zemmour peut conclure au vu des événements :

« La trilogie de Marseille n’est plus Marius, Fanny, César mais désindustrialisation, décentralisation, défrancisation. La trilogie noire de Marseille est la pointe émergée du malheur français ; Marseille est l’avenir de la France. »

Pendant ce temps, la presse dominante a d’autres combats : relativiser la situation, pour Le Monde et Libération, ou bien, comme à Télérama ou à La Provence réagissant à une enquête du Figaro, s’élever contre le « Marseille Bashing ». Ainsi, pendant que Plus belle la vie continue d’entretenir le rêve, la presse bien-pensante traque ceux qui tenteraient de le briser, tout cela dût-il s’achever dans le pire cauchemar.

Source : ojim.fr

 (*) Selon l’expression de Laurent Ozon.

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