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L’économie informelle : un péril grave pour notre économie et notre société

L’économie informelle : un péril grave pour notre économie et notre société

Par André Posokhow, consultant ♦ L’activité économique visible telle que la traduit le concept de PIB ne fait pas apparaître qu’une partie appréciable de la population vit d’activités parallèles, souvent en marge du droit et de la fiscalité, en grande partie délictueuse et parfois purement criminelle que l’on peut regrouper sous la dénomination d’économie informelle.


Les définitions sont diverses, floues et parfois contradictoires

Les définitions de l’économie informelle sont nombreuses et particulièrement diverses selon les auteurs comme Jean-Paul Gourévitch et les organismes comme le Conseil économique et social (CESE) qui observent ce phénomène.

 Dans un esprit de simplification nous proposons de retenir celle de Wikipedia qui nous est apparue comme la plus pratique et qui distingue :

  • l’économie familiale et domestique estimée à au moins les 2/3 du PIB ;
  • l’économie conviviale, proche de l’économie familiale, mais tournée vers l’extérieur de la cellule familiale estimée également aux 2/3 du PIB ;
  • l’économie souterraine qui regroupe 3 formes d’activité :

– illégale dans la forme de son exercice comme le travail au noir ;
– illégale dans la forme de l’exercice mais condamnable car délictueuse ;
– générée par des activités criminelles.

C’est l’économie souterraine qui retient principalement notre attention.

Les causes

Le CESE, dans un avis, a exposé son analyse des causes du développement de l’économie informelle :

  • la crise économique ;
  • un contexte de chômage massif ;
  • la fiscalité et les cotisations qui renchérissent le coût du travail pour les employeurs et/ou diminuent les gains pour les employés ;
  • la pauvreté ;
  • la concurrence qui peut peser sur les résultats de l’entreprise.

Il faut y ajouter :

  • la mondialisation du commerce et de l’industrie ;
  • la libre circulation des personnes et des marchandises. Le CESE insiste particulièrement sur la problématique des travailleurs détachés ;
  • le développement de l’économie numérique ;
  • la complexité et l’empilement de textes et de normes de nature sociale et environnementale.

Deux observations :

  • l’analyse des causes par le CESE se réfère plus à l’économie souterraine reliée au comportement de chefs d’entreprise qu’à l’économie noire et criminelle, évacuant ainsi largement un aspect crucial de l’économie informelle ;
  • encore plus idéologique est le fait que les liens de causalité entre l’immigration et l’économie informelle sont à peine évoqués par le CESE. Et pourtant !

Les évaluations sont peu nombreuses, variables, très imprécises mais aboutissent à des résultats affolants

Il s’agit d’un sujet délicat car les évaluations de l’économie informelle varient considérablement selon les auteurs et les organismes et selon ce que, selon eux, ce terme recouvre.

Les données internationales

Si l’on en croit le CESE, l’importance de l’économie souterraine serait comprise, selon la Commission européenne, entre 7% et 16% du PIB de l’UE ou encore de 7 à 19% des emplois déclarés.

Selon une étude réalisée par le groupe de cartes de crédit Visa par le professeur Friedrich Schneider, professeur d’économie à l’Université de Linz, le poids de l’économie parallèle (travail au noir et transactions non déclarées) représentait 19,3% du PIB cumulé de l’UE, de la Norvège, de la Suisse, de la Turquie et de la Croatie en 2012. C‘étaient donc 2175Md€ qu’ont représenté le travail au noir et les transactions non déclarées dans cette zone en 2012.

Rapporté à la taille de l’économie nationale, le phénomène pèse plus lourd en Europe de l’Est où cette économie informelle pourrait atteindre 30% du PIB.

La même étude indique que l’économie parallèle pourrait baisser en 2013 et ne plus représenter que 18,5% du PIB européen. Malheureusement cette étude ne prend pas en compte les autres aspects illégaux de l’économie informelle : les activités délictueuses et celles générées par des activités criminelles.

En 2005, dans le bulletin économique du CIRAC il a été indiqué que le travail au noir en Allemagne (d’ailleurs confondu à tort dans l’article avec l’économie informelle) a pesé 15,6% du PIB. Que reste-t-il de la vertueuse Allemagne, modèle universel d’honnêteté et de rigueur morale ?

Selon J.P. Gourévitch, en 2002, l’économie informelle, y compris les activités illégales et criminelles, représentait 28% du PIB de l’Italie, 28% de celui de l’Espagne, près de 20% de celui de la Suède. Même la Suède ! Elle était en progression exponentielle dans l’UE.

La France

Selon l’étude du professeur Friedrich Schneider, l’économie parallèle, c’est-à-dire en excluant les activités illégales, aurait représenté, en 2012, 10,8% du PIB en France, soit environ 219Md€

En 2002, J.P. Gourévitch, dans son livre sur les migrations en Europe, a estimé l’incidence de la totalité de l’économie informelle française à une fourchette comprise entre 17% et 19% du PIB.

Lors d’un colloque de l’Institut géopolitique des populations en 2014, il a avancé, à juste titre, que le taux de 10,8% de l’étude du groupe Visa était sous-estimé et que l’économie informelle est plutôt en progression. Si l’on reste sur un taux de 19% la totalité de l’économie informelle représenterait en 2016 plus de 400Md€.

A ce niveau, les conséquences sont gravissimes et représentent un péril grave pour les économies et les pays qui sont victimes de l’économie informelle

Les conséquences de la démesure de cette économie informelle sont gravissimes en n’insistant que sur l’économie non déclarée, celles de l’économie illégale et criminelle étant évidentes.

  • Encouragement de l’invasion migratoire, l’économie informelle constituant une des pompes aspirantes les plus puissantes ;
  • Création de zones économiques autonomes qui posent de plus en plus une question grave de souveraineté économique et administrative ;
  • Travailleurs privés de droits et d’avantages sociaux ;
  • Concurrence déloyale à l’égard des travailleurs nationaux :
  • Manque à gagner pour les comptes de l’Etat et les comptes sociaux ;
  • Concurrence déloyale entre entreprises, bien connue avec le phénomène des travailleurs détachés ;
  • Garanties insuffisantes pour le consommateur ou le client ;
  • Affaiblissement de la morale économique, des valeurs fondamentales de la société et de la confiance dans l’Etat de droit. Il en résulte une tentation d’une partie de la population de quitter l’économie officielle pour l’économie déclarée ;
  • L’économie informelle favorise la délinquance et la criminalité en stimulant la circulation d’argent non déclaré. Elle peut constituer une atteinte à la personne et à la dignité humaine. Le rapport de forces tend à suppléer la règle et à encourager le recours à la violence.

Jean-Paul Gourévitch, dans le colloque de l’IGP de 2014, a publiquement estimé qu’un pays est en danger si l’économie informelle dépassait un jour le tiers du PIB. La Grèce a été le premier pays à dépasser ce tiers…

 La lutte contre l’économie informelle

Cette lutte apparaît compliquée par la faiblesse de la justice et le manque de moyens. Il existe également des raisons de choix idéologiques ou politiques et trop souvent une acceptation sociale de pratiques délictuelles comme le travail au noir.

L’économie souterraine joue également un rôle d’amortisseur social. Une catégorie de la population survit grâce aux petits boulots non déclarés, aux trafics divers, voire à celui de stupéfiants. Il est clair que si l’on arrêtait par une contrainte forte les trafics des banlieues il faudrait s’attendre à des explosions. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire, mais qu’avec les gouvernants de la trempe de ceux que la France a à sa tête, il est improbable que le fer soit un jour porté dans cette plaie.

Enfin il existe l’idée que si l’économie informelle venait à disparaître cela pourrait paradoxalement pénaliser la machine économique officielle car les revenus de l’économie informelle alimentent celle-ci.

Economie criminelle et PIB

Depuis 2015 une partie de l’économie informelle est incluse dans le calcul du produit intérieur brut (PIB) de l’Italie et du Royaume-Uni.

Cette mesure n’est pas spécifique à l’Italie ou à la Grande-Bretagne. Le Parlement européen a demandé aux Etats membres de chiffrer les revenus provenant de leur économie souterraine, dans le PIB, et cela dès 2015.

La raison mise en avant par l’institution européenne serait (ne rions pas) un souci d’équité. A titre d’exemple, la vente de cannabis, légale aux Pays-Bas, dope le PIB du pays par rapport à un autre où ce commerce reste hors-la-loi.

La prise en compte de l’économie souterraine dans le calcul du PIB français ne semble pas être d’actualité. L’Insee a proclamé qu’elle n’incorporerait pas les activités illégales dans ces estimations, dans la mesure où les circonstances dans lesquelles s’effectuent ces activités (dépendance des consommateurs de stupéfiants, esclavage sexuel dans certains cas) ne permettent pas de considérer que les parties prenantes s’engagent toujours librement dans ces transactions. En revanche l’Insee a accepté d’incorporer la drogue dans le Revenu national brut (RNB) qui sert de base au calcul de la contribution de chaque pays au budget de l’UE.

Cette démarche d’incorporation de l’économie officielle et criminelle dans le PIB pour des raisons bureaucratiques d’homogénéité statistique et budgétaire constituerait une officialisation et une banalisation des activités économiques de la délinquance. Elle est caractéristique de l’idéologie européiste dont rien ne doit nous surprendre. Que l’UE impose l’augmentation de ses ressources sur la base de la prise en compte de la drogue et de la prostitution apparaît tout à fait symbolique. Un jour ou l’autre une France gouvernée par l’RPS s’y pliera et a d’ailleurs déjà commencé à s’y plier. Il sera de l’honneur d’un gouvernement national de ne pas s’incliner devant cette abjection.

Conclusion

Il est évident qu’une économie informelle recouvrant une part importante de trafics illégaux et criminels et représentant à peu près 1/5 du PIB officiel constitue une menace grave pour la souveraineté économique de la France et la stabilité et la pérennité de notre société. Dans l’état actuel des choses elle constitue un énorme cancer au sein de notre pays qui en est peu ou prou prisonnier. Elle doit cependant être combattue avec fermeté, ténacité et efficacité.

Force est de constater que ce combat n’est pas mené comme il devrait l’être.

André Posokhow
25/08/2016

Correspondance Polémia – 29/08/2016

Image : De la main à la main ! L’économie souterraine la plus répandue.

André Posokhow

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