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Le coût de la submersion migratoire en 2015 et dans les années à venir

Le coût de la submersion migratoire en 2015 et dans les années à venir

André Posokhow, consultant.

Les évaluations allemandes (22.000€ par immigré) et suédoise (35.000€) sont moins lénifiantes que les estimations françaises.

♦ J.P.Gourévitch a publié en mars 2016, pour la revue Les enquêtes de Contribuables associés, une nouvelle étude sur « Les migrations méditerranéennes en 2015. Chiffres et coûts, les réalités du présent, les scénarios du futur », qui vise à faire le point sur les chiffres du mouvement migratoire actuel. Polémia se bornera dans cet article à commenter ces chiffres, exercice, certes, fastidieux et nous nous en excusons, mais dont la résonance politique est importante et grave.

Les données chiffrées concernant la France apparaissent inquiétantes voire angoissantes, qu’il s’agisse de la part allogène de la population vivant en France, de l’émigration définitive de nombreux Français (120.000 par an) et des vagues de migrants de 2015.

En revanche les évaluations du coût de cette invasion submersion peuvent apparaître comme lénifiantes (13.500 € par immigré) si on les compare aux montants annoncés par les Allemands (22.000€ par immigré) et les Suédois (35.000€ par immigré) qui, il est vrai, sont en première ligne pour apprécier les conséquences de ce déferlement humain.
Polémia.


Une situation du stock migratoire de plus en plus pesante

Jean-Paul Gourévitch se réfère à son chiffre d’immigrés de sa monographie n°27 de 2012 de 9.975.000 résidents, soit 15% de la population française.

En réalité, selon les études de l’INSEE d’octobre 2015, en 2014, sur 65,8 millions de personnes, la France compte 5,9 millions d’immigrés, soit 9% de la population. Mais surtout l’INSEE, dans ces études, ne fait pas apparaître le nombre des descendants directs d’immigrés qui peuvent être estimés à environ 6,7 millions. Au total cela représente à peu près 12,6 millions d’immigrés, soit 19% de la population.

Il faut souligner qu’il n’existe que peu de chiffres fiables des immigrés des pays tiers de la 3e et 4e génération. Ceux-ci, à l’exemple des Hispaniques, des Russes blancs et des Italiens, devraient être assimilés depuis longtemps. En réalité, comme le souligne Malika Sorel-Sutter, nombre d’entre eux gardent leurs racines, retournent à l’islam et ne vouent que mépris et détestation à une France, à leurs yeux, en voie de soumission.

Un solde de l’émigration angoissant et, semble-t-il, en nette progression.

En 2013, J.P.Gourévitch concluait à un solde de l’émigration de Français de 80.000 personnes parties définitivement.

Ce chiffre déjà catastrophique est infirmé par celui de l’INSEE d’octobre 2015 qui, sur la base de 197.000 sorties et 77.000 retours, s’élèverait à 120.000 départs, ce qui est angoissant.

Les vagues de migrants de 2015

J.P.Gourévitch rappelle qu’au cours de l’année 2015 un flot continu de migrants provenant de Libye, du Proche-Orient, de l’Afrique de l’Ouest comme de l’Est a traversé la Méditerranée en direction de l’Europe. L’évaluation de ces arrivées est rendue difficile par le maelstrom de chiffres auquel l’observateur est confronté. L’auteur les estime à plus d’un million.

Selon un communiqué de l’Organisation internationale pour les migrants (OIM) du 23 décembre 2015, 1.005.504 migrants seraient entrés de façon irrégulière en Europe en 2015.

Frontex affirme, par la voix de son directeur général, qu’il y a eu 1,8 million d’entrées irrégulières en Europe en 2015, mais beaucoup sont entrés en Europe plusieurs fois par différents pays.

Concernant l’avenir, des commentateurs évoquent 2,2 millions de candidats à la migration en Syrie et 300.000 en Irak et évaluent entre 1 million et 1,6 million le chiffre de l’invasion en Europe pour 2016.

D’autres prévisions que ne cite pas J.P.Gourévitch sont encore plus marquantes :

-le FMI, relayé par le quotidien The Telegraph, a prédit que quatre millions de migrants, hommes et musulmans en majorité, arriveraient en Europe en cette année 2016 ;
-selon le ministre allemand Gerd Muller, seulement 10% des migrants potentiels sont arrivés en Europe. Cela voudrait dire que notre continent doit en attendre environ 10 millions dans un avenir proche.

Les migrations méditerranéennes pourraient coûter beaucoup plus cher que ce qui a été affirmé

1- Les chiffres de J.P.Gourévitch sont élevés mais apparaissent raisonnables

 1.1.-F.Hollande a promis d’accueillir 24.000 réfugiés supplémentaires sur 2 ans. Sur la base des coûts estimés par la Cour des comptes, le coût des 24.000 réfugiés peut être évalué à 0,324Md€ sur 2 ans.
1.2.-
Selon l’Ofpra, 79.130 demandes d’asile ont été enregistrées en 2015. Sur une base minimale du chiffre allemand de 12.500€ du coût d’un demandeur d’asile, J.P.Gourévitch estime le coût d’accueil de ces demandeurs à 1,3Md€.
1.3.-
L’auteur est convaincu que les dirigeants européens devront s’accorder sur la répartition des arrivées prévues pour 2016. Sur une base minimale de 1 million de « réfugiés » et selon les clefs de calcul de l’UE, la France devrait en recevoir 192.500. En supposant qu’elle parvienne à réduire ses délais d’instruction à 12 mois, le coût serait de 2,41Md€ (en fait probablement 1,5 fois plus, soit 3,6Md€).

Au fond ces chiffres, noyés dans l’océan de gabegie sur lequel voguent nos gouvernants, apparaissent plutôt supportables. Il n’en est rien.

2-Si l’on observe des estimations européennes, le coût de cette invasion pourrait être très lourd et carrément insupportable

 2.1.-Les prévisions chiffrées allemandes explosent.

A la fin de décembre 2015 un article du Die Welt évaluait le coût des 1,1 million de migrants en 2016 à 17Md€, soit environ 15.000€ par migrant, ce qui est un peu plus élevé que l’estimation de J.P.Gourévitch.

L’institut de l’économie allemande a estimé en février 2016 que le nombre des réfugiés et autres migrants serait en Allemagne de l’ordre de 1,5 million en 2016 et de 2,2 millions en 2017. Le coût serait alors de 17Md€ en 2016 et de 22Md€ en 2017 pour l’hébergement et les repas d’urgence, auxquels il faut ajouter 10Md€ pour le coût des dépenses d’apprentissage de la langue et d’intégration, soit un total d’environ 50Md€, soit plus de 22.000€ par migrant.

Cette estimation est intéressante mais comporte des ambiguïtés :

-Le chiffre de 2,2millions de migrants est-il un cumul ou celui des arrivées de 2017 s’ajoutant à celles des années précédentes ? Dans ce dernier cas le coût global serait beaucoup plus élevé.
-Les 50Md€ concernent les deux années 2016 et 2017. Mais quid des années qui suivent : 2018, 2019 et 2020 ? Les dépenses ne vont pas s’arrêter providentiellement d’un coup.
-Enfin rien n’est dit sur les dépenses de sécurité, de santé que cette invasion devrait entrainer.

D’ici la fin 2020, le gouvernement allemand prévoit de dépenser quelque 93,6Md€, soit environ 20Md€/an pour l’accueil des demandeurs d’asile, rapporte samedi 14 mai 2016 l’hebdomadaire Der Spiegel, citant un document émanant du ministère fédéral des Finances en vue de négociations avec les seize Länder.

Les calculs du ministère comprennent le coût lié à l’hébergement et l’intégration des réfugiés ainsi que celui de mesures visant à s’attaquer aux racines de l’exode de milliers de migrants et réfugiés des régions frappées par la guerre ou la pauvreté. Les dépenses liées au versement d’allocations chômage, d’aides au logement et d’autres prestations sociales pour les demandeurs d’asile d’ici la fin 2020 sont évaluées à 25,7 milliards d’euros. Les cours de langues coûteraient 5,7 milliards d’euros sur la même période et 4,6 milliards d’euros seraient consacrés à des mesures pour aider les réfugiés à trouver du travail.

Enfin des auteurs et des économistes allemands ont produit des évaluations chiffrées apocalyptiques pour l’Allemagne du futur :

-Mark Werner Sinn, chef de l’Institut de recherche économique de Munich, estime le coût global à 450Md€ ;
-Bernd Raffelhüsheim, directeur du Centre de recherches pour les contrats entre générations, a évalué ce même coût global à 900Md€ avec les frais administratifs, au long de la vie de 4 millions de migrants ;
-Enfin, Theo Sarrazin, auteur de L’Allemagne disparaît, a lancé, pour sa part, un chiffre de 1.500Md€.

Ces chiffres ne sont pas étayés par des démonstrations rigoureuses en français. Prenons-les pour ce qu’ils sont : l’indication d’un risque budgétaire gigantesque sans commune mesure avec les chiffres de J.P.Gourévitch et des organismes officiels français.

2.2.-Les données chiffrées suédoises peuvent être considérées comme encore plus inquiétantes

Sputniks News cite l’étude de Jan Tillberg, économiste suédois, qui estime le coût de l’invasion pour la Suède en 2015 à 583Md couronnes (62Md€). Ce chiffre, qui tient compte du regroupement familial, semble démesuré.

La ministre des Finances suédoise, Magdalena Andersson, a estimé officiellement le coût annuel du déferlement de 575.000 personnes sur 5 ans jusqu’en 2020 à 56Md couronnes ou 6Md€/an, soit environ 30Md€ au total. Ce chiffre correspond à un coût individuel par migrant d’environ 35.000€, soit près du triple de celui de J.P.Gourévitch.

2.3.-Ces estimations sont corroborées par les estimations économiques de Jean-Yves Le Gallou

Une profonde différence entre les diverses évaluations réside dans l’appréhension d’autres coûts que celui du logement d’urgence ou de l’apprentissage de la langue.

Jean-Yves Le Gallou, s’inspirant directement de notre grand Prix Nobel d’économie Maurice Allais aujourd’hui disparu, a estimé et démontré en 2012 le coût d’une immigration supplémentaire annuelle de 200.000 entrées à 18Md€ en fonctionnement des services publics, redistribution sociale, investissements en infrastructures et en logements et en indemnisations chômage, soit 90.000€/immigré (*).

Pour 1 million d’immigrés cela représenterait un coût de 90Md€ à étaler sur plusieurs années. On se rapproche doucement des estimations à caractère apocalyptique.

Conclusion

  • Une fois de plus les données étrangères infirment pour ne pas dire ridiculisent les assertions chiffrées lénifiantes des organismes de notre pays.
  • Le nombre de 27.500 réfugiés acceptés par l’hôte de l’Elysée pourrait être pulvérisé. La route des Balkans étant désormais fermée, c’est l’Italie qui redevient le point de passage privilégié des candidats au départ. La presse italienne n’hésite pas à parler d’un prochain « tsunami » qui serait estimé de l’ordre de 500.000 réfugiés. Il serait étonnant que la France restât indemne.
  • Enfin rappelons que ces chiffres de submersion migratoire sont hors regroupement familial pour une large partie.

André Posokhow
24/05/2016

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Correspondance Polémia – 26/05/2016

Image : J.P.Gourévitch

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