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Le Bobard par euphémisation : « De la boucherie traditionnelle au halal, passage de témoin en douceur »

Le Bobard par euphémisation : « De la boucherie traditionnelle au halal, passage de témoin en douceur »

par | 12 mars 2012 | Société

La traditionnelle cérémonie des Bobards d’Or qui aura lieu le 20 mars excite la convoitise des journalistes. Dans Le Monde du 6 mars 2012, Élise Vincent tente sa chance avec une subtile catégorie de bobard : le bobard par euphémisation. Ou comment la colonisation d’une ville se fait « en douceur ». Décryptage par Michel Geoffroy.

On saluera à sa juste valeur l’article signé d’Élise Vincent dans Le Monde du 6 mars 2012 et intitulé « Yves Béguin et Lahcen Hakki, un passage de témoin en douceur dans la boucherie ». Car c’est un modèle du genre.

L’article décrit en effet la disparition du dernier boucher « traditionnel » –entendez français de souche – situé près de l’église de Pantin, commune de Seine-Saint-Denis riche de 52.000 habitants, et son remplacement par un boucher halal (un « artisan halal », écrit joliment Elise Vincent), d’origine marocaine et naturalisé au début des années 2000 alors qu’il était encore « sans papiers ».
Mais ce « passage de témoin » (sic) au sein d’une des plus vieilles communes d’Ile-de-France (une présence humaine permanente y est attestée depuis… le IIe siècle), symbole de l’islamisation de notre pays et du changement de population qu’induit l’immigration massive, ne suggère rien d’autre au journaliste qu’un lâche soulagement. Car Elise fait de gros efforts pour nous rassurer : la « transition » se passe très bien ! L’ordre règne à Pantin.

Qu’ils sont « corrects » !

Ce Lahcen est en effet quelqu’un de très bien car il a une « certaine prestance », ce qui est important, vous en conviendrez, pour un boucher. D’ailleurs ce n’est pas un boucher halal, non, c’est un « repreneur » d’affaire en difficulté : en d’autres termes, Lahcen et les siens viennent nous aider en reprenant nos commerces en déshérence…

Et puis Lahcen a de multiples talents : on nous dit qu’il a été tailleur pour femme (sic), maçon et plâtrier avant de faire dans le halal. Car il a « toujours appris sur le tas avec les Français », nous dit-on, sans qu’Elise remarque d’ailleurs qu’il est curieux que ce « Français » parle de ses « compatriotes » à la troisième personne. L’effet de l’intégration sans doute…
Mais, heureusement, les relations entre l’ancien boucher et l’artisan halal sont excellentes : pensez donc, « je lui ai donné ma recette de merguez et une astuce pour que les côtes de veau restent tendres », déclare ce bon Yves Béguin. Et ce gentil Lahcen a placé sur sa vitrine réfrigérée des plats à tajine et des dattes d’Algérie : comme c’est touchant ! Et puis Yves est toujours accueilli « avec plaisir » par Lahcen quand il lui rend visite dans sa boucherie halal.

Ah les braves gens ! Qu’ils sont « corrects » ! comme on disait déjà en 1940.

La valise ou le chômage

Évidemment il faut lire entre les lignes pour se faire une autre idée de la situation.
Un « repreneur », ce Lahcen ? Oui mais plutôt du genre pilleur d’épaves.

On comprend que ce brave Yves Béguin n’est sans doute pas si « décontracté » que le prétend Elise car il a en réalité dû brader son affaire à « 65.000€ le fonds sans même la prise en compte du chiffre d’affaires ». En clair, des années de labeur et aucun bénéfice, dans ces villes où la composition ethnique a été bouleversée.
On apprend aussi que d’autres commerces et boucheries « traditionnels » sont repris dans les mêmes conditions : pas de repreneur de souche. Cela provoque donc en chaîne une « désaffection du métier » par effet d’éviction cumulatif des Français de souche. Une autre version de la formule « la valise ou le cercueil » utilisée en d’autres temps, puisque c’est de mort économique qu’il s’agit.

L’abattage des bouchers traditionnels

Actualité électorale oblige, Élise Vincent évoque évidemment les propos de Marine Le Pen sur l’abattage halal. Voilà Yves Béguin érigé au rang d’expert : non, « c’est archifaux que toute la viande d’Ile-de-France est halal », déclare-t-il dans le langage particulier du 9.3. Nous voilà rassurés. Mais, pas de chance : Yves ajoute que si l’abattage n’est pas halal, ce sont les… bouchers qui le deviennent ! Tout est dans la nuance, même si le résultat est bien sûr le même. Et puis avec le halal viennent les autres prescriptions alimentaires. On apprend qu’Yves vendait du vin. Lahcen, qui est un bon musulman, ne le fera plus. Notez, il accepte encore de vendre des produits bios, même s’ils ne se vendent « pas vraiment » sur ce territoire. Mais notre journaliste ne relève pas ce dernier point.

S’ils ont faim, qu’ils prennent le métro !

Mais, au fait, que deviennent ceux qui ne veulent pas manger des produits halal ?
Car « les petites mamies » – entendez les vieux Français de souche qui n’ont pas les moyens de s’enfuir du paradis multiculturel – ont du mal à pousser la porte de la boucherie de Lahcen.
Ah ! Il y a là, certes, un petit inconvénient : il faut alors compter « trois stations de métro en direction de Paris » pour trouver des rillettes ou des côtes de porc. C’est pourquoi « la plupart se sont rabattus sur d’autres viandes ». Traduisez : ne mangent plus de porc.

L’impasse

La conclusion de l’article nous éclaire sur le sens qu’Elise Vincent entend donner à tout cela : « Dans la ruelle en pente douce bordée d’immeubles gris où la boucherie poursuit sa vie, le bistrot voisin s’appelle « l’Avenir ». Quelle poésie pour les bobos !
Mais quel symbole aussi pour le peuple français : Voulez-vous vraiment un avenir halal pour vos enfants ? Et si vous ne le voulez pas, il serait temps de remonter la pente !

Michel Geoffroy

Michel Geoffroy

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