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Forum de la dissidence – Entretien avec Robert Ménard, maire de Béziers

Forum de la dissidence – Entretien avec Robert Ménard, maire de Béziers

Robert Ménard, maire de Béziers, dissident !

♦ En exclusivité pour Polémia Infos, Robert Ménard évoque la dissidence, cette attitude, cette liberté de ton qui fait sa marque de fabrique.

Pourquoi participer au Premier Forum de la dissidence, organisé par Polémia  ?

R.M. : C’est pour moi une évidence ! Le seul fait de penser en dehors des voies officielles vous vaut d’être cloué au pilori. Il faut rencontrer ceux qui sont dans le même cas et voir ensemble comment résister. Regardez ce qui est arrivé à Nadine Morano : il est devenu impossible de dire de simples évidences ! Et cette pensée molle est partagée aussi bien par la droite que par la gauche. J’ajouterai que Jean-Yves Le Gallou est un très bon ami et que je serai ravi de le revoir à cette occasion.

Robert Ménard, maire de Béziers

Robert Ménard, maire de Béziers

Qu’est-ce qu’être dissident aujourd’hui et que risque-t-on ?

R.M. : Un dissident, c’est quelqu’un qui dit ce qu’il n’est pas convenu de dire à un moment donné. Ce qu’il dit peut devenir acceptable un an, six mois, un jour après qu’il l’a dit, mais sur le moment, c’est interdit par la caste des censeurs.

En même temps, le mot de « dissident », en renvoyant à la terrible réalité de l’Union soviétique, est bien sûr exagéré. On ne risque rien physiquement, si ce n’est, quand même, l’exclusion sociale ou la relégation professionnelle… Quant aux menaces de destitution dont je fais l’objet, elles me font hausser les épaules !

Restent les tombereaux d’insultes du milieu politico-médiatique qui ne supporte pas d’être contesté. J’ai fait l’objet de campagnes de presse littéralement incroyables ! On s’en est pris à mon honnêteté, osons le mot, à mon honneur. Heureusement, je trouve du réconfort auprès des Biterrois ; vous savez, ils ne sont pas dupes, ils ne s’en laissent pas conter et ils me soutiennent.

De plus en plus de voix appellent les représentants de la société civile à prendre la place de cette classe politique à bout de souffle. Vous-même qui en êtes issu, qu’en pensez-vous ?

R.M. : Je n’ai absolument pas le culte de la société civile, c’est d’ailleurs une expression que je déteste. Dans la société civile, vous avez des responsables d’association qui sont de véritables garde-chiourmes du Système ; vous avez des chefs d’entreprise à qui vous ne confieriez surtout pas vos économies, des syndicalistes qui se moquent de la défense des travailleurs… Et naturellement une foule de gens bien ! Pour faire bouger les choses, il faut réunir, à mon humble avis, des personnes dotées de trois qualités indispensables : le réalisme, la probité et le courage.

J’insiste sur ce dernier point. Vous savez, en France, on a le culte de l’intelligence ; il faudrait développer celui du courage. Comme le disait Soljenitsyne, « Vous, les Occidentaux, votre intelligence est libre, mais sans courage. Votre univers est spirituellement vide. »

Des gens prêts à s’impliquer, prêts à prendre des risques, on en trouve dans tous les univers. Ce sont eux qu’il faut mobiliser pour engager une vraie révolution.

Révolution ?

R.M. : Entendons-nous : il ne s’agit pas de tout remettre en question, mais de bousculer les évidences telles qu’on nous les sert sur un plateau quotidiennement, de reconstruire les bases qui permettraient d’ancrer à nouveau notre pays dans sa mémoire, dans sa culture, dans son histoire. Elle mettrait en avant la défense des laissés-pour-compte.

Car, si la droite a oublié la nation, la gauche, elle, a oublié le peuple ; et la classe politique dans son ensemble a oublié qu’elle est au service des autres et non là pour gagner sa croûte !

Je souhaite aussi que la France reprenne sa place dans le monde, qu’elle redevienne un pays fort, qui ne soit pas le caniche des Américains et qui fasse entendre sa voix, sans souci du qu’en-dira-t-on.

Au lieu de ça, nous avons un président qui est incapable d’assumer, des ministres qui combattent les évidences, comme pour la Syrie : Bachar el-Assad, qui n’est en rien recommandable, est tout de même bien moins dangereux que Daesh… et Poutine, qui n’est pas le modèle que certains prétendent, devrait tout de même être pour la France un allié important.

A ma petite échelle, quand je pense que le pays ne peut pas accepter une nouvelle vague migratoire, une véritable immigration de peuplement, je le dis et j’assume cette position, malgré les attaques, les insultes… Car je le fais pour la France que j’aime. Je défends le « proche » face au « lointain » et pourtant j’ai passé ma vie à sillonner le monde, à être au service de gens qui défendaient des causes, à être au service des réfugiés… Des « vrais » réfugiés !

Vous interviendrez dans une table ronde sur « l’art de la dissidence ». Est-ce un art ou une technique ?

R.M. : C’est une attitude ! je vais être bien peu modeste en citant Rostand, qui fait dire à Cyrano :

J’aime raréfier sur mes pas les saluts,

Et m’écrie avec joie : un ennemi de plus!

Polémia (3)
27/10/2015

Image : Robert Ménard

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