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Élections présidentielles 2012 : on nous propose d’élire un directeur des impôts !

Élections présidentielles 2012 : on nous propose d’élire un directeur des impôts !

par | 8 février 2012 | Politique

Les élections présidentielles sont des élections médiatiques. Ce sont les médias qui les font : d’abord, en sélectionnant les candidats dont ils parlent, et la manière dont ils en parlent ; ensuite, en scénarisant, en séquençant et en feuilletonisant l’élection (le « troisième homme », les « parrainages de maires », etc.) ; enfin, en mettant en exergue les thèmes obligés de la campagne, ceux dont les médias choisissent de parler au détriment des autres. Cette année l’heure est à l’impôt, c’est le sujet de la campagne.

Hollande/Sarkozy : un discours faussement responsable

C’est entendu, avec 90 milliards de déficit budgétaire le tour de vis fiscal paraît inévitable. Pour autant, ramener l’élection présidentielle à un concours de fiscalité est un peu court… On voit bien l’intérêt de Messieurs Sarkozy et Hollande : faire oublier leur participation désastreuse au pouvoir au cours des trente dernières années et l’explosion de l’endettement public à hauteur de près d’une année de produit intérieur brut ; faire croire qu’ils ont pris la mesure des problèmes en adoptant une pose pseudo-churchillienne ; et surtout se conforter l’un l’autre : Sarkozy pour éviter d’avoir Bayrou devant lui au premier tour, Hollande pour éliminer le risque d’être face à Bayrou au deuxième tour ; Sarkozy et Hollande ensemble pour éviter le risque d’un « 21 avril bis » que les médias de l’oligarchie font tout pour éviter. La connivence tactique des deux compères leur permet de jouer sur une attitude « responsable » tout en permettant à l’UMPS de gauche (plus d’impôts sur le revenu, moins de CSG) de feindre de s’opposer à l’UMPS de droite (plus de TVA) et réciproquement. Et les médias entrent dans le jeu d’α et β : les journalistes parce que, idéologiquement, ils sont proches de Hollande (et de l’extrême gauche) ; les patrons de presse parce qu’ils sont souvent débiteurs de Sarkozy tout en s’accommodant de Hollande.

Ramener la solution à la crise à un tour de vis fiscal n’est pas sérieux

Mais ramener la solution de la crise à un simple tour de vis fiscal n’est pas sérieux pour au moins trois raisons :

  • la machine fiscale fonctionne déjà fort bien en France, contrairement à la Grèce ou à l’Espagne ;
  • le taux de prélèvement fiscal français, plus de 45% du PIB, est déjà l’un des plus élevés du monde ;
  • il est d’ailleurs faux de dire que la crise soit exclusivement une crise budgétaire ; le déficit le plus grave c’est celui dont on ne parle jamais : le déficit du commerce extérieur, 80 milliards d’euros en 2011. C’est ce qui permet au Qataris et aux Chinois de s’emparer de pans entiers de notre patrimoine économique et culturel.

La vérité est que la crise – avant d’être budgétaire et même financière – est d’abord la crise d’un modèle économique : celui du libre-échange qui a conduit à la délocalisation des revenus des grandes entreprises et des plus riches ; celui de l’Etat–Providence qui multiplie des dépenses d’autant moins finançables qu’elles bénéficient au monde entier.

Relocaliser la matière fiscale et la sécurité sociale : protectionnisme raisonnable et préférence nationale

La solution aux problèmes de la France, ce n’est pas augmenter le taux des impôts, c’est accroître la matière fiscale : et d’abord en redonnant du travail aux quatre millions de chômeurs complets ou partiels.

Ce qui exige de relocaliser les emplois par la mise en œuvre d’un patriotisme économique intelligent et d’un protectionnisme raisonnable. Cela suppose aussi la mise en œuvre du principe de préférence nationale à l’emploi. Il est d’ailleurs singulier de continuer à accueillir une immigration de travail alors que, selon les statistiques officielles de l’INSEE, le taux de chômage des étrangers, hors Union européenne, est le triple de la moyenne nationale (1) (près de 30% aujourd’hui) et que celui des descendants d’immigrés âgés de 15/24 ans dépasse 35% (2), soit deux fois la moyenne nationale. Les immigrés qui entrent aujourd’hui en France maintiennent des étrangers déjà présents au chômage ; et ce sont les parents des chômeurs de demain.

De même il faut cesser d’ouvrir les avantages sociaux français au monde entier : un système dont la source de cotisations est territorialisée et la base de prestations mondialisée ne peut évidemment être équilibré ! Un système qui cumule Etat–Providence et ouverture des frontières est structurellement déséquilibré.

L’immigration : une question incontournable

Identité nationale, école, sécurité, logement, emploi, quelles que soient les difficultés auxquelles les Français doivent faire face, l’immigration de masse se trouve toujours en arrière-plan. Toute l’astuce de l’oligarchie est, bien sûr, de diaboliser ceux qui en parlent ou de tenter d’occulter la question : ainsi sur France-Info, vendredi matin 3 février 2012, le directeur de l’hebdomadaireMarianne, Maurice Szafran, a exposé qu’il ne fallait pas faire de l’immigration un sujet de campagne car cela avantagerait Marine Le Pen. On voit ici que les patrons de médias ne se comportent pas en observateurs mais en acteurs, en prescripteurs et en manipulateurs.

De ce point de vue on ne peut que se réjouir de deux initiatives de la réinfosphère visant à replacer l’immigration au cœur du débat :

  • le 16 février, le colloque de l’Institut de géopolitique des populations d’Yves-Marie Laulan sur le thème : « Peut-on raisonnablement calculer le coût de l’immigration ? » ;
  • le 10 mars, les « Assises de la nationalité, de la citoyenneté et de l’identité », organisées par le collectif « Citoyens contre le droit de vote des étrangers ».

Andrea Massari 
06/02/2012

Notes

1. Source INSEE : Nombre de chômeurs et taux de chômage selon la nationalité, le sexe et l’âge en 2009.
2. Source : Ministère de l’Immigration – Infos migrations, mai 2011.

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