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Démission à « Russia Today » : épisode de la guerre médiatique contre la Russie ?

Démission à « Russia Today » : épisode de la guerre médiatique contre la Russie ?

par | 29 mars 2014 | Politique

Ces dernières semaines, alors que la bataille médiatique fait rage autour de la bataille pour l’Ukraine, le mainstream médiatique s’est félicité de l’autolicenciement en direct d’une jeune employée de la chaîne étatique russe « Russia Today. »

Ce geste fut présenté de façon quasi héroïque par le mainstream français. L’acte fut interprété comme le signe d’une résistance (!) contre le pouvoir russe au cœur de son dispositif et les médias présentèrent la jeune et jolie journaliste comme la « femme de la semaine » ou encore celle qui « défia Poutine » (!). Dans certains médias, la « propagande du régime fonctionnait à plein et des voix dissidentes se faisaient entendre », pendant que certains journaux titraient que la journaliste avait démissionné pour protester contre « la politique russe en Ukraine » ou encore parce qu’elle était « en colère » et « outrée » par Vladimir Poutine. Des organes de presse français allèrent jusqu’à ne pas hésiter à parler d’une réelle « fronde » au sein de la chaîne d’État.

La jeune femme, qui était employée depuis deux ans et demi à Russia Today, a expliqué qu’elle ne « pouvait plus travailler pour une chaîne financée par le gouvernement russe qui absout les actions du président russe Vladimir Poutine (…). » et elle ajoutait : « qu’elle était fière d’être américaine et qu’elle croyait à la diffusion de la réalité ». Peu de temps après sa démission médiatisée, Liza Wahl est devenue une petite célébrité médiatique aux États-Unis : elle a expliqué –prétendu, devrais-je dire – que lors de son entretien d’embauche avec Russia Today en septembre 2011, elle « n’aurait pas compris que la chaîne était étatique (donc politisée) et qu’elle n’avait pu trouver aucune information à ce sujet sur Internet ». Pourtant, une simple visite sur le site de la chaîne ou encore quelques minutes sur la page Wikipédia de la chaîne auraient suffi pour lui permettre d’avoir accès à toutes ces informations.

Suite à sa démission, Liza Wahl a eu le privilège d’être interviewée par les plus grands médias américains. La jeune femme, qui n’en est visiblement pas à une incohérence près, a même affirmé sa disponibilité pour travailler comme journaliste chez CNN, MSNBC ou bien encore Fox News, enseignes médiatiques pourtant pour le moins politiques et qui défendent avec fermeté les positions diplomatiques et géostratégiques américaines.

Hasard et incohérence ? Pas forcément…

Le jour de la démission de la jeune et jolie Liza Wahl, des tweets plus que surprenants sont apparus sur le compte du très néoconservateur Foreign Policy. Les tweets appelaient à regarder Russia Today car « Something Big May Be Going Down », – en clair « il allait se passer une drôle de chose ». Seul problème, les deux tweets (consultables ici et là) sont apparus 29 minutes avant la démission en direct de la journaliste, démission immédiatement relayée par Foreign Policy.

Il est intéressant de bien comprendre ce qu’est Foreign Policy. Il s’agit d’un Think-tank qui affirme consacrer son activité à promouvoir la domination américaine et aussi à faire face aux menaces qui guettent le pays, à savoir « l’émergence de nouvelles puissances, notamment la Chine et la Russie ».

Moins d’une heure après sa démission, la journaliste donna une interview à un jeune confrère du nom de James Kirchik, dont la page Wikipédia permet de mieux comprendre son pedigree politique : néoconservateur (membre du Foreign Policy) également proche de Radio Free Europe (à Prague) et de diverses ONG américaines telles que par exemple la Fondation pour la défense des démocraties qui est l’une des principales ONG américaines néoconservatrices.

Consulter la liste des articles que James Kirchik a publiés permet en outre de mieux comprendre son grand intérêt (obsessionnel visiblement) envers le pouvoir russe et la gouvernance Poutine.

Le même jour, dans la soirée, James Kirchik et Liza Wahl ont posté, toujours sur Twitter, une photo les représentant ensemble. Peut-on imaginer que pendant que les téléspectateurs assistaient à la démission de notre héroïne manipulée, au 11 Dupont Circle, Suite 325, à Washington, soit dans les locaux de Foreign Policy, un petit groupe d’intellectuels néoconservateurs célébrait leur « petite » victoire médiatique sur la Russie de Poutine et son principal outil de communication à l’étranger ?

Alexandre Latsa
Source : La Voix de la Russie
23/03/2014

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