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Ce dont la France fracturée a besoin, c’est de social-libéralisme

Ce dont la France fracturée a besoin, c’est de social-libéralisme

par | 29 mai 2016 | Politique

Les Gracques – Le Temps, 24/05/2016.

♦ Publié dans le quotidien suisse Le Temps, cet article est un petit chef-d’œuvre. Le groupe de technocrates sociaux-libéraux Les Gracques (*) , qui soutient « En Marche » de Macron, y déplore « la défiance envers la classe politique » et présente le « social-libéralisme comme la seule force politique capable de réformer la France », « [une force] qu’une majorité de Français suit ». Drôle lorsque l’on sait que Les Gracques sont au cœur du pouvoir. Leur principal inspirateur n’est autre que Jean-Pierre Jouyet, aujourd’hui secrétaire général de l’Elysée après avoir été patron de la Caisse des dépôts, président de l’autorité des marchés financiers et… ministre des Affaires européennes de Sarkozy.

Difficile d’être plus près du pouvoir. La conclusion n’en est pas moins intéressante : Les Gracques prônent un gouvernement de coalition formé par un président élu au second tour face à Marine Le Pen. Un projet qui recueille sans nul doute l’aval des oligarques de la superclasse mondiale et des grands médias qu’ils dirigent.
Polémia.


Les Gracques est un aréopage qui conseille Emmanuel Macron. Pour Le Temps, il expose ici ce que pourrait être un social-libéralisme à la française. Un épisode de notre série « La France qui craque ».

Cette France qui craque

 La France nous inquiète. A un an des élections présidentielles, les convulsions sociales et le sentiment d’impasse politique dans lesquels est englué notre grand voisin constituent un défi de taille. Comment la France peut-elle surmonter ses fractures ? Peut-elle se réinventer ? Pendant une semaine, Le Temps analyse ce pays qui fascine et qui trouble.

Les Français aiment que l’on dise d’eux qu’ils sont exceptionnels et que la France est singulière. Ils n’ont pas tort, du moins en ce moment. Nous enchaînons en effet les records : de dépense publique et de prélèvements obligatoires, de chômage, ou encore de défiance vis-à-vis des élites, en particulier de la classe politique.

Défiance envers la classe politique

 Notre vie publique s’en ressent : les partis anti-système et les mouvements populistes accroissent leur emprise. Avec plus d’un quart des électeurs, le Front national en est devenu le bloc le plus dynamique ; il a beau être dirigé par une seule famille, il est le seul à avoir fait élire de vrais nouveaux venus dans la vie politique et il est de loin le premier parti pour les ouvriers et les employés. L’extrême gauche, elle, dispose encore d’un réel soutien malgré son morcellement, avec une influence forte dans la fonction publique et les grands monopoles.

Les partis de gouvernement traditionnels sont profondément divisés : à droite, les primaires opposent les hommes et les générations, quelquefois les idées, souvent, plus encore, les postures, entre des discours tentant de concurrencer le FN et d’autres plus modérés.

Le parti socialiste au bord de l’explosion

 A gauche enfin, le Parti socialiste est au bord de l’explosion, avec des « frondeurs » qui n’ont toujours pas accepté l’économie de marché, un

Emmanuel Macron - En marche

Emmanuel Macron – En marche

corps central qui navigue à vue, sans vision claire des priorités et de l’avenir, et une minorité réformatrice, incarnée par le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron.

Ceux qui qualifient cette minorité réformatrice de « sociale-libérale » ne le font pas innocemment : le terme avait été inventé par des représentants de la tradition la plus archaïque du Parti socialiste pour disqualifier ces progressistes ; aujourd’hui encore, ils pensent qu’il suffit de qualifier une politique de « néolibérale » pour la diaboliser.

Le social-libéralisme, simplement

Ce courant réformateur est pourtant le seul ou presque à refuser la rhétorique des « marchands de peur » : peur de la mondialisation, de l’Europe, des migrants. Contrairement aux déclinistes et autres protectionnistes, les sociaux-libéraux croient en la capacité de la France à retrouver une trajectoire de croissance, à réduire le chômage et l’inégalité des chances, à améliorer le sort des plus démunis sans décourager l’esprit d’entreprise, à ressourcer l’Europe et à donner toutes leurs chances aux nouvelles générations.

La seule force politique capable de réformer la France

 Mieux, c’est sans doute la seule force politique à pouvoir réformer la France avec ce qu’il faut de fermeté, mais aussi de tempérance et de légitimité. Loin d’être une « eau tiède » entre droite et gauche comme ses détracteurs le dépeignent parfois, le social-libéralisme porte un projet de société inspirant et crédible. En cela, il est une vraie réponse à la crise de sens qui jette tant de nos compatriotes dans les bras des extrémismes politiques et religieux.

Une majorité de Français suit

 Les sondages montrent qu’une majorité des Français se retrouve dans cette manière d’approcher la politique. Les signes positifs adressés à Manuel Valls lors de son arrivée à Matignon, la popularité acquise en peu de temps par Emmanuel Macron expriment la force de ces attentes. Est-ce à dire qu’il y a une chance pour que ce renouvellement réussisse, et que la minorité sociale-libérale puisse trouver, dès 2017, une place dans le jeu politique à la mesure du soutien dont bénéficient ses idées ? Les institutions de la Ve République n’y aident pas, avec la règle majoritaire, le mandat à 5 ans et le doublon élections présidentielles/ élections législatives.

Un tournant institutionnel

 Il est possible sinon probable que Marine Le Pen figurera au second tour de la présidentielle, dans un an. Quel que soit son adversaire, le vainqueur de l’élection pourrait ne pas avoir de majorité à l’Assemblée : le Front national n’y arriverait pas, les Socialistes non plus ; les Républicains pas forcément, surtout si le FN réussit à constituer un groupe parlementaire.

En 2017, la Ve République pourrait connaître un tournant institutionnel, avec un président élu contre le FN, qui, contrairement à Jacques Chirac en 2002, constituerait un gouvernement de coalition ou choisirait de réunir des majorités à géométrie variable pour réformer ; ou un tournant politique, avec un basculement en faveur de l’alternative sociale-libérale dès la présidentielle. Ce n’est pas le plus probable, mais ce n’est pas impossible. C’est tout l’enjeu de la vie politique française des mois à venir.

Les Gracques
www.lesgracques.fr
24/05/2016

(*) Du nom des deux frères Tiberius et Caius Sempronius Gracchus qui furent tribuns de la plèbe, le premier en 133 avant J.-C., le second en 123-121, et auteurs de deux tentatives révolutionnaires pour résoudre le problème agraire et donner de nouvelles bases à l’État romain.

Source : Le Temps

Correspondance Polémia – 29/05/2016

Image : Les Gracques

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