Insurrection et nihilisme chez Holloway
Philosophe et universitaire né à Dublin, désormais installé
au Mexique pour être plus près de son idole et de son modèle,
John Holloway tire ses thèses nihilistes de l’expérience
zapatiste résumée dans « Douze thèses sur l’anti-pouvoir
» et dont le point de départ est la négation (point 1) :
« Au début il y a le cri, la parole. Face à la mutilation
des vies humaines par le capitalisme, ce cri est un cri d’horreur, un
cri de tristesse, un cri de rage, un cri de négation » .
« Comme un monde digne ne peut pas être créé par l’action
de l’Etat (point 2), « la seule façon » aux yeux de
Holloway « de concevoir un changement radical relève de la dissolution
du pouvoir »(point 3). Une autre forme de nihilisme ou de négativisme
et une pensée anti-politique qui peuvent séduire une frange de
la population en révolte quasi-permanente contre l’ordre établi
et un système libéral tout à fait incapable d’offrir
une alternative aux injustices actuelles.
Alors, pour commencer à changer le monde sans prendre le pouvoir, il
faut opérer une distinction entre le pouvoir-action (potentia) et le
pouvoir-domination (potestas) (point 4). De ce point de vue, « le pouvoir-action
trouve son fondement dans le faire ». Autant dire alors que l’action
se suffit à elle-même, qu’il s’agisse d’un séminaire,
d’une occupation d’usine (citée en exemple par Holloway)
ou d’une manifestation, ce qui devient une fin en soi et légitime
l’activisme, prurit atavique de l’extrême-gauche, toujours
prête à se lancer dans des opérations de harcèlement
ou de déstabilisation de l’adversaire.
Les points 5,6, 7 et 8 sont consacrés à la quasi-fatale transformation
du « pouvoir-action » en « pouvoir-domination » qui
« subordonne les acteurs à l’état du monde ».
L’état du pouvoir-domination, c’est l’état du
« les choses sont comme çà , c’est l’état
d’identité ». Alors, pour libérer les acteurs, «
le mouvement du pouvoir-action contre le pouvoir-domination ne doit pas se concevoir
comme contre-pouvoir mais comme un anti-pouvoir ».
Vient ensuite au point 9 le refus d’un « parti d’avant-garde
» comme solution possible, mais John Holloway conclut que cela revient
au « simple remplacement d’une forme de domination par une autre
». Une posture qui constitue d’ailleurs une fracture avec les formes
d’actions communistes orthodoxes classiques.
Il ne faut pas pour autant céder à une « désillusion
pessimiste » puisque John Holloway, passé maître dans l’art
de la dialectique marxiste rompt avec « le cercle vicieux du pouvoir »
en précisant que « la transformation du pouvoir-action en pouvoir-domination
est un processus qui implique nécessairement l’existence de son
contraire (point 10) ».
Pour ne pas rester négatif jusqu’à la fin de sa démonstration
en douze points, Holloway profite du point 11 pour donner de l’espoir
à ses troupes : « Le capitalisme est fondé sur la négation
du pouvoir-action, de l’humanité, de la dignité, de la créativité
: pourtant tout cela est bien réel. Les Zapatistes en sont la preuve,
la dignité existe au-delà de sa négation …. sous
la seule forme qu’elle peut prendre dans notre société,
celle de la lutte contre sa propre négation ». Une prise de position
intellectuelle qui conduit à une définition purement polémique
de la liberté conçue par Holloway comme une « lutte contre
cette domination ».
Le dernier point de ce nouvel évangile marxiste énumère
toutes les formes violentes ou non de luttes possibles et notamment, je cite,
« celles pour conquérir le contrôle sur le processus de travail
ou l’accès à l’éducation et aux services de
santé ». Autant de revendications devenues malheureusement réalité
aujourd’hui, qu’il s’agisse de la CMU, des classes spécialement
destinées aux enfants de clandestins ou des pressions exercées
par des organisations comme le syndicat SUD sur les entreprises.
Il émane de la lecture de John Holloway un profond sentiment de malaise
dans la mesure où ce philosophe militant de l’ultra-gauche plaide
pour une négation du monde et de la réalité. Il combat,
bien sûr, le capitalisme à l’image du lointain ancêtre
Marx, mais également l’ensemble des lois économiques fondées
sur l’organisation de la rareté, donnée fondamentale qui
existe indépendamment de toutes les formes de production. Plus grave
cependant, il combat les lois de la vie en niant toute forme d’identité.
Sa critique se présente comme un assaut contre l’identité,
comme le refus de se laisser définir, classer, identifier. « Nous
les non-identiques, combattons cette identification. Le combat contre le capital
est un combat contre l’identification, et non un combat contre une identité
alternative ». Il reproche aux « politiques de l’identité
» de figer les identités . Il va même plus loin : «
Notre combat ne vise pas à établir une nouvelle identité,
mais à intensifier une anti-identité ; la crise d’identité
est une libération qui libère une multitude de résistances
et une multiplicité de cris ».
Des propos d’autant plus d’actualité que l’on connaît
la thématique anti-identitaire brandie par l’extrême-gauche
qui arrive même à influencer le gouvernement actuel , à
commencer par son ministre de la culture toujours très attentif à
favoriser tout ce qui, de près ou de loin, peut nuire au combat identitaire.
Les thèses de John Holloway reposent ainsi sur une révolte contre
la réalité, car la réalité, qu’elle soit économique,
sociale, politique, familiale, ce n’est pas seulement la lutte, mais aussi
la lutte-concours, la compétition, mais aussi la coopération.
Autant de réalités que refuse l’universitaire britannique,
qui par son discours violent et radical, légitime toutes les actions
et toutes les violences qui deviennent ainsi des fins en soi.
Derrière le verbe ou plutôt derrière le cri ( « au
commencement était le cri ») il y a donc la justification de toutes
les actions et de toutes les violences . Ainsi, tous les casseurs ont-ils trouvé
leur livre de référence…..
L’action directe - formule évoquant le nom de la mouvance terroriste
française des années 1970/80 – est désormais la référence
obligée de la nouvelle extrème-gauche associative et syndicale.
C’est à elle que se réfère notamment dans la revue
« Contretemps » le militant libertaire Pierre Contessenne, appartenant
également au Syndicat Sud et au mouvement associatif Droits Devant, en
écrivant à propos « de nouveaux mouvements sociaux (sans-
logis, Rmistes ,sans- diplômes, sans-papiers, travailleurs immigrés)
qui donnent corps à la « précarité de masse »
: « leur réelle dimension novatrice s’est exprimée
en partie par une retraduction de la pratique syndicaliste révolutionnaire
dans l’action directe ». Des propos d’ailleurs confirmés
dans la même revue d’extrème-gauche (publiée, soit
dit en passant, avec le concours du Centre National des Lettres) par une spécialiste
du Syndicat Sud, qualifié également de « syndicalisme d’action
directe ».
Tout ce discours débouche évidemment sur la violence, qu’il
s’agisse de la violence des actions menées par les acteurs de cette
subversion militante ou de celle subie par ceux qui en sont les victimes. Rappelez-vous
les opérations coups de poing des grèves sauvages de 2003 ou la
violence des pillages commis après les manifestations qui ont pris de
court les autorités policières de notre pays. Rappelez-vous également
les sabotages contre des installations de gaz ou des installations électriques.
Ces violences – à basse ou moyenne intensité- constituent
d’ailleurs un vivier pour des violences de type terroriste qui découleront
inéluctablement des nouveaux discours et des nouvelles pratiques de l’ultra-gauche.
Il convient également de se méfier d’autant plus de ce climat
de violences qu’il peut également toucher certaines masses musulmanes
perméables au double discours alter-mondialiste et islamiste, comme on
a pu d’ailleurs le vérifier récemment à Londres lors
de la réunion du Forum Social Européen.
De l’Empire à la Multitude
Figure mythique de l’extrême-gauche des années 70, cerveau
supposé des Brigades Rouges, idéologue de l’ouvriérisme
(ou opéraisme) italien, condamné à une peine de trente
ans de prison pour insurrection contre l’Etat italien, réfugié
et accueilli en France pendant de nombreuses années, Antonio Negri est
devenu le philosophe officiel de l’anti-mondialisation et de l’alter-mondialisme.
Professeur à Paris après avoir été assigné
à résidence à Rome et avoir purgé une peine de prison
pour « insurrection armée contre l’Etat » et «
responsabilité morale » dans les affrontements entre manifestants
et policiers à Milan dans les années 70, il a retrouvé
une certaine forme de virginité politique et intellectuelle en publiant
conjointement avec un universitaire américain Michael Hardt une somme
théologique d’un nouveau genre intitulée « Empire
». Cet énorme pavé de 560 pages est considéré
comme un des supports théoriques du mouvement social contre la mondialisation,
une sorte de nouveau « manifeste du Parti Communiste ». Il est devenu,
en quelques mois, une des références majeures du mouvement social
et intellectuel anti-capitaliste tel qu’il a commencé à
se manifester dans notre pays après les grandes grèves fondatrices
de l’alter-mondialisme au cours de l’hiver 1995. Cet ouvrage mobilise
aussi bien Marx, Spinoza, Deleuze, Foucault que Polybe, les Pères de
l’Eglise ou Saint François d’Assise, appelant tout ce beau
monde à la rescousse pour définir la forme de souveraineté
et de domination politique attachée au nouvel ordre mondial .Il est centré
autour de l’opposition dialectique de deux concepts : « L’Empire
» et la «Multitude » .
Pour Toni Negri et son compère, « l’Empire est le sujet politique
qui règle effectivement les échanges mondiaux, le pouvoir souverain
qui gouverne le monde ». Ils précisent : « C’est un
appareil décentralisé et déterritorialisé de gouvernement
qui intègre progressivement l’espace du monde entier à l’intérieur
de ses frontières ouvertes et en perpétuelle expansion. L’Empire
génère des identités hybrides, des hiérarchies flexibles
et des échanges pluriels en modifiant ses réseaux de commandement.
Les couleurs nationales distinctes de la carte impérialiste du monde
se sont mêlées dans l’arc-en ciel mondial de l’Empire
».
Cette notion d’Empire est la transposition au monde post-moderne des catégories
de la pensée marxiste : « L’Empire » jouant le rôle
du Capital, revu et corrigé à la sauce alter-mondialiste pendant
que la « Multitude » est le nouveau nom de l’ancien prolétariat
déifié par Marx et ses successeurs jusqu’à la fin
des années 60. En fait, Toni Negri inspire tous ceux qui, en France ou
ailleurs refusent la société libérale au nom de l’alter-mondialisme
ou d’un nouvel anarcho-syndicalisme très prisé chez certains
post soixante-huitards. Dans un entretien accordé en décembre
dernier au mensuel alternatif « Les Inrockuptibles », il déclarait
notamment : « Ce qui nous intéresse, c’est la société
globale des travailleurs. Une société de gens qui souffrent et
qui doivent changer le monde, pas une société « civile »
. Je crois qu’il faut parler d’une société mondiale,
globalisée du point de vue de la libération , de la lutte contre
l’exploitation .Du point de vue des pauvres ».
Il ajoutait, apportant ainsi de l’eau au moulin des amis de Bernard Cassen
et du Forum Social Européen, les précisions suivantes : «
Il faut parler de revenu garanti, de la mobilité universelle permise
à tous les immigrants pour qu’ils puissent se déplacer où
ils veulent dans le monde pour la réappropriation des moyens de communication
et la construction imaginaire de nouveaux langages ».
Ces quelques citations montrent combien l’on aurait tort de prendre à
la légère le potentiel de violences brutes contenues dans la pensée
de ces deux philosophes alternatifs. Leur langage est celui de la « guerre
civile » explicitement revendiquée : « Notre livre implique
donc un certain désir de communisme. Le thème central qui apparaît
à travers toutes ces analysés se réduit, en fait, à
une seule question : comment la guerre civile des masses contre le capital monde
peut-elle éclater dans le monde ? ».
Le vieil objectif communiste de révolution mondiale est ainsi remis à
la mode et repeint aux couleurs de l’alter-mondialisme, au nom de la «
multitude » ,c’est à dire d’un ensemble d’individus
déracinés, le tout avec des objectifs politiques parfaitement
explicites :
1 « Un premier élément d’un programme politique pour
la multitude mondiale, une première exigence mondiale :la citoyenneté
mondiale, ceci devant s’accompagner d’une suppression générale
des frontières »
2 « Une seconde exigence politique programmatique de la multitude : un
salaire social et un revenu garanti pour tous (….) Une fois la citoyenneté
étendue à tous, on pourrait appeler ce revenu garanti un revenu
citoyen , dû à chacun en tant que membre de la société
» .
3 « La troisième exigence politique de la multitude, c’est
le droit à la réappropriation » ,c’est à dire,
« le libre accès (et le contrôle sur) la connaissance, l’information,
la communication et les affects, parce que ce sont quelques un des moyens premiers
de la production bio-politique ». En un mot comme en cent, il s’agit
de prendre le contrôle sur les esprits grâce aux moyens de la communication
moderne.
Ce programme est-il cependant bien différent des objectifs de certains
tenants de l’ultra-libéralisme qui, finalement , proposent également
un projet de citoyenneté universelle et dissolvent identité et
histoire, au nom d’une « guerre juste » menée par «
une police morale » chargée de faire régner la « validité
du droit impérial » décrété par la «
machine impériale » ? La question mérite d’être
posée .
Pour en revenir aux thèses défendues par Negri, il considère
que la multitude est le fondement indispensable d’une démocratie
radicale. Dans son nouvel ouvrage « Multitudes » (toujours publié
en collaboration avec l’américain Michael Hardt), Negri tourne
son regard vers « ces nouveaux circuits de coopération edt de collaboration
qui traversent nations et continents, suscitant ainsi un nombre illimité
de rencontres et d’interactions ». Dans un entretien accordé,
voici deux mois, toujours au mensuel « Les Inrockuptibles », il
a précisé sa conception de la multitude : « La multitude,
c’est les mouvements qui ont traversé la société
en essayant de reprendre le pouvoir fondamental de l’Etat qui est celui
de faire la guerre . En Espagne, par exemple, après l’attentat
du 11 mars, les gens ont formé d’une manière autonome des
réseaux qui ont modifié l’horizon politique. En Argentine,
en 2001, différentes couches sociales ont réussi à s’organiser
ensemble en demandant « Que se vayan todos ». Ce n’était
pas quelque chose d’anarchique, d’insurrectionnel. Ce n’était
pas la fin d’une structuration du pouvoir, mais la possibilité
de lui donner une forme absolue démocratique. La multitude, c’est
aussi les luttes de 1995/1996 à Paris qui n’ont pas été
engagées par les cheminots de la RATP pour défendre leurs seuls
intérêts corporatistes, mais ont impliqué les citoyens dans
leur ensemble qui ont voulu agir contre le Plan Juppé de réforme
de la sécurité sociale. On touchait à quelque chose qui
faisait partie de leur vie. C’est l’idée du commun, à
côté de l’habituelle distinction privé- public. C’est
aussi une critique de l’économie politique ».
Toujours dans le même entretien, il explique la raison du succès
soudain des intermittents (en particulier du spectacle) dans la nouvelle donne
sociale française : « Les intermittents sont un exemple parfait
de la mutation du travail. Ils ne sont pas seulement des intermittents du spectacle.
Ils sont aussi des précaires. Ils ont compris leur localisation dans
la société et ils sont partis de leur situation privilégiée
pour en faire un mot d’ordre de revendication dont la portée est
beaucoup plus générale. Ce qui était un privilège
est devenu un moyen de lutte ». Tout est dit.
Cette notion multiforme et si vaste de multitude considérée «
comme un réseau dans lequel les rapports entre les fonctions des uns
et des autres sont fondamentaux pour la vie sociale » ne pourrait-elle
pas finalement être revendiquée par des réseaux islamistes
? Bien sûr, Negri s’en défend en disant qu’Al Qaeda,
pour ne pas le nommer, même s’il est une forme de communication
et d’organisation sociale, « répète de la manière
la plus répugnante et la plus absurde qui soit les formes de commandement
de l’unité centrale, qui est religieuse et philosophique ».
Soit.
Mais Toni Negri refuse ainsi de répondre directement à la question
de savoir si des réseaux islamistes quels qu’ils soient, ne sont
pas en mesure de se fondre dans la nébuleuse alter-mondialiste pour remplir
le contrat moral qu’ils ont avec l’islam.
La venue de Tariq Ramadan au Forum Social de Saint-Denis en novembre 2003 avait
cependant défrayé la chronique . Plus récemment, les différentes
tables rondes sur le « hidjab comme instrument de libération de
la femme » ou sur « la montée de l’islamophobie en
France » ont agité le Forum Social qui s’est récemment
tenu à Londres, obligeant même son président Bernard Cassen
à donner de la voix. Un hidjab qui d’ailleurs divise l’extrême-gauche
dans notre pays, Lutte Ouvrière plaidant pour l’application stricte
de la loi alors que la LCR la juge inefficace et regrette qu’elle stigmatise
une partie des jeunes filles issues de l’immigration.
Altermondialisme et islamisme
La connivence entre islamistes et alter-mondialistes, même si certains
regimbent par exemple, dans « Charlie-Hebdo », relève, en
fait, d’une double tentative d’instrumentalisation. Dans l’esprit
des objectifs poursuivis par le mouvement Attac (dirigé comme par hasard
par un ancien communiste Jacques Nikonoff) qui veut se transformer en culture
de masse, l’extrême-gauche a cru pouvoir utiliser Tariq Ramadan
pour attirer, sur fond de combat contre « l’impérialisme
» et les « injustices », un nombre élevé de
jeunes afro-maghrébins en rupture sociale.
D’ailleurs la même chose s’était produite au moment
de la Guerre d’Algérie quand le PC manoeuvrait les militants du
FLN. Ce que l’extrême-gauche propose à ces damnés
de la terre d’un nouveau genre, c’est tout simplement d’être
les « piétons » et les « soldats » de leur combat
contre le capitalisme. Pour Tariq Ramadan (ou ses épigones) écarté
du processus d’institutionnalisation de l’islam en France, il s’agissait
de profiter de la tribune offerte par le FSE pour assurer sa médiatisation,
élargir son audience, devenir ainsi incontournable et diffuser son programme
pour un islamisation complète de la France et de l’Europe.
Un an après le Forum Social de Saint-Denis , les militants d’extrême-gauche
et les jeunes islamistes de banlieue continuent leur rapprochement spectaculaire.
Un rapprochement d’autant plus facile qu’ils ont en commun une haine
des institutions actuelles et une pratique consommée de la guérilla
urbaine. Il ne manque donc qu’une « étincelle pour enflammer
la plaine ». Toni Negri a, quant à lui, déjà pris
son parti. Ne vient-il pas, en effet, d’écrire une pièce
de théâtre « Essaim » dans laquelle il campe un soldat
américain et un kamikaze décrit par lui comme étant «
l’exaspération d’une violence contrainte, l’horrible
signe d’une humanité dépourvue de moyens de résistance
» ?
Malheureusement, les événements actuels (la question palestinienne
d’une part et l’invasion américaine de l’Irak, d’autre
part) apportent de l’eau au moulin des alter-mondialistes auxquels l’adversaire
libéral sert sur un plateau d’argent les armes pour se faire découper
en morceaux.
Au début du mois d’octobre, une centaine d’intellectuels
marxistes réunis à l’initiative de Jacques Bidet, directeur
de la « Revue Actuel Marx », ont assisté dans les locaux
de la Sorbonne à la quatrième édition du Congrès
« Marx International ». Ils voulaient montrer que la pensée
marxiste, loin d’être à l’agonie, est bien vivante
pour lutter contre le « néolibéralisme » et le «
ralliement des puissance du nord à un ordre universel ». Une façon
comme une autre de réactualiser leur discours, quinze ans après
la chute du Mur de Berlin. Au centre de leurs travaux, on trouvait, comme par
hasard, Toni Negri, Michael Hardt et John Holloway. Mais aussi l’intervention
de la sociologue Christine Delphy qui selon un article du « Monde »
du 10 octobre 2004, dans une sévère critique de la loi contre
le foulard islamique, jugeait que « la reproduction héréditaire
des discriminations dont souffrent les populations immigrées des pays
anciennement colonisés justifie désormais le recours à
la catégorie de « caste », naguère applicable aux
société du sous-continent indien ».
Décidément, ils sont incorrigibles…
Intervention de Michèle Vilmain , déléguée de la
Fondation POLEMIA,
Colloque annuel du Club de l’Horloge, Saint-Germain-en-Laye (78), novembre
2004
http://www.clubdelhorloge.fr/index.php