Biologie et homoparentalité

mardi 6 novembre 2012

Un correspondant de Polémia, que nous remercions, nous a transmis un article qu'il a relevé dans le supplément Science & Techno du journal Le Monde du 27 octobre 2012, intitulé Biologie et homoparentalité. Dans ce texte édifiant, l’auteur explique comment l’évolution technique qu’il prévoit devrait permettre aux couples homosexuels d’avoir des enfants ayant une parenté biologique avec les deux partenaires. De plus, les couples masculins pourraient eux-mêmes engendrer une progéniture au moyen d’un « utérus artificiel ».
Au long de son déroulement, l’histoire a rencontré quelques « savants fous » promettant la transformation de l’ordre des choses. Leurs chimères attiraient les naïfs, parfois aussi l’ire de pouvoirs peu sensibles à certaines formes d’humour.
Malheureusement, de nos jours la science ouvre des possibilités qui, mal employées, pourraient aboutir à des mutations profondes dans l’ordre biologique avec des conséquences nullement connues.
Faire de l’homme une simple association cellulaire malléable au gré du besoin est, pour le moins, fort inquiétant d’autant plus que le projet est relayé par des publications qui se considèrent comme des références.
Polémia (ML)

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Quelles limites pour les droits des homosexuels français ? Le débat est vif. En quelques décennies, ils ont acquis reconnaissance et protection ; ils revendiquent aujourd'hui plusieurs aménagements législatifs au nom de l'égalité : mariage, droit à l'adoption, accès aux techniques de procréation médicalement assistée et recours aux mères porteuses. Le président, François Hollande, a promis le droit au mariage et à l'adoption pour ces couples. Accordera-t-on demain aux homosexuels le droit de se reproduire ?

Pour l'instant, les gays français vont aux Etats-Unis ou en Asie, où un véritable marché de la fécondation in vitro et de la mère porteuse est organisé. Ils achètent sur Internet un ovule sur mesure et louent un utérus pour neuf mois. Les caractéristiques physiques des donneuses ainsi que leur quotient intellectuel sont particulièrement bien documentés sur ces sites. Les heureux parents reviennent avec un bébé et les autorités ferment les yeux. Tout juste ont-ils quelques tracasseries administratives pour la transcription de l'état civil de l'enfant en droit français. Toutefois, l'enfant n'est le fruit biologique que de l'un des deux parents, ce qui est source de frustration pour l'autre : les lesbiennes utilisent le sperme d'un tiers et l'ovule et l'utérus d'une des deux conjointes ; les gays se servent du sperme d'un des deux garçons et de l'ovule d'une femme qui peut être la mère porteuse, même si ce n'est pas obligatoire.

Ces évolutions sociétales sont contestées par certains psychologues au motif, notamment, que l'adoption par les homosexuels risque de provoquer des troubles psychologiques chez les enfants à qui on impose une filiation impossible. « Un couple homosexuel, ce ne sera jamais un engendrement crédible », a récemment affirmé le docteur Pierre Lévy-Soussan dans Le Point. Pourtant, ce qui semble aujourd'hui un propos de bon sens va devenir biologiquement faux. La technologie va permettre aux homosexuels d'avoir des enfants biologiques porteurs de gènes des deux parents, comme les couples hétérosexuels.

La technique des cellules souche IPS - dont l'inventeur japonais Shinya Yamanaka est lauréat du prix Nobel de médecine 2012 - permet de fabriquer des spermatozoïdes et des ovules à partir de fibroblastes, des cellules que l'on trouve sous la peau. Il est déjà possible de fabriquer un souriceau à partir de deux pères. Le passage de ces techniques à l'espèce humaine est juste une question de temps, et les associations homosexuelles militeront pour que ce délai soit bref. En outre, grâce aux cellules souches IPS, un même individu pourra produire à la fois des ovules et des spermatozoïdes. La seule limite, pour l'instant, étant que l'enfant d'un couple d'homosexuelles ne pourrait être qu'une fille.

Dans quelques décennies, les couples d'hommes pourront en outre bénéficier de l'utérus artificiel. Le biologiste et philosophe Henri Atlan - grand spécialiste du sujet - défend l'idée qu'il n'y a guère de différence fondamentale entre une couveuse pour prématurés et l'utérus artificiel.

Bien lointain paraît le temps où Jeannette Vermeersch-Thorez, grande dirigeante du Parti communiste français, déclarait à propos de la pilule contraceptive : « Depuis quand les femmes travailleuses réclameraient-elles le droit d'accéder aux vices de la bourgeoisie ? Jamais ! » L'expérience montre que la vitesse de glissement du « défendu » au « toléré » puis au « permis », voire à l'« obligatoire », dépend essentiellement du rythme des découvertes scientifiques, quelles que soient les questions éthiques soulevées.

Laurent Alexandre
Chirurgien urologue,
Président de DNAVision
l.alexandre@dnavision.be
Laurent Alexandre – Carte Blanche
Le Monde Science et Techno
25/10/2012

Correspondance Polémia – 6/11/2012

Image : homoparentalité

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