Décodons un peu

jeudi 17 mars 2011

Des « révolutions démocratiques » ont lieu en Egypte, en Tunisie, en Libye et dans un certain nombre d'autres pays de la région. Résultat : ces pays deviennent instables et les violences se déchaînent. En Côte d'Ivoire on est aussi très démocratique puisqu'on a élu deux présidents au lieu d'un et le pays –autrefois perle de l'Afrique- sombre dans la guerre civile. L'Irak n'est pas mal non plus sur ce plan. Les pétro-monarchies ont l'air de beaucoup mieux s'en tirer. Moralité « la démocratisation » est dangereuse pour la paix civile.

Ces pays avaient hier des dirigeants respectés que l'on recevait avec égards dans les capitales européennes. On ne répugnait pas à passer ses vacances chez eux. Renversés par ces « révolutions démocratiques » ils deviennent des « dictateurs » : on ne leur accorde plus l'hospitalité et on s'empresse courageusement de traquer (sic) et de geler leurs « avoirs » , c'est à dire leur propriété. Moralité : si vous cherchez un ami, évitez de prendre un européen surtout s'il est au gouvernement, dans une banque ou dans les médias.

C'étaient d'horribles dictateurs : mais néanmoins, des manifestations de rue ont pu les renverser. En RDA, en URSS, en Corée du nord ou en Chine, c'était moins facile… Moralité : un dictateur c'est un chef d'Etat que l'on a renversé et qui n'est plus en exercice.

On nous dit que ces « révolutions démocratiques » ont surpris tous les observateurs et même les chancelleries occidentales. Moralité : c'est le propre du Système de ne pas prendre conscience des mouvements populaires.

Dans l'Union européenne on est uni et solidaire: mais quand les immigrés irréguliers débarquent à Lampedusa, le gouvernement italien est prié de se débrouiller tout seul et de les garder surtout chez lui. Moralité: les frontières extérieures de l'Union Européenne sont une passoire et chacun pour soi .

Il paraît que ces « révolutions démocratiques » présenteraient le risque d'inciter à l'émigration. C'est en tout cas ce que semble craindre l'Union européenne. On annonce donc que l'on va aider financièrement ces pays à se stabiliser, puisque c'est la ligne des gouvernements européens depuis 20 ans, avec les succès que l'on sait quant à la maîtrise des flux migratoires. Moralité : l‘immigration d’aujourd'hui ne serait donc plus « une chance » pour l'Europe, mais l'ancienne, la plus nombreuse, si… Comprenne qui pourra.

Il faudrait aussi craindre que les barbus ne prennent la place des dictateurs et ne s'installent à Tunis ou au Caire. Moralité : la démocratisation c'est bien mais à condition que les électeurs ne choisissent pas les islamistes (proverbe algérien) ou les « populiste » (proverbe bruxellois).

Il semble que M.Kahdafi ne souhaite pas céder le pouvoir si facilement que cela. Qu'à cela ne tienne, certains suggèrent, en contradiction avec le principe de non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, d'user de la force à son encontre pour hâter la « transition démocratique ». Moralité : la démocratie par les bombes ça ne vous rappelle rien ?

Que diraient les gouvernements européens si les Libyens les empêchaient par la menace ou la force de réprimer des menées subversives ou de sécession ? Rien sans doute puisque c'est bien ce qu'ils ont déjà fait vis à vis de la Serbie en lui imposant la sécession du Kosovo avec la bénédiction de l'OTAN . Moralité : il n'y en a aucune justement.

L'évidentiste
09/03/2011

Correspondance Polémia – 17/03/2011

Image : Kadhafi, le « dictateur » qui n’accepte pas la « révolution démocratique » !

Archives Polemia