A quand un nouveau tsunami rom ?

mardi 16 novembre 2010

Toujours plus funeste et opposée aux intérêts vitaux de ceux qu’elle a pourtant mission de défendre, la technocratie bruxelloise estime encore trop rares les Roms carpatho-balkaniques — plus de 200 000, dont 27 000 en France — prospérant et se multipliant en Europe de l’Ouest. Par la voix de Cécilia Malmström, la commissaire suédoise chargée des questions d'immigration, la Commission européenne a donc annoncé le 8 novembre sa décision de supprimer « avant Noël » les visas pour les Bosniens et les Albanais dans les « 25 pays européens de l'espace Schengen sans frontières ».

Bien entendu, la Commission sait pertinemment que les premiers à profiter de ce « signal politique très important » — on cite toujours Fru Malmström — seront les Tsiganes, comme ce fut le cas quand la même initiative fut prise en faveur des Bulgares et des Roumains, puis des Serbes et des Macédoniens. Mesure qui se traduisit par un tsunami « d'immigrants économiques et de demandeurs d'asile politique, pour l'essentiel des Rroms et des membres de minorités albanophones » comme l’a admis l’Agence France Presse, pourtant peu suspecte de racisme viscéral et primaire, dans une dépêche du 5 novembre diffusée avant l’annonce et intitulée « Levée des visas dans les Balkans: la colère monte dans l'UE contre Bruxelles ».

Aussi est-ce pour désamorcer cette colère croissante qu’à la demande des gouvernements de l’Union, celle-ci a introduit une clause « inédite » de révision au dispositif, lequel pourrait être suspendu « en cas d’abus ». La Commission européenne, coupable du crime, étant chargée de contrôler ses conséquences, qui peut croire sincèrement que les abus seront sanctionnés et qu’on en reviendra au statu quo ante s’ils se multiplient ? D’ailleurs, si la clause de révision est un jour appliquée, ce ne sera qu’«en dernier ressort », a déjà prévenu la bonne Mme Malmström. Autrement dit : jamais.

D’autant que la plupart des pays extra-européens ferment la porte aux Roms, tel le Canada qui, après avoir été submergé par 30.000 Tsiganes surtout originaires de Tchéquie où ils se disaient « victimes de skinheads néo-nazis », histoire de se concilier la très influente communauté juive, a fait chuter le taux de ces demandeurs d’asile de 80 % avant 2009 à « presque zéro » l’été dernier, le ministre de l'Immigration canadien Jason Kenney expliquant avoir « du mal à croire que la République Tchèque soit une île de persécutions en Europe »… où vont revenir dare-dare ces déboutés du droits d’asile.

Dans les années 60, l'auteur de ces lignes a connu un vieux royaliste serbe, vétéran des armées tchetniks et donc tricard d’emploi par le régime titiste, qui avait trouvé un petit boulot comme physionomiste au consulat de France à Belgrade. Les Romanichels adoptant systématiquement la religion (orthodoxe en Serbie, catholique en Croatie, musulmane en Bosnie et au Kossovo) et les patronymes du pays d’accueil, il était chargé de repérer et de signaler d’un geste aux employés du service des visas tous les Tsiganes, indésirables auxquels le précieux sésame était alors systématiquement refusé.

Les temps ont changé, les méthodes de survie des Tsiganes aussi. Finie l’époque des rempailleurs de chaises, des aiguiseurs de couteaux ou des tireuses de bonne aventure ! Certes, un certain artisanat subsiste avec l’obtention d’aides sociales (une « charge déraisonnable pour notre système d'assistance », reconnaissait le ministre de l’immigration Eric Besson le 30 août dernier alors que son collègue à l'Intérieur Brice Hortefeux évoquait une « délinquance de nationalité roumaine en hausse de 259% en 18 mois »), la mendicité et la vente de chiens volés, aux pédigrees trafiqués, mais on est passé à des choses plus sérieuses. Les vols et les carjackings souvent d’une violence inouïe (en juin 2009 étaient arrêtés dans l’Hérault une vingtaine de Tsiganes yougoslaves auteurs de plus de cinq cents cambriolages commis), et maintenant le narcotrafic. Le 8 novembre, au moment même où l’Union européenne annonçait ouvrir tout grand ses frontières à de nouveaux contingents de « gens du voyage », la police italienne mettait ainsi sous les verrous 90 « citoyens italiens d'origine rom », dont de nombreuses femmes, impliqués dans un gigantesque trafic d’héroïne et de cocaïne entre la Sardaigne, la Calabre, l'Espagne et la Belgique.

Apparemment, les diverses allocations dont bénéficiaient ces naturalisés ne leur suffisaient pas. Avec l’afflux des Roms de Bosnie et d’Albanie, nos dealers de banlieue et leurs caïds ont du souci à se faire. .

Claude LORNE
11/11/2010

Correspondance Polémia -  16/11/2010

Image : « Les Romanichels » - musée des Beaux Arts de Dijon.

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