Grippe H1N1 : Les masques tombent

samedi 7 août 2010

On nous avait annoncé une catastrophe sanitaire. Nous découvrons, au-delà d'une ardoise financière dont la Sécu aurait aisément pu faire l'économie, une énorme faillite politique.

Faillite d'abord de l'institution internationale qu'est l'Organisation mondiale de la santé. Mais faillite aussi du gouvernement français. Là où l'OMS criait à la pandémie, là où Roselyne Bachelot n'hésitait pas à prédire 96.000 morts en France, on découvre au fil du temps et des rapports sur la grippe H1N1 que la délirante campagne de communication et de vaccination et les sommes considérables qui y ont été englouties par les pouvoirs publics ont d'abord permis de garantir la santé...de l'industrie pharmaceutique.

Après le rapport de la Commission européenne en juin mettant l'OMS sur la sellette, après celui des députés mi-juillet, le rapport de la commission d'enquête du Sénat publié hier enfonce encore le clou. Les vingt sénateurs, de la majorité et de l'opposition, mettent à leur tour en cause l'OMS accusée d'avoir surestimé la menace et de s'être complaisamment rangée à l'avis d' experts sans se préoccuper le moins du monde des liens étroits et fort intéressés que ceux-ci entretiennent avec l'industrie pharmaceutique. La faute à la seule OMS ? Roselyne Bachelot avait déjà justifié les sommes englouties par son ministère - près de 3 milliards malgré un échec de la vaccination puisque seul 9% des Français se sont fait piquer... - en expliquant qu'elle n'avait fait que suivre les recommandations de l'organisme international... Sauf que des pays comme l'Allemagne ou l'Italie, pour ne citer que nos voisins immédiats, n'ont pas été victimes, eux, d'une pareille gabegie! Et que les sénateurs, dans leur rapport, dénoncent des fautes qui, elles, relèvent directement de la responsabilité du ministre et du système d'expertise français. Outre la légèreté avec laquelle les contrats ont été signés avec les laboratoires - une clause exemptait par exemple de toute responsabilité ceux-ci en cas d'accident, l'Etat devenant seul garant des conséquences...- le ministère de la Santé a accepté de commander ferme! - un nombre disproportionné de vaccins et s'est retrouvé ensuite à les brader. Une surestimation du risque due à qui ? Cette fois-ci à notre très hexagonal système d'expertise qui lui aussi en prend pour son grade : « modélisation des problématiques sanitaires inadaptée » et surtout « soupçon » dans l'opinion des « liens d'intérêts de la majorité des experts avec l'industrie pharmaceutique ».

Même si les sénateurs avouent ne pas avoir découvert lors de leur enquête la preuve d'un tel soupçon, cela ne les empêche pas de proposer la création d' un fichier national public des contrats qui lient les labos aux médecins. On ne peut être plus clair. Et il y a urgence à suivre la recommandation si on veut recrédibiliser notre politique de santé publique.

Jacques Guyon
Editorial - Charente Libre
06/08/2010

Correspondance Polémia – 07/08/2010

Image : Roselyne Bachelot

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