Famille et tribu

mardi 1 septembre 2009

Comme l’avaient vu Herbert Spencer ou Werner Sombart, toute société humaine oscille entre la priorité donnée à la vie économique ou à la vie militaire. Le fait que le militaire domine n’engendre pas nécessairement la guerre. Sparte était moins aventureuse qu’Athènes en la matière. Ce sont des civils qui ont poussé à la deuxième guerre mondiale et non les militaires de carrière soucieux de préserver l’instrument militaire. Dans le cas du 3ème Reich, c’est le haut état-major militaire qui s’opposa le plus aux projets aventureux d’Hitler d’où des remaniements successifs dans la haute hiérarchie militaire.

La prédominance de l’économie ou de l’armée a par contre des répercussions importantes sur l’éthique sociale dans son ensemble ou dans l’équilibre entre l’élément masculin et l’élément féminin. La prédominance de l’économie se traduit par la prédominance de la femme dans la famille, comme le montre le modèle américain. La prédominance de la femme entraîne une prédominance de la logique de la famille sur la logique de la tribu, et entraîne un affaiblissement du lien social au profit de l’individualisme.

Il semble en effet, selon les travaux des éthologues (science du comportement) que les hommes établissent des liens d’amitiés non sexuels qui sont nécessaire pour chasser de façon efficace et donc en petits groupes masculins. Les hommes, lorsque les femmes leur en donnent la liberté, se regroupent volontiers en groupes masculins pour faire du sport, de la politique, de la religion ou de la philosophie (l’église comme la maçonnerie sont des sociétés à dominante masculine) ou d’autres activités analogues. Les femmes mettent la priorité sur la famille et non sur la tribu. Dans une société totalement militarisée, l’homme domine le système social, y compris familial (patriarcat). Dans une société vouée de façon unidimensionnelle à l’économie, c’est la femme qui est dominante car c’est le comportement de consommation qui est la « cause finale » de toute activité professionnelle. C’est le cas dans l’Occident actuel.

Il semble qu’une société équilibrée doit éviter la domination totale d’un sexe comme de l’autre, ce qui signifie dans notre société actuelle, qu’il faudrait revaloriser la fonction militaire. L’indifférence sur l’avenir de la tribu, propre à une société totalement centrée sur la famille, pèse sur l’avenir collectif : affaiblissement démographique, immigration envahissante, disparition de l’esprit de défense menacent la survie collective sans que l’opinion publique de la société marchande, dominée par l’élément féminin de façon trop exclusive, ne s’émeuve.

Le déclin des formes sociales plus masculines, église, armée, syndicats, partis, clubs, est concomitant d’un individualisme exacerbé, propre à une « société de consommation » dominée par l’élément féminin. La femme, toujours selon les éthologues, est moins portée à la formation de liens sociaux du type de la « bande d’amis » car elles n’ont pas été particulièrement programmées par l’évolution pour la chasse collective mais plutôt pour la cueillette individuelle. Les rivalités individuelles sont beaucoup plus affirmées dans une société féminisée où la solidarité masculine est en déclin avancé.

Les formes extrêmes de société, militarisation et masculinisation totale (fascisme et communisme), marchandisation et féminisation totale (Occident anglo-saxon libéral ou social-démocrate) semblent être moins bien adaptée à la survie à long terme du corps social. Elles se traduisent aussi par des coûts psychologiques importants, l’insatisfaction touchant d’ailleurs les deux sexes, de façon plus ou moins accentuée.

Il est difficile de rétablir un équilibre une fois qu’il a été rompu. Les sociétés militaires sombrent dans la défaite militaire ou dans l’implosion provoquée par l’inefficacité économique ou à l’inverse par l’effet du luxe sur les mœurs. Les sociétés de consommation, centrées exclusivement sur l’économie, peuvent sombrer par déclin économique (mauvaise gestion des équilibres à long terme provoqué par la prédominance des managers sur les « vrais » propriétaires) ou par dissolution du corps social.

L’exemple de la Suisse montre à travers l’initiative populaire sur la suppression de l’armée (2001) que celle-ci n’a pas qu’une fonction étroite, fonctionnelle, de défense. En Suisse, une très grande majorité des citoyens s’est prononcée, femmes et hommes, pour le maintien de l’obligation militaire qui ne touche que les hommes. Ces derniers voient dans les tranches annuelles de périodes militaires tout au long de la vie, des périodes de sport et de camaraderie ressenties comme un enrichissement. Les femmes elles-mêmes ne se sont pas opposées à cette vision. La démocratie a des fondements historiques indiscutablement militaires. L’équilibre entre l’armée et l’économie caractérise les régimes démocratiques alors que les sociétés marchandes sont en réalité non démocratiques mais oligarchiques.

Il est de l’intérêt de tous qu’un équilibre soit rétabli entre l’armée et l’économie, entre la tribu (la nation) et la famille, entre le monde masculin et le monde féminin. Cela passe par l’abandon de l’armée de métier, propre aux sociétés marchandes anglo-saxonne et par une revalorisation matérielle mais surtout psychologique de la fonction militaire.

Yvan Blot
26/08/2009

Correspondance Polémia
01/09/2009

Image : Artemis
 

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