La diabolisation de Benoît XVI : la tyrannie médiatique à l'oeuvre (édito 04/09)

jeudi 26 mars 2009

Amalgame, désinformation, insinuations malveillantes, répétition et orchestration des commentaires : la diabolisation du pape au moyen de la sidération médiatique est stupéfiante. Cette « médiabolisation » est d’autant plus forte qu’elle vient de loin.

Explications.


1/ D’abord, le cardinal Ratzinger n’était pas le candidat pape préféré de la classe médiatique. Instinctivement les faiseurs d’opinion se méfiaient de cet intellectuel et théologien brillant, attaché aux traditions. D’ailleurs le cardinal Ratzinger ne devint pape que parce qu’il prit rapidement la ferme décision de fermer aux médias l’accès aux assemblées préconciliaires, pour permettre aux évêques et aux cardinaux de préparer leur choix à l’abri (et à l’insu) du tumulte médiatique.
(voy. « L'Eglise entre immédiateté et éternité »
http://www.polemia.com/article.php?id=1044

2/ Le grand discours de Ratisbonne fut le deuxième point d’ « accrochage » du pape par la classe médiatique. En affirmant le rôle de la raison, le Saint-Père s’inscrivait en rupture avec un magistère purement émotionnel et par là même soumis à l’air du temps. Surtout, à Ratisbonne le pape s’est inscrit clairement dans l’helléno-christianisme en affirmant : « Est-ce seulement grec, de penser qu’agir contre la raison est en contradiction avec la nature de Dieu, ou est-ce une vérité de toujours et en soi ? Je pense qu’en cet endroit devient visible l’accord profond entre ce qui est grec, au meilleur sens du terme, et la foi en Dieu fondée sur la Bible. » En réaffirmant le rôle de la raison, en refusant la « déshellénisation », Benoît XVI s’inscrivait aussi dans la grande tradition européenne qui distingue profondément le christianisme des autres religions du livre.

En septembre 2006, à Ratisbonne, Benoît XVI souligna aussi, et sans concession inutile, l’opposition entre l’Occident et le monde musulman, entre l’islam et le christianisme : un discours qui lui valut l’hostilité de nombreux musulmans, bien sûr, mais aussi des « Turcs de profession » et, plus largement, du lobby « antiraciste » ainsi que des adversaires de l’hellénisme.
http://www.la-croix.com/documents/doc.jsp?docId=2280670&rubId=1306

3/ La levée des excommunications des évêques lefebvristes fut une nouvelle occasion de diaboliser le pape en lui reprochant cette fois les propos de Monseigneur Williamson sur la seconde guerre mondiale, propos qui pourtant ne relevaient pas du magistère de l’Eglise catholique et qui étaient sans rapport avec l’excommunication ou la levée de l’excommunication de cet évêque britannique (voy. « L’étrange affaire Williamson » :
http://www.polemia.com/article.php?id=1862

En fait, par delà le prétexte choisi, le tollé contre la levée des excommunications s’explique doublement :

– par le rejet par l’hyperclasse mondiale de la tradition européenne et chrétienne ;
– par l’attachement des autorités et des institutions juives à Vatican II, à ses suites et à ses interprétations progressistes, s’agissant notamment du rapprochement des positions de l’Eglise catholique de celles du judaïsme.

4/ Le maintien d’une ligne rigoureuse de respect de la vie contre l’avortement et l’euthanasie suscite aussi des positions hostiles au pape. Car, même si sur ce plan Benoît XVI n’innove pas par rapport à Jean-Paul II, le débat s’est durci. Dans de nombreux pays de nouvelles lois visent à allonger les délais d’avortement et à remettre en cause la cellule familiale (l’union durable d’un homme et d’une femme avec leurs enfants). En s’opposant à ces dérives le pape se heurte aux groupes philosophiques, souvent maçonniques, qui y sont favorables et aux activistes du féminisme et des minorités sexuelles.

5/ Le dernier épisode de diabolisation du pape est lié à ses déclarations sur le sida lors de son voyage en Afrique, déclaration qu’il convient ici de rappeler :
« On ne peut vaincre ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut résoudre ce fléau en distribuant des préservatifs ; au contraire, cela risque d’augmenter le problème. On ne peut trouver la solution que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui implique une nouvelle façon de se comporter l’un envers l’autre ; et le second, une amitié vraie, surtout envers ceux qui souffrent. »

Qu’un pape préconise la chasteté et la fidélité devrait paraître normal : sa mission est de rappeler les règles de la morale naturelle. Mais c’est justement cela qui lui est reproché au nom de la rupture avec les traditions et de la volonté de promouvoir une société purement individualiste reposant sur le principe de la jouissance sans entraves et sans règles.

C’est pour cela qu’avec ses propos le pape s’est aliéné les puissants lobbys –notamment homosexuels – qui militent pour la mise au ban de toutes les visions traditionnelles de la société.

6/ Globalement, de nombreuses forces se sont donc successivement conjuguées pour diaboliser le pape : la classe médiatique, des cercles islamiques, le lobby « antiraciste », les principales institutions juives, de nombreuses sociétés de pensée maçonniques et les groupes de pression homosexuels. Cela fait évidemment beaucoup !

Dans ces conditions il n’est pas surprenant que l’image du pape ait été abîmée. Au motif que Benoît XVI refusait d’inscrire ses actes et ses paroles dans le courant dominant des quarante dernières années certains ont parlé d’ « autisme ». Et beaucoup parmi les plus frileux des catholiques se sont désolidarisés du chef de l’Eglise pour mieux hurler avec les loups. Ceci ne doit pas surprendre, c’est le résultat normal d’une campagne de diabolisation : la tyrannie médiatique est si puissante qu’elle s’impose inévitablement aux esprits les moins formés intellectuellement et moralement (voy. « La tyrannie médiatique » :
http://www.polemia.com/article.php?id=1729

Sans doute le pape aurait-il pu éviter tous ces soucis en se contentant de se promener en papamobile et de prononcer des discours à l’eau de rose. Mais aurait-il rempli sa mission ?

Contrairement à ce qui est parfois affirmé, la diabolisation d’un homme ou d’une cause est rarement la conséquence de maladresses ; c’est plutôt le prix à payer pour la clairvoyance ou le courage. Ceux qui se taisent et se soumettent à l’air du temps et à l’opinion des puissants du moment ne risquent pas d’être diabolisés. Ceux qui font face, si ! Mais ce sont les hommes debout qui laissent une trace dans l’histoire.

Polémia
26/03/09
 

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