La crise financière et économique : les économistes s'opposent

dimanche 22 février 2009



La crise, la crise, la crise ! Il n’y a pas de jour où, dans la presse, un spécialiste de l’économie ne s’exprime en accablant les lecteurs d’explications qui se veulent définitives sur ses causes, ses coupables, ses effets et rarement les recettes qui devraient permettre aux chefs d’Etat d’éviter le pire et d’en sortir.
La querelle, entre libéraux, ultra-libéraux, néo-libéraux ou libertariens d’une part, et les interventionnistes d’autre part, ne date pas d’hier . Sans remonter à la nuit des temps, on peut dire que les deux écoles s’affrontent depuis le XVIIIe siècle qui a vu naître Adam Smith et Turgot qui se sont engagés contre l’absolutisme. Depuis, ces deux économistes, tout comme les interventionnistes, ont eu de nombreux successeurs qui au fil des années ont fourni aux Etats des modes de gouvernance. Ces Etats, à quelques exceptions près, ont assez souvent trouvé un modus vivendi, puisant dans chacune des doctrines ce qui leur permettait de vivre au mieux en satisfaisant leurs options politiques, avec néanmoins une sérieuse rupture en 1929.
La gravité de la crise financière et économique actuelle attise les tensions, et les désaccords entre Etats s’instaurent. Moins de globalisation ? Moins de libre-échange ? Une régulation du capital (laquelle ? on ne sait pas) ? Chacun voit midi à sa porte et c’est alors que surgit le « chacun pour soi », avec des plans de relance très personnalisés et inhabituels sous le régime de la mondialisation. Chacun s’en défend, mais ces plans de relance sentent souvent très fort le protectionnisme, véritable péché mortel pour le G20 – on l’a vu lors de la réunion du 15 novembre 2008 à Washington : « Le protectionnisme : voilà l’ennemi », avaient entonné tous en chœur les membres du sommet.
Polémia a pensé intéressant de rapprocher deux textes opposés. Le premier est signé de Laurent Pinsolle, économiste semi-libéral tendance gaulliste des années 1970 – une France forte au sein d’une Europe indépendante. Le second est la transcription d’une conférence donnée à Paris par Vaclav Klaus, président de la République tchèque, eurosceptique convaincu, qui ne croit pas à la régulation du capital et encore moins à son contrôle, et qui rejette toute intervention de l’Etat, y compris dans la rémunération des banquiers dirigeants de groupes privés (*).
Le lecteur en tirera sa propre religion.
Polémia



La crise de l’anarchie néolibérale

La crise actuelle n’est pas seulement la conséquence des excès des subprimes ou du comportement individuel de quelques traders. Elle est la conséquence directe des excès de la déréglementation.

Aux racines du mal : une triple déréglementation

À partir des années 70, les structures économiques relativement rigides issues de l’après-guerre ont été démantelées par les tenants d’une liberté économique sans limites. Ils sont parvenus à mettre en place une triple déréglementation, monétaire, commerciale et financière, liée par l’idéologie et des intérêts croisés. La libéralisation financière pousse ainsi celle du commerce puisque les multinationales qui investissent à l’étranger cherchent ensuite à exporter. La libéralisation monétaire pousse la libéralisation financière pour permettre aux entreprises de se couvrir contres les évolutions erratiques du cours des monnaies.

On oublie aujourd’hui le rôle fondamental de la fin de la convertibilité du dollar en 1971, qui a accéléré la financiarisation de l’économie (le marché des devises est le premier au monde). Puis, les accords commerciaux se sont multipliés pour démanteler les barrières douanières et assurer une circulation la plus libre possible des biens. Enfin, les années 80 ont vu une accélération de la déréglementation financière jusqu’à ce que les échanges financiers soient 50 fois plus importants que ceux de marchandises.

Les trois conséquences de la déréglementation

La déréglementation a eu trois conséquences. La première a été un gonflement incontrôlé de l’endettement (des ménages et des Etats,), permis par le manque d’encadrement des pratiques financières. Les institutions financières peuvent créer toujours plus de monnaie par rapport à leurs capitaux, que ce soit par l’effet de levier, qui permet de prêter ou placer davantage que ce qui est autorisé (par le hors bilan) ou la titrisation (qui permet de sortir le risque du bilan). Les excès de cette libéralisation sont particulièrement bien illustrés par les excès du marché de l’immobilier subprimes aux Etats-Unis, que Paul Jorion décrit si bien.

La deuxième conséquence est une amplification radicale du caractère cyclique de nos économies et la multiplication des crises. Nous vivons dans un monde économique de plus en plus instable : krach boursier en 1987, crise économique du début des années 90 (conséquence d’une bulle immobilière), crise asiatique de 1997, bulle Internet de 2001, subprimes en 2007. Et du fait de la libéralisation, la contagion est plus rapide et les crises sont plus violentes. Le repli de la régulation laisse mieux apparaître le caractère exagérément cyclique du marché, exubérant à la hausse comme à la baisse.

La troisième conséquence est une hausse des inégalités. Le libre-échange non régulé des pays développés avec les pays émergents provoque une déflation salariale et une hausse du chômage. Le système actuel ne profite au mieux qu’à 10% de la population. Et la hausse des inégalités se retrouve également dans la soumission accrue des entreprises au diktat du marché. Enfin, cette inégalité transparaît dans le rapport entre les entreprises et les citoyens puisque les premières s’accaparent une part toujours plus grande de la richesse au détriment des salaires, preuve que déréglementation ne rime pas forcément avec concurrence.

Pire, les trois conséquences de la déréglementation se renforcent entre elles. En effet, c’est bien la hausse des inégalités aux Etats-Unis qui a provoqué la catastrophe des subprimes puisque les ménages modestes ont compensé par l’emprunt la baisse de leur pouvoir d’achat à cause à la déréglementation financière. Et c’est la déréglementation monétaire et financière qui pousse les pays d’Asie à engranger des excédents colossaux pour se protéger des marchés, créant d’énormes déséquilibres financiers mondiaux.

Une guerre sémantique et philosophique

De manière intéressante, les tenants du système ont gagné une partie de la bataille en parvenant à qualifier la destruction de la réglementation économique issue de l’après-guerre des beaux noms de mondialisation, globalisation ou déréglementation. En effet, comment être contre ces termes, porteurs de valeurs positives ? Notre combat idéologique passera également par les mots et il nous revient de qualifier ce qu’est vraiment cette évolution de ce capitalisme sauvage : la loi de la jungle, la loi du plus fort ou l’anarchie néolibérale.

Pire, certains ont réussi à faire passer ce retour en arrière pour moderne. Il s’agit d’une arnaque incroyable tant cette idéologie tend à revenir au capitalisme sauvage du tournant du siècle, celui d’avant les grandes conquêtes sociales. En quelque sorte, pour reprendre Paul Jorion, il s’agit d’une volonté de retour du capitalisme à l’état de nature, d’un déni de tout ce qui fait l’humanité, l’abandon du processus de civilisation où le bien commun et la solidarité l’emportent sur les calculs égoïstes individuels.

Quelques économistes darwiniens ont vendu l’idée que la somme des égoïsmes correspond à l’intérêt général et qu’une main invisible bienveillante veille sur le marché pour promouvoir le « laissez faire » et le « laissez passer ». La crise leur fait perdre une bataille, mais ils n’ont pas encore perdu la guerre…

Laurent Pinsolle
10/02/09
gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/

voir par Laurent Pinsolle : Remettre de l’ordre dans le commerce par le protectionnisme
 http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=51605



L'Europe, l’écologie et la crise économique actuelle: un point de vue non conformiste

Je voudrais, tout d'abord, exprimer mes sincères remerciements pour m'avoir donné l'occasion de me retrouver ce matin dans cette ville magnifique et de pouvoir m'adresser à un public aussi éminent. Il ne s’agit pas seulement ici de faire les déclarations convenues de courtoisie ou de politesse propres à des occasions de ce genre ; c’est autre chose.
Depuis la chute du communisme, j'ai fait, en près de vingt ans, des centaines de discours et de conférences presque partout dans le monde. Mais ici, pas trop : si je ne me trompe, ma dernière intervention à Paris date de juillet 2003 ; je l’avais faite à quelques rues d’ici, à l'Automobile Club, place de la Concorde.
Ma femme prétend que c'est parce que je ne parle pas français. Peut-être que c’est le cas, mais cela pourrait aussi tenir au fait que je choisis des mauvais sujets  pour parler, et que mes opinions personnelles sont politiquement incorrectes.
C'est certainement le cas lorsque je parle de l'Europe et l'Union européenne et, surtout, lorsque je critique l'idéologie qui domine aujourd’hui l’Europe et que j'appelle l’« européisme ».
Je crains bien que ce « conglomérat d'idées » hétérogène et bricolé, jamais présenté, élaboré, analysé ni défendu avec cohérence, n’ait pris, au cours des dernières années, une puissance énorme et qu'il n’influence notre pensée, nos politiques et notre mode de vie plus encore que nous n’en avons conscience.
Tels que je les envisage, les aspects principaux de l’européisme peuvent se résumer de la manière suivante :

– La croyance en l’ économie sociale de marché, et la diabolisation du libéralisme ;

– La confiance affichée envers la société civile, les ONG, le dialogue social, le corporatisme, aux dépens de la démocratie parlementaire classique ;

– Les entreprises de constructivisme social  inspirés par la méfiance envers l'évolution spontanée de la société humaine ;

– L’indifférence envers les État-nations et une croyance aveugle en l'internationalisme ;

– La promotion du modèle supra-nationaliste d’intégration européenne,  au détriment de son modèle intergouvernemental.

Quiconque a suivi le discours français en politique, philosophie, économie ou sociologie sait que ma position (c’est-à-dire mon désaccord profond avec la doctrine susdite) va directement à l’encontre des opinions politiquement correctes en France et, ce qui est probablement plus grave encore, des conceptions de l’intelligentsia française enracinées depuis des siècles.

Quelle que soit mon affection pour la France, pour moi ce pays est davantage celui de Colbert que celui de Bastiat, de Fourier et Saint-Simon plutôt que de Jean-Baptiste Say et de Turgot, et de Sartre plutôt que de Raymond Aron.

Ce n’est donc pas une surprise si on ne m’invite pas régulièrement à venir prendre la parole ici.

Malgré toutes les autres  questions d'actualité, la question de l'Europe et de son avenir me hante depuis la chute du communisme.

Cela ne devrait pas surprendre : l’affaiblissement constant de la démocratie et de la liberté d’échanger sur le continent européen, lié au processus d'unification européenne, est un phénomène inquiétant, surtout pour qui a passé la plus grande partie de sa vie sous l’autoritarisme et l’oppression extrêmes d’un régime communiste. 

Je considère, par conséquent, la marche vers une union toujours plus étroite (qui est l'un des principes essentiels de l’européisme) comme un projet mal inspiré. 

Cette ambition était la pierre angulaire de la Constitution européenne et demeure sans changement de fond dans sa nouvelle version, le traité de Lisbonne.

Le passage progressif de la libéralisation et de la suppression de toutes sortes d'entraves à l’imposition massive par en haut de la réglementation et de l’uniformisation, un système redistributif toujours plus étendu et dépensier, les formes imaginatives, toujours plus compliquées du protectionnisme, l’augmentation continue des fardeaux législatifs et réglementaires qui pèsent sur les entreprises, les pseudo-politiques de concurrence qui sabotent les marchés, les institutions de la monnaie unique, tout cela n’est que trop réel.

Cela affaiblit et entrave la liberté, la démocratie et la responsabilité politique, pour ne pas parler de l’efficacité économique, de l'esprit d'entreprise et de la compétitivité.

Le slogan de la présidence tchèque de l'Union européenne, « L'Europe sans barrières », tente de remettre à l'ordre du jour les ambitions initiales de l'intégration européenne : la libéralisation, l'ouverture, la suppression des entraves et du protectionnisme.

Et à juste titre, parce que c’est plus que nécessaire. Si je ne cesse d’en parler, c’est parce que je me soucie vraiment de l'Europe. Pour moi et pour mon pays, il n’y a jamais eu d’autre solution que l'adhésion à l'Union européenne, mais dire cela n'implique pas que nous soyons disposés à avaler le dogme comme quoi la forme et les méthodes des institutions de l'Union européenne seraient les seules possibles. N’en tenir qu’une seule pour sacro-sainte, comme la seule autorisée et politiquement correcte, est inacceptable.

Le droit du peuple de choisir  entre dire « oui » ou « non » à la Constitution européenne et autre traité de Lisbonne, ou à tout autre document, devrait être tenu pour sacré.

C’est ce droit-là qui constitue la véritable substance (et le sens) de l'Europe.

Les attaques contre ceux qui osent dire « non » aux tentatives faites pour accélérer l'approfondissement de l'Union européenne, lesquelles constituent l'essence et le but du traité de Lisbonne, sont autant d’attaques contre la nature véritable de l'Europe.

Cela étant dit, permettez-moi d'aborder deux autres questions que je considère importantes :

Je vois un autre problème énorme dans l’écologisme et dans sa forme actuelle la plus agressive – l’hystérie autour du réchauffement de la planète. Cette idéologie est progressivement devenue l’un des chevaux de Troie les plus efficaces pour pousser à une intervention de l’état toujours accrue dans tous les domaines de la vie, de même que pour étouffer la liberté humaine  et la prospérité économique.

Je suis frustré de voir  que cette idéologie-là n'ait pas assez été mise en cause tant par les climatologues que par d’autres. On entend tout le temps une propagande unilatérale, et pas les arguments sérieux qui s’y opposent. 

Il est tout aussi évident que ce débat-là doit aller au-delà de la seule climatologie.

Nous ne devons pas accepter la division des êtres humains entre les climatologues et nous autres, ignorants et plutôt naïfs. Le débat sur le réchauffement de la planète est une question complexe et la climatologie n’en représente seulement qu’une partie.

Et dans ce débat, il y a un rôle particulier pour la profession des économistes, parce que nous, nous avons mis sur pied une branche de notre science qu’on appelle la « théorie économique du réchauffement » .

Les économistes doivent se faire entendre, prouver que les ressources ne sont pas épuisables, y compris l’énergie, à condition qu'on les utilise rationnellement, ce qui veut dire avec des prix non faussés et des droits de propriété correctement définis.

Ils doivent publier des études complètes sur les coûts et les avantages  des mesures et politiques « vertes »  qu’on veut nous imposer aujourd’hui.

Ils doivent rendre accessibles, même aux non spécialistes, nos arguments sur la relation complexe entre les divers horizons de prévision (que la théorie économique traite sous le nom d'actualisation).

Ils doivent ramener au raisonnement économique élémentaire sur l’évitement rationnel du risque (ce qui contribuerait à discréditer le principe de précaution, principe indéfini d’aveuglement volontaire, dont se servent les écologistes), et remettre en avant le rôle positif des marchés, des prix et des droits de propriété et sur les conséquences tragiques de la nuisance étatique qui naîtra inévitablement de prétentions telles que contrôler le climat de la planète.

La troisième question que je souhaiterais mentionner ici aujourd'hui, est l'actuelle crise financière et économique.

Je viens à peine de passer trois jours entiers sur ce sujet lors du Forum économique mondial à Davos, et mon impression est qu’on empêche de s’exprimer la rationalité et la science économique, ou qu’on les a perdues de vue.

Cette crise économique très déplaisante, qui s’approfondit de jour en jour, il faudrait reconnaître qu’elle est un phénomène économique banal, en tant que conséquence inévitable d’une longue manipulation du marché par les hommes politiques et donc comme un « juste » prix à payer. Les tentatives de ces derniers pour faire porter le chapeau au marché, au lieu de le porter eux-mêmes, sont inacceptables et on doit les rejeter résolument.

Leurs activités visant à « réformer » le système économique, sont tous extrêmement contestables et, comme je l’ai dit à Davos, ces réformes commencent à me faire plus peur que la crise elle-même.

Pour trouver les moyens d’en sortir, il faut - pour utiliser une analogie - distinguer strictement la lutte contre l'incendie de la mise au point d’une législation préventive contre l'incendie. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est se concentrer sur la première tâche, la seconde peut s’exécuter progressivement, sans précipitation ni panique. Accroître massivement le champ de la réglementation financière, comme on se propose de le faire aujourd’hui, ne fera que prolonger la récession.

La demande globale a besoin d’être soutenue. Une manière traditionnelle de le faire est d’accroître les dépenses publiques, principalement sur des projets d'infrastructure, à la condition qu’il y en ait de disponibles. Il serait pourtant beaucoup plus efficace d’entreprendre une réduction radicale de toutes sortes d’entraves aux initiatives privées imposées depuis un demi-siècle, pendant l’ère du « Meilleur des mondes » de l’« économie sociale et écologique de marché ».

La meilleure chose à faire tout de suite  serait d’atténuer temporairement, voire définitivement, différentes « normes » sociales, de travail, d’environnement, de santé et autres, car c’est elles, plus que toute autre chose, qui bloquent l'activité des hommes. Lorsqu’il y a 20 ans le communisme tombait, je n’aurais jamais pensé subir un degré d'ingérence dans ma propre existence  tel que je le subis aujourd’hui.

C’est pourquoi je suis persuadé  que la lutte pour la liberté de vivre et d’échanger demeure totalement d’actualité.

Certains d'entre nous pouvons être trop sensibles à cet égard, mais je suis sûr qu'il ne s’agit pas – en principe – d’un excès de sensibilité de notre part. Ce dont il s’agit, ce sont les dangers réels que nous voyons autour de nous. C’est de certains d’entre eux que j'ai tenté  de parler ce matin.

Vaclav Klaus 
11/02/09
http://docs.google.com/Edit?id=dc2m8p62_40cbv2qncf
http://www.vaclavklaus.cz/klaus2/asp/clanek.asp?id=pwMGFzzPU1MJ

Série de conférences en politique étrangère,
Foreign Policy France,
Restaurant Ledoyen, Paris

Correspondance Polémia, 22/02/09

Note :
(*) Extraits de l’interview de Vaclav Klaus par François de Labarre,  « Paris-Match »,
13 février 2009 :
http://docs.google.com/Doc?id=dc2m8p62_4254w78fg3

« En tant qu’économiste, que pensez-vous du G20?
Là, il ne s’agit pas seulement d’Europe, puisque les Etats-Unis appellent eux aussi à une régulation du capitalisme. La tentation de « réguler » revient à chaque crise économique. Au sommet de Davos, après avoir écouté les propositions des uns et des autres, j’ai dit que j’avais davantage peur des réformes que de la crise ! La crise est un phénomène économique avec sa propre dynamique interne. Ce serait une erreur de vouloir changer le monde pour en sortir. (…)
«Ne jugez-vous pas, comme l’a proposé M. Sarkozy la semaine dernière, qu’il faille, par exemple, davantage contrôler les institutions financières et les hedge funds ?
La question n’est pas plus ou moins de contrôle, mais quel contrôle ? Pendant des décennies, les économistes se sont penchés sur le sujet, sans avoir jamais trouvé la bonne réponse. Je ne crois pas qu’on découvrira la solution en organisant un sommet avec vingt chefs d’Etat. Pensez-vous que vingt chefs d’Etat réunis jusqu’à 3 heures du matin puissent découvrir soudain quelle réponse apporter à la régulation des marchés ? C’est ridicule. Personne ne peut prendre cela au sérieux. (…)
« Le fait est que certains dirigeants de banque ont continué de toucher des sommes colossales quand leurs banques faisaient faillite…
Les salaires de ces patrons me paraissent irrationnels. Néanmoins, je ne suis pas propriétaire de leurs banques et elles ne sont la propriété d’aucun Etat. Je ne vois pas en quoi l’Etat devrait décider de leur niveau de salaire. »

 

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