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2017 ou la chronique annoncée d’un mauvais remake présidentiel

2017 ou la chronique annoncée d’un mauvais remake présidentiel

Michel Geoffroy, essayiste.

♦ On croyait en être débarrassés car on ne les entendait plus. Car ni la catastrophe migratoire, ni les attentats islamistes, ni les viols de Cologne, ni la commémoration sacrilège de Verdun, ni les violences de l’extrême gauche ne les avaient fait sortir de leur léthargie.

Mais, ô miracle, voici que la perspective électorale de 2017 réveille nos politiciens de leur dormition. Car seules les élections réveillent les morts-vivants, c’est bien connu. Ceux-ci se préparent donc activement à nous jouer en 2017 un grand remake : celui de 2012.

Mais, en politique comme au cinéma, les remakes sont, la plupart du temps, mauvais.
Passons donc en revue les acteurs de ce désastre annoncé.


Flamby le retour

Tout d’abord voici François Hollande qui prépare sa nouvelle candidature. De gôche évidemment.

François Hollande : "A bientôt".

François Hollande : “A bientôt” ?

C’est normal puisque grâce à Flamby « la France va mieux » : les Français ne s’en rendent pas compte mais peu importe, car en post-démocratie la décision appartient aux minorités. Et cela, Flamby le sait très bien. La Fondation Terra Nova le lui a dit.

Le président sortant a réussi, en outre, à marginaliser tous ses challengers potentiels à gauche, y compris ce pauvre Macron qui vient malencontreusement de se prendre les pieds dans l’ISF.

Flamby se prépare aussi à remobiliser l’électorat musulman en sa faveur, notamment grâce aux initiatives, médiatisées comme il faut, de sa ministre de l’Education nationale. Et il soigne son électorat fonctionnaire.

On ne change pas les équipes qui gagnent.

Le renfort des commedianti

Même Martinez, le secrétaire général de la CGT, se met à sa manière au service de Flamby. Avec son look de Gérard Jugnot gaulois, il tente en effet

Philippe Martinez alias Gérard Jugnot

Philippe Martinez alias Gérard Jugnot

de remobiliser le peuple de gauche à grand renfort de grèves et de manifs, afin d’éviter le retour de la mésaventure des dernières régionales : quand l’électorat populaire s’est porté en masse sur les candidats du Front national

Il y a, bien sûr, le Mélanchon de service qui, comme la fois dernière, prétendra incarner, avec sa gouaille

Jean-Luc Mélenchon, l'outsider

Jean-Luc Mélenchon, l’outsider

populacière, la vraie gauche contre Flamby. Mais tout le monde sait que ce tragediante des plateaux télévisés est un commediante électoral : au second tour il rentrera dans le rang « pour faire barrage à l’extrême droite ». Il faut savoir finir une dissidence.

Laurel et Hardy Républicains

Là où les médias de propagande persistent, contre l’évidence, à voir une droite opposée à une gauche, nous avons déjà en piste au moins deux autres acteurs-candidats : Alain Juppé et Nicolas Sarkozy pour Les Républicains. Deux chevaux de retour également. Deux artistes à leur manière.

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, les Laurel et Hardy de la politique

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, les Laurel et Hardy de la politique

Comme dans les garde à vue il y a le bon et le méchant, pour ratisser large. Alain et Nicolas, les Laurel et Hardy (1) de la politique. Le gaucher et le droitier, cela aurait pu être le titre d’un western spaghetti.

Stan-Alain-le gaucher joue très bien le rôle du bon et c’est pourquoi il est poussé par les médias. Pas trop « à droite », pas de solutions trop brutales mais techniques, libéral et atlantiste mais comme il faut, de l’autorité mais pas trop (2). Dormez, brave gens !

The Artist

Oliver-Sarkozy-le droitier, lui, aime prendre la pose de la brute : comme tous les grands artistes il joue toujours le même personnage. Et il a le don de prononcer les mots qu’il faut : hier « identité nationale », aujourd’hui « réveil de la nation » et refus de la « loi des minorités ». Bravo l’artiste !

Mais Oliver-le joueur de flûte commence à lasser son public. Candidat il nous casse les oreilles mais, une fois élu, il met vite la sourdine. La flûte n’est qu’un pipeau.

Les Cauchon et les utilités

N’oublions pas non plus les candidats « souverainistes » de tous bords, toujours fidèles au rendez-vous électoral.

Ils nous expliquent toujours que la France est au bord du gouffre mais, comme l’ami Mélanchon, au second tour ils s’empressent de rallier ceux qui sont… responsables du désastre ! Ils aiment bien invoquer Jeanne d’Arc mais ils préfèrent nettement jouer les Cauchon.

N’oublions pas enfin ceux qui jouent les utilités ou qui jouent placé dans l’espoir d’un portefeuille ministériel : les éternels candidats centristes et écolos qui nous permettront en 2017 de nous sentir encore moins dépaysés.

Le diable s’habille en Bleu Marine

Comme dans toutes les intrigues cinématographiques il y a enfin les méchants. Le remake de 2017 n’échappera pas à la règle.

Marine Le Pen, la succube en bleu marine

Marine Le Pen, le succube en bleu marine

Conformément aux lois du politiquement correct, le méchant ne sera ni un black ni un musulman mais une blonde : la présidente du Front national, objet d’exécration de tous les partis puisqu’elle est la seule à progresser. Le diable en 2017 ne s’habillera pas en Prada mais en Bleu Marine. Pas question donc de s’allier avec lui au second tour.

Tous les autres candidats se préparent donc – la main dans la main puisqu’ils incarnent le camp du Bien – à combattre l’outsider diabolique, la fille de son Père. On a les priorités que l’on peut.

2017 : Le Pen Saison 2, comme on dit dans les assommantes séries télévisées made in USA.

Chronique d’un désastre annoncé ?

Unité de lieu, unité des personnages, unité de temps : tous les ingrédients du drame français classique sont donc en place pour 2017 et l’on se doute déjà, comme dans les tragédies, du dénouement électoral final. Le film de 2017 promet d’être encore plus mauvais qu’en 2012.

A moins que les spectateurs-électeurs ne décident de changer, enfin, le scénario.

Michel Geoffroy
9/06/2016

Notes :

  1. Pour les moins de 20 ans Stan Laurel et Oliver Hardy constituaient un duo célèbre d’acteurs comiques du cinéma américain, d’abord muet à la fin des années 1920, puis parlant.
  2. Juppé, Pour un Etat fort, 2016.

Correspondance Polémia – 11/06/2016

Image : Pour qui le tapis rouge ?

 

 

 

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